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La maison d’Antoine : enquête sur une ancienne carte postale

Le vendredi 17 mars 2023, par Michel Guironnet

« La X indique la maison d’Antoine, mais comme la vue est prise l’hiver, on ne se rend pas compte de la belle terrasse en platane qui est au bord du Rhône »

Cette indication portée sur la vue du remorqueur à vapeur "Le Simplon", au recto d’une carte postale ancienne envoyée en 1916, est le départ de cette enquête. Nous allons partager les joies et les malheurs de deux familles d’industriels au début du siècle dernier.

La carte postale

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Collection personnelle de l’auteur

Carte postée de Condrieu le 11 juin 1916 et adressée à « Madame Marcel Donat Corbelin Isère »

« Condrieu 11 juin 1916 Ma chère Emilie,
Je viens te remercier de la bonne journée que nous avons passé vers toi. Notre tram a fait diligence aussi nous sommes bien arrivés pour prendre le train, et à 10h ½, nous étions à la maison, enchantés de notre escapade. Depuis vendredi nous sommes à Condrieu, mais pas favorisé par le temps, nous avons projeté pour demain une longue promenade qui je le crains tombera dans l’eau. »

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Bises à tous !
La suite du texte de la carte est écrite à 90 degrés sur celui du début !

« Maman et Marie se joignent à moi pour t’embrasser de tout cœur, ainsi que Suzon, Paule et ton petit Jacquot. Ton amie Caro. »

Le 11 juin 1916 est un dimanche. « Maman et Marie » et « Caro » (Caroline ?) sont à Condrieu depuis vendredi, donc le 9 juin. « Caro » avec peut-être Antoine (son mari, son frère ?) ont été invités une journée à Corbelin, à priori durant la semaine du 5 au 7 juin. Après, ils sont rentrés chez eux (à Lyon ?) avant de partir pour Condrieu.

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La maison d’Antoine au Sablier
(Merci à Françoise pour la photo)

La destinataire de la carte

« Madame Marcel Donat » (c’est son nom d’épouse et le prénom de son mari) se prénomme Emilie et aurait trois enfants : Suzon, Paule et « Jacquot ». En 1916, ce dernier ne doit pas être bien grand.

Dans le recensement de Corbelin pour 1906, il y a bien une famille Donat. Mais le mari, « manufacturier en soieries », se prénomme Georges et sa femme Marie. Ils ont trois filles : Paule, Juliette, Suzanne.
Pour deux des enfants, cela pourrait correspondre. Leurs deux filles auraient en 1916 : Paule 31 ans, Suzon (diminutif de Suzanne) 26 ans …mais alors pourquoi « Caro » n’embrasse-t-elle pas Juliette, 29 ans ? Et où est passé le « petit Jacquot » ? Peut-être n’est-il pas encore né ? Etonnant pour une épouse de 58 ans !

Leur acte de mariage m’en apprend un peu plus sur eux : le 19 mai 1877, à Lyon 2e, « ont comparu Sieur Jean François Georges Donat » né à Lyon le 3 mai 1853, « directeur d’usine demeurant à Corbelin » et « Demoiselle Marie Gabrielle Albine Layat », née à Lyon le 2 octobre 1846, « rentière »

Caroline écrirait donc en 1916 à son amie Marie, alias Emilie, épouse de Georges, alias Marcel, Donat ; amie qui aurait 70 ans. Et Caroline aurait à peu près le même âge…Non, décidemment ça ne « colle » pas avec l’impression laissée par la lecture de la carte. Je vois une correspondante plus jeune. Je sais, c’est subjectif ! Les Donat n’auraient-ils pas un fils prénommé Marcel marié à une Emilie ?

