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Une forme de psycho-généalogie : les rapprochements onomastiques

(en français : « Ils l’ont quand même pas fait exprès !!! ? »)

Le vendredi 22 novembre 2024, par Patrice Lolivier

la généalogie, peut consister pour certains à bâtir simplement une pyramide de noms, dont la pointe est posée sur sa tête, et que l’on remplit de dates, de noms de lieux et de métiers.
Il faut juste veiller à ce que cette dernière ne s’enfle pas sous le poids que l’on voudrait donner aux personnages dits "importants" éventuellement rencontrés.

On espère que cela intéressera les générations suivantes de savoir d’où ils viennent, mais, quand son plaisir est dans la recherche et les enquêtes, alors on se met à craindre de lui avoir "volé" une partie de l’intérêt de ce legs...

Le texte ci-dessous montre, je l’espère, que cette "pyramide" peut être utilisée comme base de départ à plein d’explorations enrichissantes, drôles ou sérieuses.

Et puis, elle s’élargit tellement au fil des générations et les ressources mises en ligne s’enrichissant d’année en année, il en restera toujours à faire...

Une saga familiale : quand un arbre se cherche un destin

En Limousin, en 1725 un nommé Jean DELARBRE (comme son père), né 20 ans plus tôt au Mars (« Les Mars, Creuse ») dit « Oui » devant monsieur le curé, pour pouvoir se développer auprès d’une Antoinette DUPUY, demoiselle du village de 4 ans son aînée.

Aujourd’hui on se dit : « Quelle prémonition du réchauffement climatique ! ».

Ils eurent 4 filles et 3 garçons.

Le mardi 12 janvier 1762, toujours aux Mars, à presque 24 ans leur rejeton n°5, Jean DELARBRE épouse Anne BEAUCHENE de 5 ans sa cadette. Cet arbre avait pour un temps trouvé son destin.

Cette union fut solide et, confiants, ils ne prénommèrent aucun de leurs enfants « Zéphirin [1] »...

Fin 1804, Anet DELARBRE, lui aussi un n°5, épouse une dijonnaise, l’arbre se retrouve entouré de vignes, la greffe prendra-elle ? A long terme non, mais cette branche restera quand même enracinée en Bourgogne pendant 3 générations, c’est à dire jusqu’à la seconde moitié du 19e siècle.

En février 1837, un fils d’Anet, Michel DELARBRE se marie à Dijon où il se fait tonnelier.
En hommage à sa grand-mère Anne, il choisit soigneusement de beaux chênes pour les fabriquer...

Le mardi 29 juillet 1890, une de ses petites-filles abandonne la Bourgogne et va se marier à Bordeaux : Émilie DELARBRE épouse Anatole LOLIVIER, mais l’honneur vinicole est sauf car il est entrepreneur de travaux publics. Avec son nouveau nom, Émilie se sent en paix...

Jeune veuve de presque 32 ans, elle épouse un veuf de plus de 49 ans. Ils n’eurent pas d’enfant mais elle adopta les deux grands rejetons générés par son mari une vingtaine d’années auparavant. Elle ne sait pas encore qu’ils seront négociants en vins de Bordeaux...

Le lundi 18 octobre 1897, à la mairie du 3e arrondissement de Paris, une nièce d’Émilie renforce ces liens : Berthe DELARBRE épouse Louis LOLIVIER, un des 2 fils d’Anatole (!) et également négociant en vins.

De cette nouvelle bouture et par de successives montées de sève, cette union engendra 3 petits oliviers, dont seul le garçon, mon père, né à Paris, maintint le nom.

C’est ainsi que cette dernière DELARBRE devint la mère des LOLIVIER parisiens...

De l’olivier de la paix au partage du pain [2]

Il se trouve que, du côté maternel cette fois, un ancêtre du 18e siècle avait besoin de bois pour exercer son métier.

Comme pour toute belle histoire, j’avoue que je force ici un peu la réalité car il était marchand de fer mais ne le forgeait pas lui-même...

C’est ainsi qu’au milieu des années 1750, deux parisiens, Pierre Nicolas DUCHAUFFOUR et Denise Catherine DUBOIS se marient.

Elle s’enflamma pour lui et lui donna entre autres un fils, Louis Nicolas, qui engendra 4 enfants, dont Alexandre Alfred (1805-1872).

