Voici un texte du philosophe anglais John Locke, un gentilhomme protestant qui vécut en France de 1675 à 1679. Il voyagea surtout en Provence et en Languedoc et il séjourna notamment à Montpellier, à Lyon et à Paris.
- Extrait de la Revue de Paris
« Il avait coutume d’inscrire chaque soir sur ces tablettes les observations qu’il avait faites pendant la journée. (...) On trouve dans le journal de Locke un grand nombre de recherches sur l’histoire naturelle, de documents purement statistiques, de détails sur les poids et mesures, sur les procédés d’agriculture et d’industrie usités en France à l’époque de son voyage. (...) Gentilhomme anglais et protestant, il a été témoin des magnificences de Versailles ; il a vu danser le roi avec Mme de Montespan ; et ce qui l’a frappé surtout, ce n’est pas la splendeur de ces fêtes, mais le mauvais état des routes, la malpropreté des auberges, la misère du paysan, l’onéreuse répartition des impôts, l’iniquité des enrôlements, le vide pompeux des thèses de Sorbonne, et cette vanité des costumes et des cérémonies qui s’était répandue dans tous les rangs de la nation. (...) Dans ce temps où Versailles et Marly étaient tout et absorbaient l’attention de l’Europe, on aime à savoir qu’un homme et un étranger s’occupait encore des villages de France et de leurs habitants ruinés ; et, détournant ses regards du luxe de la cour, les reportait sur les châteaux abandonnés par leurs maîtres, sur ces cabanes sans fenêtres et sans toit, demeures de la population noble et de la population agricole. »
Dans l’extrait suivant, Locke nous décrit les manières particulières des sergents recruteurs en Languedoc :
« 1er février 1676. Montpellier. Grand tumulte dans la rue. Un recruteur avait glissé adroitement quelques pièces d’argent dans la poche d’un paysan, et, sous prétexte qu’il avait reçu l’argent du roi, les soldats voulaient emmener de force ce malheureux. Une foule de femmes du peuple et de la campagne se sont ameutées ; elles ont arraché ce paysan des mains des soldats. C’est un stratagème fort usité ici : on entraîne un homme du peuple au cabaret ; on le fait boire à la santé du roi. Il est soldat. »
Bibliographie :
- Voyage de Locke en France, de 1675 à 1679, extraits traduits in Revue de Paris, tome XIV, 1831 (Disponible sur Google Livres).
Note : Des extraits du journal de Locke ont été publiés par les Nouvelles Presses du Languedoc sous le titre Carnet de voyage à Montpellier et dans le sud de la France 1676-1679. |