L’histoire des « Corvec » commence en 1736 par l’adoption d’un enfant naturel prénommé Jacques [1]. Ses parents adoptifs Joseph Le Corvec et sa femme Jeanne, née Le Guelennec, lui donne le nom de Le Corvec. Jacques est élevé dans le milieu des pêcheurs de Gâvres. En 1760, il se marie avec Marie Brezac native du village de Lennes en Plouhinec.
Le couple a huit enfants : 4 filles et 4 garçons [2]. Plusieurs enfants sont baptisés à Port-Louis. Au baptême du cinquième enfant, Pierre Jacques, le parrain est le marguillier Pierre Forbin et la marraine Elisabeth Mus, épouse du riche négociant port-louisien Gabriel Mauger, montrant ainsi la bonne intégration des parents dans le milieu du négoce de Port-Louis. Jacques pratique la pêche, en particulier celle de la sardine. En 1765, il devient maître de chaloupe. Au cours de sa carrière, il possède plusieurs chaloupes dont La Marie Elisabeth, en copropriété, dans les années 1780.
En 1775, la famille est endeuillée par la perte de leur fils Pierre Jacques à l’âge de 7 ans. En 1778, Jacques est estropié de la main droite ce qui l’écarte des réquisitions pour la guerre d’Amérique. Après sa guérison, il poursuit son métier de pêcheur. Bien que d’origine modeste, la famille se porte assez bien financièrement. En effet, elle paie comme impôt : 9 livres 8 sols aux fouages en 1779, et possède en plus de la chaloupe, des maisons. Les enfants se marient à partir des années 1780, en restant en majorité dans le milieu de la pêche de Gâvres.
En avril 1786, Jacques est choisi avec neuf autres « hommes sages », pour désigner dans la paroisse les pauvres à qui du pain sera distribué chaque mercredi matin au bourg de Riantec en présence de monsieur le curé. Il s’occupe plus particulièrement avec Louis Le Honsec de la frairie de Locmalo, dont dépend Gâvres.
Le 18 octobre 1809, Marie Brezac s’éteint à l’âge de 72 ans. Son décès est déclaré en mairie par ses deux fils Pierre et Joseph. Jacques meurt le 13 juillet 1818, à l’âge d’environ 84 ans. Ses fils Pierre et Claude, le marchand Pierre Le Gléano, âgé de 22 ans, déclarent le décès en mairie. Ses fils, pêcheurs, restent à Gâvres et l’une des filles, Jeanne, s’installe aussi à Gâvres, mais dans la maison de son mari Etienne Le Duic, qu’elle épouse en 1802.
Le fils, Joseph, né le 25 juillet 1774 à Gâvres, passe de l’activité de la pêche à celle de « passager » [3], métier consistant à conduire le bateau navette entre Gâvres et Port-Louis. En effet, à cette époque la commune de Gâvres dépend religieusement et administrativement de la commune de Riantec. En conséquence pour se marier, pour baptiser ou pour enterrer un proche, les Gâvrais doivent se rendre à Riantec. Ils doivent traverser le bras de mer séparant Gâvres de Port-Louis et parcourir les trois Kms qui séparent le point de débarquement du centre de Riantec. Ce trajet est à réaliser à toute époque de l’année, avec un bébé dans les bras pour la naissance d’un enfant ou avec le cercueil du défunt pour un enterrement.
Joseph se marie le 17 septembre 1800 avec Françoise Thoumelin. Le couple a huit enfants : 6 garçons et 2 filles [4]. L’aîné se prénomme Nicolas et naît en 1801. En 1812, le 22 juin, sa femme décède. Il se remarie quelques mois après avec Marie Driano. A cette époque Joseph fait aussi le commerce de l’eau de vie. Joseph décède le 14 octobre 1832 à Bangâvres.
Le fils Nicolas est lui aussi pêcheur. Il est de petite taille (1,60 m) avec les cheveux châtains. Il épouse Marie-Jeanne Madec le 7 janvier 1823 à Riantec. Le couple a 5 enfants, 4 garçons et une fille
[5]. Il embarque dans les années 1850 sur le navire La Sainte Euphrosine.
