"Le peuple de cinq ou six paroisses, qui était assemblé chacun en son particulier, ayant à leur tête celui qui était préparé pour lutter. Celui-là, qui en avait un autre en tête vis-à-vis de lui, s’avançait à mi-chemin et, étant proches, se faisaient civilités l’un à l’autre en disant que c’était beaucoup d’honneur à lui d’avoir affaire à un homme qui fût en si bonne estime. L’autre répondait à propos, et promettaient tous deux, touchant à la main l’un de l’autre de ne point user de supercherie et de ne se prendre point par aucune partie du corps qui fût défendue... Ils s’éloignaient l’un de l’autre d’environ 10 ou 12 pas, et demi courbés, s’avançaient peu à peu pour venir aux prises, et faire faire le saut que l’on appelle le saut de breton, qui réussissait à quelques-uns. Et quand cela était, que le vainqueur pouvait jeter le vaincu tombant sur le dos, tous ceux de son village allaient au-devant de lui avec des hautbois pour le couronner en signe de victoire. D’autres fois, le combat était si opiniâtre que les champions perdaient l’haleine et ruisselaient de sang..."
D’après Les Mémoires du comte de Souvigny (1618-1660), S.H.F., Paris, 1906.