Le cimetière de Julienrupt renferme une tombe remarquable qui mérite notre attention, la tombe de Pierre Jacquet, né à Lyon en 1854 et décédé en 1870 à Julienrupt. Celle-ci se trouve adossée au mur d’enceinte au Nord Est du cimetière, côté route départementale.
L’épitaphe inscrite sur la stèle surmontant cette tombe est ainsi rédigée :
L’expression « A un enfant de la patrie » désigne bien évidemment un soldat et la date de sa mort fait référence à la guerre de 1870 – 1871 entre la France et les Etats allemands. La tradition orale fait état du décès chez l’habitant d’un soldat malade ou blessé, qui aurait été inhumé à Julienrupt.
Dès lors se pose la question de l’âge de ce soldat, 16 ans, qui ne paraît pas en rapport avec son état de soldat. Pourtant un acte de naissance a été retrouvé aux archives de Lyon , qui mentionne que Pierre Jacquet est né le 23 janvier 1854 à Lyon, rue de la Visitation, 4e arrondissement, de François Jacquet, 26 ans, tisseur de son métier, et de Brigitte Luguet, son épouse.
Dans un premier temps les recherches de Jean Pierre Defranoux n’ont pas permis de retrouver dans les archives de la commune du Syndicat un acte de décès en 1870 et 1871 mentionnant le nom de Pierre Jacquet.
Cependant l’obstination de ce chercheur a permis de découvrir cet acte de décès établi par le Maire du Syndicat le 26 décembre 1870, qui avait été transmis à la Mairie de Lyon en vue de sa transcription sur les registres de cette ville. Cet acte précise qu’est « décédé au domicile de Mélanie Cointain, institutrice publique à Julienrupt, Pierre Jacquet, âgé de 22 ans, né à Lyon, soldat de l’armée du Rhin, fait prisonnier par l’armée prussienne, s’étant évadé pour rejoindre l’armée française. »
Ces indications sont donc en contradiction avec le texte de l’épitaphe inscrit sur la tombe de ce soldat, notamment sur l’âge du défunt.
Des recherches dans les archives municipales de Lyon établissent qu’un Jean Pierre Jacquet est bien né le 10 avril 1848 en cette ville de Jean Jacquet, cordonnier, et de Philiberte Danon, son épouse. Il est mentionné qu’il demeurait au 81 rue Duquesne. L’épitaphe sur la tombe de Pierre Jacquet est donc erronée en ce qu’elle mentionne 1854 comme année de sa naissance au lieu de 1848.
Notre connaissance des circonstances de la mort de Pierre Jacquet résultent des indications contenues dans l’acte de décès dressé le 26 décembre 1870.
Pierre Jacquet avait donc été fait prisonnier par l’armée prussienne et se serait évadé pour rejoindre l’armée française. Nous savons qu’il y eut de violents combats à Nompatelize et à Rambervillers en octobre 1870, de sorte qu’il est possible que ce soldat ait été fait prisonnier en ces circonstances.
Pourquoi alors se serait-il retrouvé à Julienrupt, pour y trouver la mort ? Jean Baptiste Pierrel fait état du passage des troupes allemandes au Tholy en octobre 1870, mais également en décembre de cette année.
Pierre Jacquet aurait-il été emmené comme prisonnier par ces troupes et, à l’occasion de son passage dans la vallée de Cleurie, aurait-il alors tenté une évasion au cours de laquelle il aurait été blessé ?