La gourmandise, ou quand une boulangère et un four s’associent

A Laon, le dimanche 23 septembre 1838, cet Alexandre Alfred DUCHAUFFOUR épouse la picarde Louise BOULANGER.

Elle a 18 ans bien entamés et gourmande de caractère, ensemble ils font 3 petits chauds fours.

Est-ce pour faire plaisir à sa mère ? l’aînée Amélie DUCHAUFFOUR épouse Amédée PAIN à Jouy-le-Comte (Val-d’Oise) le lundi 28 février 1859 et comme elle, le choisit de 11 ans plus âgé.

Avec un peu de savoir faire rapidement acquis, ils eurent l’année suivante un petit Henri, qui hélas resta fils unique, le moule ayant peut-être cassé.

Il vécut vieux et ne se maria qu’à 80 ans...

Le 3e, apporta aussi sa contribution en épousant une demoiselle CARPENTIER, peut-être en vue de récupérer des chutes de bois.

Louise pouvait enfin recevoir son petit pain à domicile, de plus, il fut au lait la première
année !

Évidemment, l’interprétation de ces rapprochements n’a rien de scientifique, d’aucuns la trouveront franchement loufoque [3] et plutôt faite pour les fins de banquets, mais au moins elle souligne que le hasard est parfois farceur...

Un raté et une (tentative de) morale

Ce qui suit est bien court, car c’est la fin de l’article de même titre paru le vendredi 22 novembre, qui a été tronqué (version N-1 diffusée à la place de la N)

Se procurer de la farine en famille

Le 6 août 1703, à Bagnolet, Pierre l’aîné GRAINDORGE épousait une Marguerite FAUCHEUR ! Bonne complémentarité, mais c’était plus d’un siècle trop tôt pour s’associer aux couples BOULANGER-DUCHAUFFOUR et PAIN-DUCHAUFFOUR...
Cependant une deuxième chance allait se présenter :

En 1857 Bernard BERNARD, issu comme son nom l’indique d’une lignée de bè-ègues, compta fleurette à une Ma-arguerite GRAINDORGE, qu’il appela d’emblée « Mon coeueur en su-sucre » (d’orge évidement).
Il aimait en elle cette improbable association de graine et de fleur.
Ils se dirent sans hésitation « oui » (pour elle) et « ou-oui-i » (pour lui) le 22 septembre au
mai-maire de Ba-a-gnolet.

Malheureusement, il était marchand de primeurs et ne put fournir de farine à ses contemporains, les BOULANGER – DUCHAUFFOUR - PAIN.

La morale de ces destins ?

Comme dans les fables de La Fontaine, essayons d’en tirer un leçon :

Ce n’est pas tout de trouver LE bon parti, de sceller LA bonne union, il faut aussi choisir LE bon moment...

Évidemment, l’interprétation de ces rapprochements n’a rien de scientifique, d’aucuns la trouveront franchement loufoque [4] et plutôt faite pour les fins de banquets, mais au moins elle souligne que le hasard est parfois farceur...


Psycho-généalogie : Étude des relations inconscientes entre/sur plusieurs générations.
Onomastique : Pour les uns, du grec : « Relatif aux noms propres, à leur étude », mais,
pour d’autres, du franglais « Oh, no mastic ! ». Ex. « ces destins peuvent être digérés sans mastication préalable ».


[1« Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphyr » (Le chêne et le roseau).

[2« Le pain, la liberté et la paix » - Discours de Maurice Thorez à Boulogne-Billancourt le 2 septembre 1936.

[3« ...icelle faulse union loup-phoque en terre de glace estoit demoniacle » (anonyme XVe S).

[4Comme dans « ...icelle faulse union loup-phoque en terre de glace estoit demoniacle » (anonyme XVe S).

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24 Messages

  • Bonjour,
    Vos anecdotes sont savoureuses !
    Je ne débute mon arbre que depuis quelques semaines seulement, et votre article me motive à regarder de plus prés dans ma famille ces unions de noms improbables et cocasses...( avec mon patronyme, j’en trouverai très certainement )
    Bonne continuation !
    Jean-Marc FUMET

    Répondre à ce message

  • j’aime bien vos articles sur ces noms qui racontent une histoire de noms qui se complètent quelque part c’était cocasse quelquefois mais la France est riche d’imagination tant mieux et merci pour ces compléments qui se marient si l’on peut dire !!!!!

