Votre interrogation est teintée d’anachronisme. Il faut toujours se référer au sens des mots au moment où ils sont utilisés et pas forcément dans leur sens actuel. En l’espèce, il faut donc se situer vers 1734.
À l’époque, un ermite est avant tout un religieux (d’où, ici, son enterrement dans la chapelle et pas avec le commun des mortels). Généralement, c’est un moine qui a reçu une dispense de son abbé ou de son prieur afin de vivre une vie semi-solitaire. Son ermitage peut être adossé au monastère, c’est-à-dire situé sur le domaine principal où réside la communauté mais en retrait des bâtiments principaux, ou il peut se trouver sur une terre appartenant audit monastère mais située sur une autre paroisse. Vous aurez remarqué que le curé ne dit pas si le défunt était un de ses paroissiens. On ignore donc où se trouvait l’ermitage. On sait seulement que Pierre LANOÜE est mort et enterré à Cuzance.
Vivre en ermite, c’est seulement vivre religieusement, en isolement de la société. Techniquement, un ermitage pourrait se trouver en pleine ville... De même, il faut éviter un autre cliché : on pouvait vivre à plusieurs dans un ermitage. Sans vivre les uns sur les autres, on pouvait au moins savoir si l’autre était en bonne santé ou malade. Si un autre moine vivait dans l’ermitage, il pouvait lui-même administrer les soins et les derniers sacrements. Vous noterez que le curé dit seulement que LANOÜE a reçu les derniers sacrements. Il ne dit pas formellement que c’est lui qui les a administrés ; il peut s’être contenté d’établir l’acte de sépulture en même temps qu’il procédait à l’inhumation en terre consacrée.
En toute hypothèse (s’il résidait seul et sur la paroisse de Cuzance), vivre dans un endroit retiré, ce n’est pas forcément vivre très loin du monde. Le causse de Martel ce n’est pas l’Himalaya, Cuzance se traverse de part en part en moins de deux heures de marche. Sauf mort soudaine, l’intéressé n’allait donc pas mourir sans chercher à recevoir les derniers sacrements s’il sentait sa fin prochaine.
Vivre en ermite, ce n’était pas vivre terré au fond des bois, niché dans un fourré sans jamais voir personne... Et malheureusement, les registres de l’époque sont également plein de gens qui mourraient sans avoir dépassé la trentaine.
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