En 1867, la commune de Gâvres est créée et prend son indépendance par rapport à Riantec. Le 29 mai, le sous préfet de Lorient nomme Pierre Cadoret « intelligent et instruit » maire de la commune de Gâvres et Nicolas Corvec « très considéré, très influent » comme adjoint [6]. Nicolas Corvec décède le 17 novembre 1886.
Le fils Bénoni, né le 19 juin 1831 à Gâvres, fait son premier embarquement en 1841 avec son père sur la chaloupe La Sainte Euphrosine. Le 10 juillet 1849, il est nommé matelot. Bénoni est un peu plus grand que son père, il mesure 1,68 m, et a aussi les cheveux châtains.
Jusqu’à son service militaire, il embarque sur La Sainte Euphrosine et sur un nouveau navire baptisé aussi La Sainte Euphrosine ainsi que sur La Marie-Louise. Il est admis au service militaire en 1852. Pendant quatre ans de service pour l’état, il navigue sur la frégate La Forte [7]. Il embarque, tout d’abord, sur la frégate à Cherbourg pour effectuer des voyages sur la Guyane pour le transport des déportés politiques condamnés pour leur hostilité au coup d’état du 2 décembre 1851. Ensuite, il part pour un long voyage pour l’Amérique, le Pacifique et la Russie. Les principales escales sont : Rio de Janeiro, Cap Horn, Valparaiso, Puna, Guayaquil, Paita, Callao, Papeete. En août 1854, pendant la guerre de Crimée, La Forte participe à l’attaque de Petropavlovsk (ville russe, capitale du Kamtchatka) qui se termine par un échec de la coalition franco-anglaise. Fin 1854 et en début 1855, La Forte retourne sur les côtes d’Amérique ( San-Francisco, Mazatlan, Acapulco, Callao, Honolulu). Mi-juin 1855, elle revient sur Petropavlovsk où l’équipage constate que la ville a été évacuée. Le retour en France s’effectue en passant de nouveau le Cap Horn.
En 1856, il reprend la pêche sur différents navires. L’été sur des navires lui appartenant (Le Polowski, La Forte et Le Jeune Frédéric) et l’hiver sur des navires qui sont la propriété de parents ou d’amis (La Désirée 3, La Magdeleine 4, La Sainte Hélène, La Reine des Anges, Le Tage, etc.) Cette même année, il se marie avec Jeanne Mollo. Le couple aura 6 enfants : 3 garçons et 3 filles [8]. En 1868, il est patron pour la première fois sur Le Polowki et son fils Frédéric y effectue pour sa part son premier embarquement. Bénoni navigue jusqu’à l’âge de 74 ans. Il décède le 4 mars 1916 dans sa 85e année.
Le fils Frédéric embarque donc, à onze ans, comme mousse sur le Polowski [9]. Sa première campagne de pêche dure cinq mois. L’embarquement s’effectue, à Lorient, fin mai et le débarquement, aussi à Lorient, début novembre.
- Frédéric Corvec
Jusqu’en 1872, toutes les années, pendant la même période de mai à novembre, il réalise un embarquement à la pêche toujours avec son père sur le Polowski. Les années suivantes, il navigue toujours comme mousse sur d’autres navires de pêche : la Désirée, la Reine des Anges, le Même, la Madeleine et parfois il retourne avec son père sur le Polowski. Frédéric a donc été habitué dès son enfance au rude métier de la pêche et a, pour ainsi dire, été élevé dans les chaloupes. Dès son plus jeune âge, il a appris à maîtriser tous les dangers de la mer et à résister aux fatigues de la navigation.
Le 24 août 1875, à dix-huit ans, il est nommé matelot. A sa nomination, Frédéric a déjà soixante-trois mois de navigation à son actif, soit en sept ans plus de cinq années complètes. Frédéric est alors un garçon de petite taille, il mesure 1,65 mètre. Il a les cheveux châtains et les yeux gris. Jusqu’à l’âge de vingt ans, il continue, comme activité, la pêche aux thons l’été et la pêche au chalut l’hiver (raies, rougets, soles et lottes). Il embarque alors sur l’Intrépide, le Clou et le Polowski.