Au début du XXe siècle, la commune de Corbelin se développe grâce à l’industrie textile : il existe plusieurs usines de tissage, dont l’usine Donat implantée au cœur du village et qui fabrique des tissus de soie "façonnés", aux motifs compliqués destinés à la confection de produits de luxe. Elle a employé jusqu’à 400 personnes. (site de la mairie)

Le recensement de Corbelin pour 1901 me donne une piste sérieuse : Marcel, 18 ans, est « étudiant ». Facile alors de trouver son acte de naissance : « Jean Albin Marcel » nait le 29 juillet 1883 à Corbelin. Une mention marginale me révèle qu’il se marie « avec Mercier Pauline Emilie, à Lyon le 24 juin 1912 »

Marcel Donat, « industriel » à Corbelin, épouse en 1912 Pauline Emilie Mercier, née le 9 novembre 1879 à Lyon 3e. « Sans profession », elle habite à Lyon avec son père Eugène Pierre, « rentier » veuf de Françoise Elisabeth Paul, au 10, rue de l’Abbaye d’Ainay. Emilie a donc 33 ans, Marcel en a 29.
François Revuz, 40 ans, « avoué à Chambéry » et Georges Gignoux, 30 ans, « industriel » habitant 2 rue Tronchet à Lyon ; beaux-frères de Pauline Emilie, sont ses témoins. Paule et Juliette Donat, 24 et 22 ans, « rentières à Corbelin », les sœurs du jeune marié, sont ses témoins.

Emilie et Paul

Emilie a déjà eu quelques années de bonheur…et bien des malheurs ! En effet, dans son acte de mariage, Emilie est dite « veuve de Paul Marie Joseph Gignoux ». Elle est mariée en premières noces le 2 décembre 1902 à Lyon 2e avec Paul Gignoux.

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"Le Salut public" du 5 décembre 1902

Né le 19 mai 1879 à Villeurbanne, « industriel demeurant avec ses parents, à Lyon, rue de la Cité 30 », Paul Gignoux est le fils de « Marie Jean Paul Suzanne » Gignoux, « industriel », et de « Joséphine Marie Catherine Blanpied, sans profession ».
Sont témoins  : François Revuz, il a épousé Marie Mercier, la sœur de Pauline Emilie, à Lyon 2e le 4 septembre 1899 ; Pierre Mercier, 22 ans, « négociant » le frère d’Emilie. Il habite avec ses parents à Ainay ; Charles Gignoux, 32 ans, négociant, habite 13 place Puvis de Chavanne à Lyon ; Albert Gignoux, 27 ans, industriel, habite au 36 rue Malesherbes à Lyon, les deux frères de Paul.

Quelques jours à peine après ce mariage, dans « Le Salut Public » du 17 décembre, est annoncé le décès de « Jean Paul » Gignoux le 15 décembre 1902 à Lyon 3e. Il avait 63 ans. Sa maladie l’avait sans doute empêché d’être présent au mariage de son fils : il lui avait donné son consentement par acte notarié.

Extrait de"Une aventure d’industriels lyonnais"

En 1893, avec ses fils, Paul Gignoux crée une entreprise de produits chimiques dans un nouveau bâtiment au 115 chemin des Pins (devenu l’avenue Lacassagne en 1926) qui se rendra célèbre par la fabrication de l’eau oxygénée médicinale et industrielle (jouant un rôle important dans le blanchiment de la soie) , de bioxyde de baryum et de sels de baryte, d’orseille (colorant à base d’algues), de mordant de rouille, et de produits pour teinture.

Après la mort de Paul Gignoux en 1902, quatre de ses fils, Paul, Jean, Georges et Albert créent l’entreprise GIgnoux FRÈRes et poursuivent l’activité. L’eau oxygénée sera commercialisée sous la marque GIFRER. Trop à l’étroit, ils rachètent l’usine de la société générale des films à Décines en 1907. Les frères GIGNOUX s’associent en 1912 à Paul Louis BARBEZAT, un chimiste formé aux États Unis chez Monsanto Chemicals de Saint Louis, Missouri.../...En 1912, l’usine du chemin des pins est rachetée par la société Air Liquide, société anonyme pour l’étude et l’exploitation des procédés George Claude, qui reprend les mêmes productions.

Le jeune couple, Paul Gignoux et son épouse Emilie, habitent au 2 rue Tronchet à Lyon 6e.

