L’année 1691, Catherine Palayret, fille à feu Guillaume dit « pistoulet », du village de la Rivière, paroisse de Panat, marié à Bournasel et âgé de 35 ans, disait voir feu son père qui était mort le 22 décembre 1678.
M’ayant fait prier par son frère, Guillaume Palayret, et par sa mère, par diverses fois, de leur faire une neuvaine pour l’âme de leur père, je n’ajoutais pas foi à ce qu’elle disait en voyant son père en figure de chien, en forme d’homme, et qui lui avait parlé ;
son mari, cordonnier de Bournasel, m’étant venu me trouver et me priant de vouloir faire une neuvaine, je dis que je ne croyais rien de tout ce que sa femme disait, mais qu’on me donnat des marques si on avait besoin de prières,… ce qui arriva.
Le premier mars 1691, je trouvai sur la table de ma chambre la marque du pied d’un homme auquel pied il n’y avait que quatre doigts, ainsi qu’était le pied de Guillaume Palayret, dit « pistoulet » étant vivant.
Le deux mars, je me dis avant de me coucher que la marque que j’avais trouvée sur la table n’était pas satisfaisante, et que je n’en croyais encore rien, mais qu’on m’en donnat une seconde. Je trouvai alors la marque du pied déposée sur la même table, à l’opposé de celle du jour précédent, que j’avais effacée.
J’appelle maître Albouy, sa femme, Blaise Roux, et plusieurs autres habitants, et leur faisant voir cette marque, leur fis le récit de ce qui m’était arrivé le jour précédent.
En présence de tous ces habitants, je dis que je ne croyais encore rien, que je voulais une troisième marque ; à quoi ils s’opposent disant que j’en avais assez.
Le trois mars, je trouvais sur la même table les marques de deux pieds avec, manquant au pied droit le gros doigt tout comme il m’avait paru la première fois et comme « pistoulet » l’avait ,disait-on de son vivant.
Le lundi suivant, je priai messieurs les curés du voisinage, et je fis la neuvaine avec toute l’exactitude possible. J’écrivis à Mr. Le curé de Bournasel de m’informer si ladite Catherine Palayret n’avait rien reçu depuis que j’avais vu les marques ; elle me répondit qu’elle n’avait pas revu son père ni sa figure de chien depuis le premier mars, jour où j’avais trouvé une marque du pied droit sur ma table.
Après plusieurs sollicitations des parents de vouloir faire une neuvaine - à quoi je résistai fort - mais ayant reçu les marques trois jours de suite, comme demandé, je n’ai plus douté qu’il n’y eut quelque chose d’extraordinaire.
Signé : BOERY, curé de Panat.
Extrait du registre d’État Civil de la paroisse de Panat.
Note : Cette extraordinaire mention insolite, découverte par Georges Bélières dans les registres de Panat en Aveyron, fait écho à une autre trouvée dans les registres de Léaz dans l’Ain et publiée ici : Des bruits suspects dans la cure : une histoire de revenant en 1692. Un an à peine sépare ces deux histoires, ce qui souligne que l’époque était alors sensible aux apparitions de défunts... ou aux mauvaises plaisanteries.
Cet ouvrage, étude inédite, se propose de vous faire découvrir quelques-unes de ces mentions insolites et de vous en montrer la richesse historique et généalogique. Il répond à bien des questions au sujet de ces textes insolites qui parsèment les registres paroissiaux : Pourquoi certains curés notent des mentions insolites ? Que nous apprennent-elles sur la vie quotidienne de nos ancêtres ? Comment repérer, déchiffrer, transcrire et commenter ces témoignages du passé ? Comment les utiliser pour compléter notre généalogie et l’histoire de notre famille ou de notre village ?
Il s’agit du premier numéro de Théma, la nouvelle collection d’histoire et de généalogie.