Pour Frédéric, la pêche aux thons se déroule de la façon suivante :
Le passage migratoire des thons commence en juillet dans le golfe de Gascogne et c’est là que se pratique la pêche la plus fructueuse. Des chaloupes associées par groupes de quatre ou cinq sous la direction d’un maître au cabotage sillonnent toute l’étendue du golfe. A la fin du mois de juillet, la migration s’infléchit vers le nord-ouest et la pêche commence dans l’ouest de l’île d’Yeu et le sud-ouest de Belle-île. Le passage des thons se prolonge dans ces parages jusqu’au 15 septembre ; quelquefois les thons disparaissent à la fin du mois d’août.
La pêche du thon, bien qu’elle se fasse pendant la belle saison, exige en raison de la distance des côtes à laquelle elle se pratique, des embarcations rapides et ayant une bonne tenue à la mer. Les chaloupes pontées ont une longueur moyenne de 12 à 13 mètres, une largeur de 5 m et un creux de 2,3m. Elles ont un tirant d’eau de 2m et jaugent 35 à 40 tonneaux. L’équipage est généralement composé de 5 hommes.
La pêche se fait sous voiles avec une vitesse moyenne de 5 à 6 nœuds. La chaloupe est armée de chaque côté à l’avant du grand mât d’un tangon de 15 mètres de longueur portant 5 lignes. Chaque ligne est munie d’une clochette qui, lorsque le poisson mord, annonce la prise. A l’arrière se trouvent deux autres lignes sur un mâtereau.
Le thon ayant mordu, un homme hale rapidement la ligne le long du bord, tandis qu’un deuxième, muni d’une gaffe très fine, croche le poisson et l’embarque. Le poisson est alors nettoyé, vidé, lavé à grande eau et arrimé sur le pont.
Tous les jours, une des chaloupes est détachée de la flottille pour aller porter le poisson au port d’armement. Le soir, la pêche est interrompue et tous les bateaux, à un signal convenu, se rallient pour passer la nuit à la cape. Celui des bateaux qui a porté le poisson attend l’arrivée d’une autre chaloupe qui vient lui faire connaître la position des autres et retourne sur le lieu de pêche avec des provisions de ravitaillement [10].
Le 23 juillet 1877, il est appelé pour effectuer son service militaire. Il embarque, en septembre 1878, sur le navire de guerre Le Redoutable. Le Redoutable a été construit, de 1873 à 1879, sur les plans de l’Ingénieur de Bussy. C’est un cuirassé à réduit central qui a une longueur de 96 m, une largeur de 19,18m et un tirant d’eau de 7,2m. il est armé de 8 canons de 270 mm, de 6 de 138 mm et de plusieurs canons à tir rapide de petit calibre. Il marque une évolution dans la construction navale avec son bordé entièrement en fer et ses membrures en acier. Il est muni d’une voilure complète de trois mâts carrés et gréés de 2700m2 de voilure. L’effectif est de 686 personnes [11] [12] [13].
Le Redoutable est armé pour essais à partir du 1er août 1878, cependant toute l’artillerie n’est pas encore en place, le gréement reste à installer et aucun approvisionnement n’a été effectué. Pendant le mois de septembre, les ouvriers terminent les équipements, puis le navire passe au bassin de radoub (vers le 20) pour nettoyage de la carène et peinture.
Le 15 octobre, le bâtiment passe dans l’avant port et embarque ses approvisionnements. Le 2 novembre, il procède au réglage de ses compas et le 7, il appareille pour la première fois, accompagné par un remorqueur, vers le mouillage de Belle-Ile. Le Redoutable a réglementairement embarqué, pour cette première sortie, une commission composée de divers fonctionnaires du génie maritime. Le début des essais officiels a lieu le 22 novembre.
Le 24 janvier1879, après un dernier essai de voilure, Le Redoutable retourne mouiller dans l’avant port de Lorient.