  • Marie Suzanne, le 1er enfant de Paul Gignoux et d’Emilie Mercier, nait le 29 août 1903 « dans le domicile du grand père 151 chemin de l’Etoile d’Alaï » dans le 5e arrondissement de Lyon. Celui-ci, Eugène Mercier, 63 ans, « commerçant » ; accompagne son gendre le 1er septembre pour déclarer la naissance en mairie.
  • Marie Paule, leur 2e fille, nait le 7 décembre 1904 au 10 rue de l’Abbaye d’Ainay à Lyon 2e, chez Eugène Mercier, son grand-père. C’est lui qui déclare la naissance en mairie. Sont également présents : « Dame Albert Gignoux, vingt-quatre ans, sans profession, 36 rue Malesherbes [1], et Pierre Mercier, vingt-quatre ans, employé, 70 cours Lafayette ».

C’est à ces deux petites filles, bien évidemment, que sont envoyés les baisers de la carte de 1916.

Le 2 juillet 1905, « à quatre heures du soir », Aubin Trajat, employé de 54 ans, et Eugène Blanchet, boulanger de 29 ans, viennent en mairie de Bron déclarer que « Gignoux Paul Marie Joseph, industriel…, époux de Mercier Pauline Emilie… domicilié au susdit Bron, au bourg, y est décédé aujourd’hui à une heure trente du matin ».

Emilie est recueillie par ses parents à Lyon. Elle est recensée en 1906 et 1911 au 10 rue de l’Abbaye d’Ainay avec ses deux enfants. Le 14 décembre 1911 sa mère meurt "au domicile conjugal" à 58 ans.

Veuve de guerre

Remariée avec Marcel Donat en 1912, Emilie donne le jour le 15 décembre 1913 à Corbelin au "petit Jacquot", Jack Donat, son troisième enfant.

Août 1914 : la guerre est déclarée ! Marcel Donat est mobilisé au 13e Régiment de Chasseurs à Cheval en garnison à Vienne (Isère). Il est "attaché au Colonel du 75e Régiment d’Infanterie", régiment cantonné à Romans (Isère), comme "agent de liaison".

N’ayant plus de ses nouvelles, la famille Donat fait paraitre cet avis de recherche :

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Recherches pour les familles
"Le Progrès de la Somme"
Avis paru 6 fois du 28 octobre au 5 novembre 1914.

Ce qui surprend est cette mention d’une blessure début octobre "par un éclat d’obus près d’Arras". Ni le 13e Régiment de Chasseurs, ni le 75e d’Infanterie ne sont sur ce front en 1914. Sa fiche matricule est muette à ce sujet [2].

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Mort pour la France
Acte de décès de Albin Jean Marcel Donat, Maréchal des Logis au 13e régiment de cavalerie légère, détaché comme éclaireur monté au 75e régiment d’Infanterie. Acte rédigé le 28 septembre 1914, alors que le régiment est à Rozières (Somme). Registre d’état civil régimentaire du 75e Régiment d’Infanterie (en ligne sur Généanet)

La terrible nouvelle ne tarde pas à parvenir à Corbelin : Marcel est tué à l’ennemi le 27 septembre 1914 à Lihons, dans la Somme.
"Le petit Jacquot" n’a pas un an au décès de son père...et à peine trois ans lorsque Caro lui fait la bise !

Eugène Mercier, le père d’Emilie, meurt à 76 ans le 25 juin 1916. Ses obsèques sont célébrées à la basilique d’Ainay le 28 juin. L’avis de décès rappelle "la mort glorieuse" d’Albin Donat.

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Avis de décès d’ Eugène Mercier
"Salut public" du 26 juin 1916

Pierre Mercier, le frère d’Emilie né à Lyon 2e le 1er août 1881, a épousé le 24 octobre 1904 à Lyon Anne Marie Cousin. Il divorce le 7 décembre 1916 et se remarie le 6 juin 1917 à Lyon 5e avec la sœur de Marcel Donat, Louise Albine Paule, née à Corbelin le 4 février 1885.

