Une saga familiale : quand un arbre se cherche un destin
En Limousin, en 1725 un nommé Jean DELARBRE (comme son père), né 20 ans plus tôt au Mars (« Les Mars, Creuse ») dit « Oui » devant monsieur le curé, pour pouvoir se développer auprès d’une Antoinette DUPUY, demoiselle du village de 4 ans son aînée.
Aujourd’hui on se dit : « Quelle prémonition du réchauffement climatique ! ».
Ils eurent 4 filles et 3 garçons.
Le mardi 12 janvier 1762, toujours aux Mars, à presque 24 ans leur rejeton n°5, Jean DELARBRE épouse Anne BEAUCHENE de 5 ans sa cadette. Cet arbre avait pour un temps trouvé son destin.
Cette union fut solide et, confiants, ils ne prénommèrent aucun de leurs enfants « Zéphirin [1] »...
Fin 1804, Anet DELARBRE, lui aussi un n°5, épouse une dijonnaise, l’arbre se retrouve entouré de vignes, la greffe prendra-elle ? A long terme non, mais cette branche restera quand même enracinée en Bourgogne pendant 3 générations, c’est à dire jusqu’à la seconde moitié du 19e siècle.
En février 1837, un fils d’Anet, Michel DELARBRE se marie à Dijon où il se fait tonnelier.
En hommage à sa grand-mère Anne, il choisit soigneusement de beaux chênes pour les fabriquer...
Le mardi 29 juillet 1890, une de ses petites-filles abandonne la Bourgogne et va se marier à Bordeaux : Émilie DELARBRE épouse Anatole LOLIVIER, mais l’honneur vinicole est sauf car il est entrepreneur de travaux publics. Avec son nouveau nom, Émilie se sent en paix...
Jeune veuve de presque 32 ans, elle épouse un veuf de plus de 49 ans. Ils n’eurent pas d’enfant mais elle adopta les deux grands rejetons générés par son mari une vingtaine d’années auparavant. Elle ne sait pas encore qu’ils seront négociants en vins de Bordeaux...
Le lundi 18 octobre 1897, à la mairie du 3e arrondissement de Paris, une nièce d’Émilie renforce ces liens : Berthe DELARBRE épouse Louis LOLIVIER, un des 2 fils d’Anatole (!) et également négociant en vins.
De cette nouvelle bouture et par de successives montées de sève, cette union engendra 3 petits oliviers, dont seul le garçon, mon père, né à Paris, maintint le nom.
C’est ainsi que cette dernière DELARBRE devint la mère des LOLIVIER parisiens...
De l’olivier de la paix au partage du pain [2]
Il se trouve que, du côté maternel cette fois, un ancêtre du 18e siècle avait besoin de bois pour exercer son métier.
Comme pour toute belle histoire, j’avoue que je force ici un peu la réalité car il était marchand de fer mais ne le forgeait pas lui-même...
C’est ainsi qu’au milieu des années 1750, deux parisiens, Pierre Nicolas DUCHAUFFOUR et Denise Catherine DUBOIS se marient.
Elle s’enflamma pour lui et lui donna entre autres un fils, Louis Nicolas, qui engendra 4 enfants, dont Alexandre Alfred (1805-1872).
La gourmandise, ou quand une boulangère et un four s’associent
A Laon, le dimanche 23 septembre 1838, cet Alexandre Alfred DUCHAUFFOUR épouse la picarde Louise BOULANGER.
Elle a 18 ans bien entamés et gourmande de caractère, ensemble ils font 3 petits chauds fours.
Est-ce pour faire plaisir à sa mère ? l’aînée Amélie DUCHAUFFOUR épouse Amédée PAIN à Jouy-le-Comte (Val-d’Oise) le lundi 28 février 1859 et comme elle, le choisit de 11 ans plus âgé.
Avec un peu de savoir faire rapidement acquis, ils eurent l’année suivante un petit Henri, qui hélas resta fils unique, le moule ayant peut-être cassé.
Il vécut vieux et ne se maria qu’à 80 ans...
Le 3e, apporta aussi sa contribution en épousant une demoiselle CARPENTIER, peut-être en vue de récupérer des chutes de bois.
Louise pouvait enfin recevoir son petit pain à domicile, de plus, il fut au lait la première
année !
Évidemment, l’interprétation de ces rapprochements n’a rien de scientifique, d’aucuns la trouveront franchement loufoque [3] et plutôt faite pour les fins de banquets, mais au moins elle souligne que le hasard est parfois farceur...
Un raté et une (tentative de) morale
Ce qui suit est bien court, car c’est la fin de l’article de même titre paru le vendredi 22 novembre, qui a été tronqué (version N-1 diffusée à la place de la N)
Se procurer de la farine en famille
Le 6 août 1703, à Bagnolet, Pierre l’aîné GRAINDORGE épousait une Marguerite FAUCHEUR ! Bonne complémentarité, mais c’était plus d’un siècle trop tôt pour s’associer aux couples BOULANGER-DUCHAUFFOUR et PAIN-DUCHAUFFOUR...
Cependant une deuxième chance allait se présenter :
En 1857 Bernard BERNARD, issu comme son nom l’indique d’une lignée de bè-ègues, compta fleurette à une Ma-arguerite GRAINDORGE, qu’il appela d’emblée « Mon coeueur en su-sucre » (d’orge évidement).
Il aimait en elle cette improbable association de graine et de fleur.
Ils se dirent sans hésitation « oui » (pour elle) et « ou-oui-i » (pour lui) le 22 septembre au
mai-maire de Ba-a-gnolet.
Malheureusement, il était marchand de primeurs et ne put fournir de farine à ses contemporains, les BOULANGER – DUCHAUFFOUR - PAIN.
La morale de ces destins ?
Comme dans les fables de La Fontaine, essayons d’en tirer un leçon :
Ce n’est pas tout de trouver LE bon parti, de sceller LA bonne union, il faut aussi choisir LE bon moment...
Évidemment, l’interprétation de ces rapprochements n’a rien de scientifique, d’aucuns la trouveront franchement loufoque [4] et plutôt faite pour les fins de banquets, mais au moins elle souligne que le hasard est parfois farceur...