Encore des Monange me direz vous, j’ai aussi rencontré à Besançon Marie-Louise Monanges qui du haut (elle est toute menue) de ses quatre-vingt-douze ans raconte ses souvenirs avec une vivacité de corps et d’esprit que l’on en a envie de finir tous Jeanne Calmant.
Marie-Louise Compagnon a épousé en 1928 Paul Monanges né à Quingey en 1905. Comment était-il arrivé là ? Son grand-père Antoine Monange était en 1860 cocher au Château de Marèges situé sur le coteau est de la Dordogne, il en devint intendant en 1871, ce qui explique qu’il n’ait pas grossi la troupe des cochers émigrés à Paris.
- Le mariage de Marie Louise et Paul le 10/11/1928
à Quingey devant l’hôtel Restaurant Central
Il se remaria, après le décès de sa première épouse Marie Roussange, en 1871 avec Marguerite Mazeiras elle-même cuisinière au Château. Jean Monanges, futur beau-père de Marie-Louise fut leur dernier enfant, il naquit donc à Chirac en 1879. Il était le cadet des six enfants d’Antoine, fouette cocher !. Notons au passage que le premier époux de Marguerite, Jean Monange, de Liginiac, décédé à vingt-cinq ans avait été vitrier ambulant.
Donc Jean Monanges, le cadet, émigra comme cordonnier ambulant dans le Jura. Il fut ouvrier cordonnier sédentaire tout d’abord à Arc & Senans, puis à la cordonnerie Dody à Quingey dans le Doubs. Il fut tellement habile, à tous points de vue, qu’il épousa la fille du patron Jeanne Marie Dody en 1905. Ils eurent un fils Paul Monanges, né aussitôt, qui grandit dans la cordonnerie materno-paternelle. Il se maria en 1928 avec Marie-Louise et un peu fatigués du cuir et du tanin ils ouvrirent une épicerie à Quingey l’année de leur mariage.
- La cordonnerie Dody de Quingey en 1904
Paul meurt prématurément en 1941, il laisse à sa veuve son commerce et deux garçons, Jean âgé de onze ans et René de huit ans. Nous sommes en pleine guerre, il faut survivre, courageusement Marie-Louise va tout assumer, l’épicerie, les tournées dans la vieille camionnette, l’éducation des garçons et même la continuation des passages clandestins de l’autre côté de la ligne de démarcation, au péril de sa vie. Elle estimait de son devoir de continuer cette action entreprise par son Paul. Les enfants grandissent et elle soigne leur éducation, l’aîné sera Chef de Clinique à l’hôpital public de Besançon, le cadet comptable.
Quelques années plus tard Marie-Louise achète une boutique dans le centre de Besançon ou René le cadet, bien formé par ses études de comptable, tiendra un commerce de machines à coudre et d’électro ménager. Marie-Louise qui a gardé toute sa vitalité y vient chaque après-midi tenir la caisse et discuter avec ses connaissances. J’ai besoin de voir du monde m’a t’elle dit. Elle reste aussi une excellent ménagère à en juger par l’excellent repas qu’elle nous avais préparé lors de notre visite. Elle aima tellement son Paul qu’elle s’est complètement identifiée à la famille Monange.