Témoins de leur mariage :

  • Juliette, 24 ans et Suzanne Donat, 22 ans, les sœurs de l’épouse, à Corbelin
  • Gabrielle Donat, veuve Marion, 28 ans, habite 11 bis rue Alfred de Vigny à Paris, sœur de l’épouse
  • Emilie Mercier, veuve Donat, 37 ans, à Corbelin, sœur de l’époux.

Au 37 rue Servient à Lyon

Paule, la fille cadette d’Emilie et de Paul Gignoux, meurt à 16 ans, à Corbelin, le 23 janvier 1920.

Suzanne, leur fille aînée, se marie le 15 octobre 1923 à Lyon avec Henry Jean Convert, né le 7 février 1899 à Lyon 6e. Il réside avec ses parents à Meximieux. Suzanne habite avec sa mère 37 rue Servient à Lyon. Pauline Emilie vivra de longues années à cette adresse [3].
Le jeune couple s’installe 2 Quai de Retz à Lyon 1er (C’est l’actuel quai Jean Moulin). C’est là que naissent leurs trois filles [4].

Mi-septembre 1934, Suzanne Gignoux et sa famille reviennent vivre près de Pauline Emilie sa mère et de Jack son frère. Henry est « chef de service » à la « minoterie Convert ». Il meurt à 43 ans le 9 avril 1942 au 16, chemin des Alouettes à Lyon 7e [5] dans l’annexe Ste Elizabeth de l’hôpital Saint Joseph.
Suzanne, domiciliée avec sa mère 37 rue Servient, se remarie à 44 ans le 9 juillet 1948 à Paris 15e avec Eugène Germain Rubin, industriel de 56 ans né à Genève. Elle décède à 57 ans le 22 juillet 1960 à Sallanches (Haute Savoie).

Jack Donat, "le petit Jacquot", épouse le 29 décembre 1952 Yvonne Bourret à Cagnes sur Mer.
Pauline Emilie meurt à 82 ans à Oullins le 24 juin 1962 « en son domicile, 37 chemin de la Glacière » [6].

Bien rentrés à 10 heures et demie

Caro écrit : "Notre tram a fait diligence aussi nous sommes bien arrivés pour prendre le train, et à 10h ½, nous étions à la maison."

Le tram est celui de la compagnie des Tramways de l’Ouest du Dauphiné, ligne de La Tour du Pin aux Avenières ouverte en décembre 1909. Il dessert la gare de Corbelin, devant la mairie.
C’est de là qu’est partie Caro, avec d’autres personnes de son entourage, après sa visite à Emilie. Et elles sont "bien arrivées" à La Tour du Pin "pour prendre le train" en direction de Lyon.

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Le tram à Corbelin
Image d’Internet
D’après le "Livret Chaix" de 1915, un tramway s’arrête à Corbelin à 18 h 34 et arrive à La Tour du Pin à 19 h 30. Elles ont le temps de prendre à 20 h 07 la correspondance avec le train express reliant Grenoble à Lyon pour arriver à la gare de Perrache à 21 h 05.

Après avoir probablement raccompagné leurs amis, elles sont "à la maison" à 22 h 30. Mais qui est Caroline et où habite t’elle ?

A la recherche de Caroline

Ce que je sais de façon certaine est bien maigre. Même le nom de celle qui signe Caro m’échappe encore. Je ne peux que faire des hypothèses :

  • Caro, l’amie d’Emilie, doit être sensiblement du même âge qu’elle : née vers 1880, Caro aurait 36 ans en 1916.
  • Caro est-elle une amie d’enfance d’Emilie, du temps où elle habitait chez ses parents à Ainay à Lyon ?
  • Elle vit peut être avec sa "maman" et Marie, sa soeur ? Elles se joignent à Caro pour embrasser toute la famille d’Emilie. C’est évident, elles sont à Condrieu avec elle.
  • Caro écrit : "la maison d’Antoine"...ce qui laisse penser qu’ Emilie le connait ! Pourquoi ne pas dire "notre maison" si Antoine est son mari ? C’est peut être celle de son frère ou d’un ami.