Le 24 février, il appareille pour Toulon avec 20 foyers allumés et une voilure réduite. Le 27, une avarie de servomoteur l’oblige à gouverner avec sa roue à bras arrière, et c’est dans ces conditions qu’il arrivera à Toulon le 4 mars. Le 13, il effectue un premier appareillage avec l’escadre (Richelieu, Trident, Couronne, Revanche, Savoie et Boursant), et réalise des exercices d’artillerie et de lancement de torpilles. Il retourne à Toulon le 26 avril.
Le 2 mai, il appareille de Toulon pour une croisière de représentation et fait les escales suivantes : Marseille du 2 au 14 ; la Ciotat le 14 ; mouille à Hyères du 15 au 23, puis rentre à Toulon.
Le 7 juillet, il appareille pour une campagne d’expérimentation, relative à l’examen des qualités nautiques qui amènera l’escadre jusqu’à Brest ; le 11, il mouille à Gibraltar ; le 17 arrivée à Brest, l’escadre restera dans ce port jusqu’au 24 août, mais effectuera entre temps de nombreuses sorties pour exercices. Le 13 août, l’embarquement des tubes lance-torpilles arrière est réalisé (Le Redoutable n’était donc armé qu’avec ses tubes avant). Après deux courtes sorties à Quiberon et à Cherbourg, le bâtiment est amarré au poste 12 de Brest pour commencer le déchargement du matériel et des vivres en vue de sa mise en réserve qui a lieu le 11 octobre.
Des travaux de modifications seront entrepris pendant cette période du 5 novembre 1879 au 11 mai 1880 [14].
Frédéric reste sur Le Redoutable jusqu’en septembre 1880, il est alors matelot de 2e classe.
Après son service militaire, il reprend la pêche. Il embarque sur les chaloupes pontées : la Jeune Radégonde, la Forte et le P.Y.. En juin 1881, il effectue avec son père qui a cinquante ans, l’ultime embarquement de ce dernier sur le Polowski avant son admission à la retraite.
Il continue la pêche jusqu’en septembre 1884.
Le 19 octobre 1884, il se marie à Gâvres avec Marie Louise Lescoët, native de Gâvres, issue, elle aussi, d’une famille de marins et de pêcheurs. Frédéric, qui a appris à écrire, signe d’une très belle écriture sur le registre des mariages au-dessus de la signature de sa femme. Quatre jours après son mariage, il rentre à la Direction de l’Artillerie comme ouvier. Il y reste jusqu’en juillet 1885 et ensuite il devient matelot vétéran affecté au mouvement du port (matelot vétéran en 1885, quartier maître vétéran en 1892 et 2e maître vétéran en 1898 [15]).
En 1886, le 12 février, Frédéric et Marie ont un premier enfant qu’ils prénomment Frédéric [16]. Ensuite, ils ont six autres enfants : Bénoni né le 11 juillet 1887, Léontine née le 6 juillet 1889, Anne née le 9 décembre 1892, Baptistine née le 31 mai 1898 et décédée le 16 juin de la même année, Georgette née le 27 mai 1900 et Germaine née le 15 juin 1903. Tous leurs enfants naissent à Lorient.
Au cours de l’année 1899, Frédéric sauve une femme à La Perrière et recevra pour cette action un témoignage de satisfaction.
Le 1 mai 1903, Frédéric prend sa retraite d’employé de l’état et il recommence des embarquements à la pêche comme matelot et patron. Il embarque successivement sur : le Jeune Frédéric, l’Abricotine et le Botha.
De 1908 à 1926, il effectue du « bornage » qui consiste en du cabotage sur des petites distances sur les navires le Kernével, la Perrière ainsi que quelques embarquements à la pêche en tant que patron sur le Léon Blanche et de nouveau le Botha.
En 1919, le 4 novembre, son fils Benoni qui est alors charpentier du port de Lorient, décède des suites de la guerre 14-18 car il a respiré du gaz de combat pendant cette période. Il est âgé de trente-deux ans et laisse après lui une jeune veuve, Joséphine, avec un bébé de dix-huit mois prénommé Odette.
