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La dynastie Vaux et les parapluies de Saint-Claude

Réflexions sur les migrations des ouvriers et artisans originaires du Massif Central

Le samedi 1er septembre 2001, par Jean Monange †

A partir du XIX° siècle, avec le développement de l’industrie, l’horizon de nos ancêtres ne se limite plus à l’espace du village ou du "pays". Pour des raisons diverses, les migrations se font plus nombreuses. Jean Monange nous livre ses réflexions sur le sujet.

Comment ne pas parler de la dynastie de Pierre Vaux inséparable des parapluies de Saint-Claude. Vaux, mauvais élève de la classe de Palisse, il est aujourd’hui le premier, ou presque, comme dit Degrenne.

Baptiste Vaux est petit paysan à Palisse en 1880 ; il a épousé Marie Groslier à la même date et ils ont de nombreux enfants. Pierre, un de leurs fils né en 1892 à Palisse, est paysan lui aussi, marié en 1919 à Joséphine Terreygol il vivote et ronge son frein. Un oncle de son épouse, un certain Beynette, est lui bien établi à Bourg-en-Bresse où il vend et fabrique des parapluies : il est bien assis et fortuné. Il prévient Pierre son neveu qu’il y a, à Saint-Claude dans le Haut-Jura, une boutique de parapluies à vendre. Pierre hésite : comment faire sans argent ? Les banquiers ne lui prêteront pas à lui un petit paysan. La solidarité Corrézienne va jouer une fois de plus : Beynette va prêter à Pierre les fonds pour acheter la boutique et le matériel : à charge pour Pierre de vendre les parapluies et les chaussures de son préteur.

Beynette a établi une filière cuir et tannerie avec le Cantal, et une filière soulier avec Romans. Pierre démarre en 1920 et cela marche fort, très fort, quelques années plus tard il achète une seconde boutique : dans l’une la cordonnerie et les chaussures et dans l’autre les parapluies et la maroquinerie.

Pierre qui mène grande vie meurt dans un accident d’auto en 1932 : il roule à brides abattues, loupe un virage et s’écrase dans un ravin.

C’est la catastrophe, son épouse Joséphine est seule pour gérer son affaire car leur fils Pierre, né en 1926, n’a que six ans ! Joséphine avec beaucoup de courage s’y attelle et réussi fort bien. Elle rachète même en 1936 un ensemble de maison, 26 rue du pré, en plein centre ville.

Pierre se marie en 1948 et démarre la fabrication de parapluies dans une ancienne imprimerie rue du Collège, tout à côté. Il a trois ouvriers, tout est manuel, on fait du parapluie sur mesure et à la demande. Pierre assure la gestion et la vente en gros. Il sillonne le département et engrange les commandes. Elles affluent du département et d’ailleurs. Les femmes, mère et épouse, tiennent les deux boutiques : on est fabricant, grossiste et détaillant, une vraie entreprise intégrée ! Le succès est tel qu’il faut investir dans un matériel mécanique. Il sera fourni par l’autre fabricant et ami, originaire lui aussi de Corrèze : Neyrat d’Autun et de Chalons-sur-Saône. Il faut s’agrandir ce sera fait rue Voltaire en 1976. Le matériel est installé, la production décuplée, l’usine embauche. Puis il faut de nouveau pousser les murs : un nouveau bâtiment de 2500 m2 est construit dans la zone du réseau commercial sur la route de Lons-le-Saulnier en 1988. L’entreprise Pierre Vaux est devenue une des quatre plus importantes de l’hexagone et peut-être d’Europe : trois cent mille parapluies, dont un bon tiers de luxe sortent de l’usine de Saint-Claude.

J’ai rencontré récemment Pierre Vaux que la réussite n’a pas affecté, c’est un homme charmant et affable qui est resté simple comme les gens du "pays", d’ailleurs il en parle avec de tels accents que c’en est émouvant. 


Merci au Syndicat des Cochers-Chauffeurs de Taxi, au service culturel de la mairie de Meymac, à Monsieur Curlier archiviste de la mairie d’Arbois, à Jean Fualdes, à Pierre Vaux fabricant de parapluies à Saint-Claude, à Marie Louise Monanges épouse de cordonnier marchand de parapluie à Quingey et aux auteurs des ouvrages suivants qui m’ont permit d’écrire cet article :

  • Marc Prival, Les migrants de travail d’Auvergne et du Limousin au XXe siècle, IEMC Clermont-Ferrand 1979.
  • Roger Girard, Quand les Auvergnats partaient conquérir Paris, Fayard 1980.
  • Jean-Claude Roc & Huguette Pagès, Migrants de Haute-Auvergne, Watel 1994.
  • François-Paul Raynal, Les Auvergnats de Paris, Revue L’Auvergne, littéraire, artistique & historique N° 86 1936.
  • Marc Prival & Madeleine Jaffeux, Artisans & Métiers d’Auvergne, Société d’Ethnographie du Limousin Bulletin 56/58 1975.
  • Abel Poitrineau, Remues d’hommes, les migrations montagnardes en France au 17è/ 18è siècles, Aubier/ Collection historique 1983.
  • Jean Anglade, La vie quotidienne dans le Massif Central au XIXe siècle, Hachette 1971.
  • Hebdomadaire "L’Auvergnat de Paris".

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