En tous cas, c’est sûr, cette maison est au quartier du Sablier à Condrieu, plus précisément place du Razat. Dans les recensements, le Razat est bien indiqué dans celui de 1872. Ensuite, il n’existe plus que le quartier "le Grand Port", correspondant à une zone plus grande, entre le Rafour avec "le Petit Port" et ’l’Ile des Pêcheurs"

Les recensements de Condrieu de 1906, 1911 et 1921 ne livrent aucune piste dans les listes des habitants "du Grand Port". Mais il semble que cette maison soit la résidence secondaire d’un couple de lyonnais. Ils n’y habitent donc pas à temps complet.

Ce couple a probablement des attaches familiales dans cette petite ville. Pas d’indices pourtant dans les tables décennales de mariage de Condrieu entre 1893 et 1922. Une recherche dans la presse ancienne locale, avec les mots Antoine-Caroline-Condrieu, n’a rien donné de très concret.

Il y a quelques semaines, je contacte par téléphone les actuels propriétaires de cette belle maison de Condrieu pour tenter d’en savoir un peu plus sur les précédents propriétaires.
Après lui avoir expliqué mon enquête, Madame Senta-Loys me dit que c’est à Mr Gros, dirigeant retraité des Transports Fatton, qu’ils ont acheté la maison à la fin de l’année 1998. Mr Gros est venu à la belle saison, avec sa famille, pendant plus de 80 ans dans cette "maison de vacances" de Condrieu. Ils ont eu cinq enfants. Mr est décédé en 1999.

Après cette conversation bien sympathique, je leur envoie la copie de la carte postale. Leur réponse à mon courriel ne tarde pas ! Par retour, ayant consulté les actes en leur possession, ils m’apprennent que leur vendeur est Mr Paul Gros. Ils me disent avoir retrouvé « mon » Antoine : Antoine Gros a acheté la propriété du Sablier en 1912 à Mr Colombat, « ancien commissaire-priseur et rentier ».

Une recherche sur Internet m’en livre plus sur son identité :
Antoine Jean Gros est né le 19 novembre 1877 à Lyon 2e, fils de Pierre Gros, « marchand de cuirs », et de Claudine Christophe. Il se marie le 19 décembre 1907 à Tassin la Demi-Lune avec Jeanne Marie Antoinette Colombat, née le 13 septembre 1884 à Tassin, fille de Paul Pierre Antoine Colombat et de Marie-Antoinette Colas, habitant 68 rue Victor Hugo à Tassin. C’est donc, à priori, à son beau-père qu’il achète la maison de la place du Razat.

Leur premier enfant, Antoinette, nait à Lyon 3e le 14 juillet 1909, au domicile de ses parents 123 rue Pierre Corneille. Elle se marie le 1e décembre 1932 à Lyon 3e avec Maurice Etienne Jean Fatton, né le 24 novembre 1903 à Lyon 3e, fils de Claude Pierre Fatton et de Marguerite Marie Morise. C’est le fondateur des Transports Fatton. Ce dernier meurt le 5 décembre 1975 à Lyon 4e.

Paul Claude, leur deuxième enfant, nait à Tassin le 20 juillet 1910, marié à Voiron le 29 octobre 1943 avec Monique Vernay, décédée en 1992. C’est donc lui qui vendra la maison du Sablier à Mr et Mme Senta-Loys fin 1998. Il décède à Lyon 5e le 31 octobre 1999.

Sur Généanet, grâce à l’arbre généalogique de Christian Gros, l’un des 5 enfants de Paul et Monique Gros, je réussis à identifier Caroline ! :

Née à Lyon au 32 rue Bellecordière, derrière l’Hôtel-Dieu, le 20 novembre 1879, « Caroline Henriette » a le même âge que son amie Emilie. C’est la sœur cadette d’Antoine, propriétaire de la maison du Sablier, d’où « la maison d’Antoine » marquée d’une croix sur la carte postale !