Le 2 juin 1923, Frédéric a une nouvelle épreuve : sa femme, âgée de soixante-trois ans, décède. A cette époque, il demeure dans un appartement, au 4e étage d’une grande maison, rue de la Comédie à Lorient.
Frédéric reste peu de temps veuf car il se remarie à Lorient, deux ans après, à soixante-huit ans, avec Marie Françoise Mentec, une couturière de Lorient. Tous les deux déménagent et louent une petite maison au lieu dit La Perrière (à la pointe de la presqu’île de Kéroman).
En 1927, il réalise un bref embarquement sur le Port-Louis, le navire à roues qui assure la liaison entre les hôpitaux maritimes de Lorient et de Port-Louis. Le navire est appelé familièrement « Le Patouillard ».
En 1930, le 23 janvier, une nouvelle épreuve touche Frédéric, il perd son fils aîné qui est ouvrier au port de Lorient.
Frédéric navigue jusqu’en 1933, il a alors soixante-seize ans. Il effectue son dernier embarquement sur le navire la Sultane et débarque le 5 novembre 1933. Frédéric et Marie Françoise habitent toujours La Perrière. Frédéric possède alors un canot qui lui permet de continuer la pêche pour son plaisir et cela jusqu’à l’âge de 84 ans.
- Frédéric Corvec à la retraite
Pour se distraire, pendant les périodes de mauvais temps, Frédéric réalise des maquettes de bateaux dans des bouteilles.
- Maquettes de bateaux dans des bouteilles
C’est un homme très gourmand. Il se laisse plusieurs fois surprendre et se brûle en voulant trop rapidement avaler la bouillie que lui a préparée Marie Françoise. Il aime chanter lors des fêtes de famille. Sa chanson préférée est le morceau de l’opérette « Les cloches de Corneville » ci-après :
La guerre 39-45, avec la réquisition du terrain de la presqu’île de Kéroman par les Allemands pour permettre la construction de la base de sous-marins de Kéroman en 1941, les oblige à quitter leur maison et ils doivent se réfugier à Plouay. Frédéric ne s’y plaît pas car il trouve qu’il est bien loin de la mer. Après la guerre, ils reviennent sur Lorient. Ils sont logés dans une baraque de la cité de Kerforn, au numéro 36 [18].
Frédéric ne navigue plus car il est trop âgé, il joue tout de même aux boules tous les jours. Le 22 janvier 1953, après quelques jours d’hospitalisation, Frédéric décède à l’hôpital Bodélio de Lorient, dans sa quatre-vingt seizième année. Pendant sa longue vie, il a totalisé trente-cinq années d’embarquement à la pêche, au bornage et dans la Marine ; il a été en activité pendant soixante-cinq ans.
Frédéric, le fils aîné, jusqu’à son décès était pêcheur. Il a eu un fils qu’il prénomme aussi Frédéric. Hélas, ce dernier décède très jeune sans descendance. Bénoni le deuxième fils est le premier « Corvec » à quitter le milieu de la pêche. Il reste toutefois proche du milieu maritime car il est charpentier à l’arsenal de Lorient. En 1908, il est incorporé comme matelot et fait un séjour de 2 ans à l’arsenal Siddi Abdallah en Tunisie. Bénoni a une fille unique avec Joséphine Le Garrec : Odette. Les filles de Frédéric se marièrent et quittèrent la région lorientaise.
La lignée des marins « Corvec » s’interrompt donc après près de 200 ans sur les mers. La principale activité de tous ces marins a été la pêche. Dur métier qui les faisait partir très jeune de la maison mais qui ne les a pas empêché de vivre vieux. Cette saga des « Corvec » n’a rien d’exceptionnel pour la région. En effet, de nombreuses familles habitant Riantec, Gâvres, Port-Louis et Lorient ont vécu grâce à la pêche à la sardine puis au thon. Le métier s’apprenait de père en fils et permettait d’élever les enfants.