Mon grand-père était sur le front, c’est donc l’arrière-grand-père qui en est détenteur : Pierre Athanase RIGAULT.
Les coupons ont été détachés au fur et à mesure, et il fallait présenter cette couverture, pour obtenir le carnet suivant (renouvelés tous les six mois).
- Exemple de coupons détachables
Le sucre était distribué selon le nombre de repas pris à la maison ! En règle générale, la portion était de 750 g par personne et par mois.
Et si l’on faisait des confitures, la famille avait droit à un plus.
Le cachet est celui de la Mairie de St-Brice dans le département de Seine-et-Oise (devenue Saint-Brice-sous-Forêt, dans le Val d’Oise).
Le sucre pendant la Grande Guerre
Le sucre avait été une des premières matières à se raréfier. (...) Aussi, de bonne heure, fit-on la queue chez les épiciers. Ceux-ci, ayant particulièrement exagéré à la suite des nouveaux droits établis en 1917, de nombreux préfets durent prendre de sévères mesures. Ils taxèrent à 1,65 franc le sucre raffiné, cassé et scié, et interdirent aux marchands de subordonner sa livraison à celle d’autres denrées. On en vint à la "carte", on disait alors le "carnet" de sucre, qui coûta 50 000 francs à établir et qui fut la première du genre. C’est le 1er mars 1917 qu’elle entra en vigueur. Jusqu’en août, on put ainsi distribuer à la population 750 grammes de sucre par tête et par mois. A ce moment, la ration passa à 500 grammes, alors que la consommation moyenne normale était de 1300. Mais, malgré ces précautions, il arriva plus d’une fois aux Français de présenter leur papier à un épicier démuni, volontairement ou non. Le sucre devint une denrée si rare, si précieuse qu’on la jugea digne d’une enveloppe spéciale, indispensable pour aller prendre le thé, au restaurant ou chez des amis. On fabriqua des espèces de boîtes-bijoux ou des pochettes en forme de bourses de soie doublées de calicot ou de cretonne, conçues tout exprès pour les sacs des dames. Comme la pénurie persistait, il fallut même recourir à un succédané, la saccharine, enfermée dans des étuis plus minuscule encore.
- Extrait de La vie quotidienne des civils en France pendant la grande guerre, par Gabriel Perreux (hachette 1966).
Caractères du carnet de consommation
Le carnet de consommation consiste en un carnet-souche avec des coupons détachables.
Il peut donner droit à une ou plusieurs rations.
Le nombre de rations par carnet pourra être limité à quatre, en vue, d’une part, de simplifier la fabrication et la distribution des carnets en restreignant le nombre de leurs variantes, d’autre part, d’éviter les difficultés que pourraient rencontrer les familles nombreuses peu aisées pour acheter du sucre au moyen de carnets comportant un chiffre élevé de rations.
Les carnets pourront être de nuances différentes, suivant le nombre des rations
auxquelles ils donnent droit. Ils seront numérotés.
En principe, aucun carnet volé, perdu ou détruit ne sera remplacé. Toutefois,
lorsque la preuve du vol, de la perte ou de la destruction sera rapportée, il pourra, après décision du Comité de répartition, être délivré de nouveaux carnets qui porteront la mention du duplicata. Tout titulaire dépossédé doit faire la déclaration du vol, de la perte ou de la destruction à la mairie du lieu de délivrance. Si le nom du fournisseur est inscrit sur le carnet, avis lui en est donné par les soins de l’autorité qui a reçu la déclaration. Si le carnet ne porte aucun nom de fournisseur, avis en est donné aux fournisseur de la commune (de l’arrondissement, à Paris) ou du canton dans lequel le carnet a été délivré. Les fournisseurs devront éviter de distribuer du sucre aux personnes qui présenteraient des carnets volés ou perdus ou présumés détruits, sans que leur responsabilité soit engagée de ce chef. Lorsqu’ils sont rapportés ou renvoyés à la mairie qui les a délivrés, ces carnets sont restitués aux intéressés qui ont fait une déclaration de vol, de perte ou de destruction.
Le carnet pourra être établi pour un semestre où pour l’année.
(...)
La ration normale à laquelle donne droit le Carnet est fixée à 760 grammes par
personne et par mois ; représentée par trois coupons de 260 grammes. Chaque coupon est numéroté et porte l’indication de la quantité de sucre qu’il permet d’obtenir. Les coupons sont de 500 grammes, 760 grammes ou 1 kilo, suivant qu’il s’agit de carnets de 2, 3 ou 4 personnes.
Toute personne qui prend régulièrement au dehors l’un des deux principaux repas n’a droit qu’à une demi-ration, fixée à 500 grammes par mois. Toute personne qui prend régulièrement au dehors ses deux principaux repas n’a droit qu’à 260 grammes de sucre par mois. Il sera remis, à chacune de ces personnes, un carnet, après annulation ou détachement d’un ou de deux coupons pour chacun des mois pendant lesquels il est valable.
Pour les personnes vivant ensemble, il conviendra de déterminer la quantité de sucre à leur allouer chaque mois, en totalisant les rations auxquelles chacune a droit, et un ou plusieurs carnets seront attribués au chef de famille.
Il pourra être accordé, pour la fabrication des confitures de ménage, une quantité de sucre supplémentaire, ne dépassant pas 3 kilogrammes par personne et par an. Les carnets correspondant à cette quantité seront distribués aux époques appropriées.
- Extrait de Recueil des lois, décrets, arrêtés, circulaires, rapports, documents intéressant le ravitaillement de la France. T. 1 / Ministère du ravitaillement général - Ministère de l’agriculture et du ravitaillement (1917-1919).