J’ai eu l’occasion d’effectuer, lors d’une récente visite à Arbois dans le Jura, un relevé des passeports détenus aux archives municipales de 1792 à 1897. Les passeports furent des documents obligatoires contrôlés par la police qui permettaient aux autorités de suivre les migrations, ce n’était pas sans arrière pensée, pas de passeport pas de travail. les municipalités consignaient sur un registre numéroté les créations, renouvellements et paraphaient les passeport de passage. Ces documents à l’instar des livrets d’ouvriers (moins utilisés, 259 livrets pour 7500 passeports) contenait beaucoup de renseignements, nom et prénom, âge ou année et lieu de naissance, profession, signalement, lieu et dates de départ et de passage, malheureusement pas de photos ni de codes barres ! Heureux les historiens qui dans un siècle ou deux tomberons sur nos cartes infalsifiables ou nos disques dur !!
Bon, revenons en à nos migrants, j’ai consulté les 7500 souches des registres desquels j’ai extrait les renseignements les plus intéressants sur nos migrants du Massif Central soit 85 individus les voici classés par professions :
Nul doute qu’Arbois ait été un carrefour important sur la route migratoire vers l’est avant l’arrivée du chemin de fer. On peut compter sur les doigts d’une main les migrants du Massif Central passant à Arbois après 1857.
Les cordonniers du Jura
Quelques-uns le firent tel mon ancêtre François Monange. Il était né à Latronche en 1846 et par une filière que j’ignore encore, il passa plusieurs fois à Arbois avant de s’y établir en 1866. Auparavant il était revenu au pays pour y épouser en 1865 Delphine Pradelle à Latronche. Il est plus facile d’être deux pour démarrer un commerce, l’homme à l’atelier et sur les routes, l’épouse à l’échoppe et au ménage. Il louèrent une échoppe 22 grande rue ou ils firent commerce de la cordonnerie et de la réparation et la vente des parapluies d’Aurillac. Il y avait du travail car c’était la fin des "baleines" en fanons, ils étaient quasi introuvables et le début des tringles en bois armé de laiton. Une fille Rose Eugénie naquit en 1868 de cette union mais Delphine mal remise de ses couches décéda en 1871. François fut un peu dérouté et pris une échoppe plus petite 17 rue Dessous. Il retourna au pays pour reprendre épouse à Latronche en 1873 : l’heureuse élue s’appelait Catherine Breuil. Ils reprirent le commerce. Sa réussite courut la campagne au pays si bien qu’un autre François Monange s’y installa. Il était né à Sérandon en 1868 fils de Jean, maire de Sérandon. Après un passé de cordonnier ambulant, il s’installa 17 rue Mercière, en plein centre, avec son épouse Marie Borde qui tint boutique avec lui.
Il faut noter que Rose Eugénie dont j’ai parlé plus haut épousa en 1887 à Latronche François Valibus de Lamazière-Basse cordonnier lui aussi qui s’installera à Morbier dans le Haut-Jura.