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  • Un nouveau rapprochement onomastique pour alimenter votre collection qui ne manque pas d’humour mais peut-être aussi de gêne, le hasard fait parfois bien les choses ou pas .....

    Parmi mes proches ancêtres :
    Le couple LABOURÉ - FROTTÉ dont les parents se nommaient :
    LABOURÉ - LAFORÉT

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  • Enfin un peu d’humour (tout à fait involontaire bien sûr) sur un monument officiel où l’on ne s’attend pas à en trouver.

    Sur le monument aux morts de la guerre 14-18 de la commune de Plombs dans la Manche, on peu lire l’inscription suivante :

    "Aux soldats de Plombs, la patrie reconnaissante"...

    Répondre à ce message

  • J’ajoute ces deux couples de mes ancêtres :
    Nicolas Husson a épousé Françoise Lendormy.
    Son fils, également prénommé Nicolas, a épousé Elisabeth Réveillé.

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  • Bonjour,

    Votre article m’a bien amusée. Merci de l’avoir rédigé.

    Michèle Cochelin

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  • Une forme de psycho-généalogie : les rapprochements onomastiques 23 novembre 20:25, par Isabelle Chevallier

    Bonsoir,

    j’ai parmi mes ancêtres les couples suivants :
    Jacques Patoureau/Pastoureau et Madeleine Chèvre
    Noël Lechat et Marie Gouttière

    Les rapprochements peuvent survenir bien entendu dans d’autres circonstances. Exemple survenu dans une classe de collège de ma mère où elle avait pour camarades entre autres Nicole Toulmonde et Annie Personne. Un professeur avait demandé aux élèves qui avaient choisi telle ou telle matière de lever la main, afin de noter les noms :
    Nicole : Toulmonde !
    Annie : Personne !
    Professeur : Et alors ! C’est tout le monde, ou c’est personne ?!

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  • J’ai des exemples similaires dans mon arbre, mais ceux qui me viennent spontanément : un plombier nommé Deleau et un dentiste nommé Hodent...

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  • Une forme de psycho-généalogie : les rapprochements onomastiques 23 novembre 13:15, par Michèle de SAINT GERMAIN

    Lorsque j’étais au lycée dans les années 1966 / 1968, il y avait, entre autres, deux "pions". Ils ont fini par se marier ; ils s’appelaient Monsieur TACHAUX et Mademoiselle GEOFFROY.
    En espérant que leur amour n’a pas tiédi dans les années suivantes.

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  • Une forme de psycho-généalogie : les rapprochements onomastiques 22 novembre 23:18, par Jocelyne Cathelineau

    Bonsoir
    Je ne sais s’ils l’ont fait exprès, mais le père de Louis Bouquet (qui était mon beau-père) et se prénommait Pierre, je crois, avait épousé une demoiselle Stéphane (pas Stéphanie) Secq.
    Donc, les deux fils, Pierre et Louis, étaient des Bouquet-Secq.
    Sur une tombe près de Montendre j’ai lu : Famille Achat-Bijou.

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  • Une approche originale de la généalogie (Et pourquoi pas, en effet !) avec humour et légèreté.Très agréable à lire et sûrement, au-delà du jeu avec les noms, quelques rencontres qui devaient inévitablement se faire parmi vos aïeux.

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  • Bonjour.
    J’ai eu beaucoup de plaisir à lire ce texte amusant sortant de l’ordinaire.
    Dans mon arbre généalogique où certaines branches remontent à 10 générations je n’ai pas de rapprochements de ce genre, je me suis amusé, à l’inverse, à penser que cela aurait pu... mais...
    Jules BARBIER ne l’était pas, il était épicier.
    Marie BLANCHEMAIN était elle une innocente jeune fille ?
    Marie Jenne BONTEMPS en prenait-elle ?
    Marie Joseph BOULANGER mariée à LERQUET, employé à l’octroi mais pas à un BONPAIN, dommage. Juliette DAMEROSE avait-elle bon tain ?
    J’ai un boulanger de métier mais il s’appelait DE LARBRE.
    Mademoiselle BAUDET se prénomme Perrette mais pas Anne.
    François CORNU a t’il était trompé par son épouse Marie MIDOUX ?
    LEVEQUE Benoit était douanier royal et jean Baptiste FRUIT était sergent...
    Rien d’amusant.
    J’arrête là mes digressions.
    Cordialement.
    JP