« Maman » est Claudine Christophe, sa mère et l’épouse de Pierre Gros. Elle est âgée de 64 ans lorsqu’en juin 1916 elle accompagne sa fille à Corbelin, puis à Condrieu dans la maison d’Antoine, son fils.
« Marie », sa jeune sœur, née le 28 juillet 1885, est avec elles, mariée depuis le 11 avril 1910 à Lyon avec Paul Poizat.
A priori, ni Antoine ni Paul ne les accompagnent, étant mobilisés « aux Armées ».

C’est peut-être aussi le cas pour les funérailles de Pierre Gros, leur père et beau-père, décédé chez lui à Lyon à 67 ans le 20 décembre 1916 [7].

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Avis de décès de Petrus Gros
"Salut public" du 21 décembre 1916

Dans les recensements lyonnais, je découvre qu’en 1881, ses parents habitent encore 32 rue Bellecordière. De 1886 à 1901, ils sont au 15 rue Gasparin dans la Presqu’île de Lyon. En août 1904, ses parents rejoignent le 166 avenue de Saxe, de l’autre côté du Rhône, dans le quartier des Brotteaux.

Entre sa naissance et le déménagement de ses parents (Caroline est alors âgée de 25 ans et toujours célibataire) elle fait la connaissance d’Emilie. Peut-être dès leur enfance dans une des écoles privées du quartier Bellecour ? La famille Mercier est dans le quartier d’Ainay.

Claudine Christophe, sa maman née en 1852, meurt à 71 ans « Villa Juliette », rue Michelet à Nice le 25 avril 1923. Ce doit être sa résidence secondaire.
Caroline va habiter presque 60 ans au 166 avenue de Saxe. A la fin de sa vie, Caroline se retire au 4 place de Fourvière, une maison religieuse, où elle finit ses jours. Elle meurt le 20 février 1967.

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"Tante Caro"
Caroline Gros au mariage de Paul Gros et Monique Vernay
à Voiron le 29 octobre 1943.
Merci à Christian Gros pour cette photo
Je laisse le mot de la fin à Christian Gros, son petit-neveu :
Je me souviens de n’avoir vu "Tante Caro" que deux fois dans ma vie : une fois chez elle avenue de Saxe à Lyon et une fois à Fourvière où elle a fini sa vie chez des soeurs dans ce qui devait être une maison de retraite.
Mais ces deux brèves rencontres m’ont laissé le souvenir d’une vieille dame très gentille, et surtout avec de magnifiques yeux bleus identiques à ceux de son frère.

[1Albert a épousé le 11 septembre 1902 Marie Louise Sarrazin

[2Classe 1903, N° 1149 bureau de recrutement de Bourgoin sur le site des archives de l’Isère. Le 25 mars 1903 : engagé volontaire comme simple soldat pour trois ans. Termine son service militaire comme Maréchal des Logis, dans la réserve de l’Armée depuis le 25 mars 1906.

[3En 1926, il est indiqué « Donat Moriset Emilie » née en 1879 à Lyon et son fils Jack « écolier », né en 1913 à Corbelin. En 1931, « Donat Pauline » et son fils Georges ! né en 1913 à Corbelin. En 1936, « Donat Pauline » mère, et « Donat Jacques » son fils « employé » chez « Donnat ».

[4Michelle le 14 août 1924, Jacqueline le 3 juillet 1928, Henriane le 12 janvier 1931.

[5Aujourd’hui dans le 8e arrondissement, créé le 9 février 1959 par le détachement d’une partie du 7e.

[6J’ignore encore (pour l’instant) depuis quand elle y résidait et où elle est inhumée. Ses parents sont tous deux enterrés au cimetière d’Ecully.

[7Voir leurs fiches matricules sur le site des archives du Rhône : Antoine Gros, classe 1897, Lyon Central N° 974 ; Paul Poizat, classe 1902, Lyon Nord N°1022

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