    Répondre à ce message

  • Bonjour,
    j’ai adoré l’humour de votre texte ! il faut se rappeler que les noms de famille ont été donnés souvent en fonction du métier de l’individu, et comme souvent le fils continuait l’activité du père !
    Ma famille paternelle est dans le commerce depuis le 16e siècle !
    A vous relire
    Françoise J

    Répondre à ce message

  • Bonjour à tous,
    En ce qui me concerne et donc sûrement d’autres personnes, j’ai remarqué d’une façon vraiment importante que les enfants de notre famille (mes frères et autres cousins) se retrouvent très souvent sur les chemins parcourus par nos ancêtres !
    UN frère, étant parti du Bourbonnais en région parisienne, a acheté un appartement en Essonne où toute sa famille habite depuis les années 1970. Or, en faisant notre généalogie, j’ai trouvé que ,par notre grand-père assisté, nous étions déjà dans ce qui est devenu "Essonne" dans de nombreuses petites communes, la plus importante concentration d’ancêtres étant à Pussay !
    Notre maman italienne, a des cousins de sa famille italienne,en Yvelines. Récemment, la fille de mon frère de l’Essonne , a acheté une maison en Yvelines , dans le même "coin" à Essarts-le Roi !La maison est très proche de celle de notre cousine italienne, sans rien connaître de cette cousine, c’est moi qui ai appris à ma nièce la parenté !
    J’ai des tas de coincidences à un niveau incroyable !
    Je pense que parmi les lecteurs, d’autres ont fait les mêmes constatations que moi

    Répondre à ce message

  • Un article distrayant d’unions bien assorties. Des pépites que nous réservent nos recherches.
    Merci pour cet agréable moment
    Nicole

    Répondre à ce message

  • Dans le même style, par chez moi nous avions un couple de bouchers, charcutiers et traiteurs qui s’appelaient
    Monsieur LEVEAU et Madame BOUDIN. Le destin est vraiment farceur parfois.

    Répondre à ce message

    • Bonjour, en parallèle de ces associations, les aptonymes interrogent aussi. Je suis allé au lycée avec une élève qui s’appelait Bombois et dont le père était...menuisier et un autre dont le père était maraîcher-grainetier et qui s’appelait Légume ! A Paris,bd St Marcel, il existait une boucherie-charcuterie tenue par un certain monsieur Boudin !Nous avons tous ce modèle d’association dans nos connaissances et ces associations ne sont pas innocentes.
      Cécil Larochelle

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  • Une forme de psycho-généalogie : les rapprochements onomastiques 22 novembre 10:28, par jacqueline Besson-Le Huédé

    Un grand merci pour votre sympathique article !
    Dans ma famille, ce n’est pas mal non plus : il faut dire que mon grand-père maternel s’appelait "MANGE" ; je vous laisse imaginer toutes les possibilités : un de mes cousins à épousé une demoiselle MOUREZ (les familles MANGE et MOUREZ : tout un programme !)
    Du côté paternel nous avons aussi quelques pépites : une de mes cousines BESSON à épousé un monsieur THOUAULT.

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  • Une forme de psycho-généalogie : les rapprochements onomastiques 22 novembre 09:49, par Béatrice Sperandeo

    Bonjour,
    J’attends avec fébrilité le vendredi pour vous lire.
    Quel bonheur de lire ce texte ! Au cimetière, la tombe voisine de mes parents et grands parents, se trouve un couple Maurice JESUS époux de Suzanne DIEU ! Le cimetière est une source de trouvailles. J’ ai noté Michel BOULET époux de Fabienne ROCHON ou plus coquin Marcelle HEIM épouse de Robert LEQUEUX. Il serait intéressant de connaître leur parcours de vie ! Merci de rendre le vendredi une bonne journée

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  • Est ce bien le hasard ? En tout cas, merci pour cet article très sympa qui fait sourire de plaisir.

    Répondre à ce message

  • Savoureuse, cette recherche de racines pour le pain quotidien...Bravo !

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  • Bravo pour votre humour, un regard sur la généalogie qui donne le sourire

    Répondre à ce message

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