Mardi 11 novembre 1952…
Ce jour était férié, mais ce ne fut pas un jour de congé pour moi car ma classe avait été désignée pour rendre Le devoir de mémoire aux poilus de 14-18 devant le monument aux morts de Créteil.
L’annonce nous avait été faite la veille par notre vénéré instituteur Monsieur Louis Allezard.
- Louis Allezard.
Il n’avait guère été disert, mais nous avions bien senti que pour lui, vieux hussard noir de la République, la chose était de la plus haute importance et qu’il considérait que la mission qu’il nous confiait était d’importance.
Bien qu’il ne nous ait rien dit de « la » guerre, nous avions bien compris qu’il en avait été et sûrement pas planqué à l’arrière …
Le jour dit, muet et hiératique sur l’esplanade devant l’entrée du cimetière, il attendait sa bonne trentaine de mouflets endimanchés du mieux qu’il était possible en ce temps qui sentait encore trop les restrictions.
Il nous accueillit sans dire un mot et son silence nous disait bien qu’il était à la fois ici et ailleurs, qu’il était à la fois dans le présent et dans son passé.
Son attitude était si inhabituelle et si déconcertante pour nous qu’elle avait étouffé dans l’œuf toute velléité d’agitation de notre part : prostrés, silencieux et attentifs, nous observions l’aréopage d’anciens combattants des deux guerres bardés de décorations et arborant une nuée de drapeaux et d’oriflammes.
Bien sûr, il y avait le maire et ses édiles ; bien sûr, il y avait les gendarmes, les pompiers et les instruments de la clique municipale ; il y avait, bien sûr, tous les notables et il y avait en plus du monde, plein de monde, du monde tant et plus…
Cela faisait beaucoup, beaucoup d’adultes … et nous, nous n’étions que trois dizaines de gamins bien jeunots…
À l’heure prévue, le maire, assisté du capitaine de gendarmerie et du chef des pompiers, prit la tête du cortège et se dirigea vers le carré militaire qui jouxtait l’imposant monument aux morts. Nous, les mômes, nous attendions que l’esplanade se fut vidée de tous les participants.
Quand ce fut fait, sans rien dire, notre maître se dirigea à son tour vers le lieu de la cérémonie entrainant derrière lui sa nichée, mais nous ne rejoignîmes pas les adultes ; sa trajectoire dévia, il longea les tombes et il déposa régulièrement un de ses novices tous les quatre ou cinq sépultures.
Les yeux rivés sur celle qui lui était dévolue, chaque gamin tournait donc le dos aux adultes et était distant de quelques mètres de ses plus proches copains : notre posture ne différait donc guère de celle d’un cancre mis au piquet… De fait, nous n’étions donc pas spectateurs, mais seulement auditeurs et nous n’osions pas quitter des yeux la stèle du mort qui nous avait été assignée. C’est long, très long un tête à tête avec une épitaphe…
La commémoration commença avec les discours et la musique ; puis il y eut la sonnerie aux morts suivie de l’interminable litanie des prénom et nom de chacun des 270 poilus prononcés d’une voix monotonale et ponctuée de la lancinante et lugubre antienne « … mort pour la France ! » .
C’était flippant, très flippant et encore plus flippant quand on est un mouflet cantonné là, seul, avec comme unique horizon une épitaphe…
La cérémonie s’éternisa : cela nous paru long, bien long, très-très long avant que le cortège se remette en mouvement et rebrousse chemin vers l’esplanade.
Notre maître attendit patiemment que tout ce beau monde se soit dispersé avant de nous ramener dans le monde des vivants. Alors il nous libéra en prononçant une seule phrase : « Merci mes tatous [1]
Sauve-toi, la vie t’appelle (Boris Cyrulnik)
En un autre lieu et en d’autres circonstances, il y aurait eu la bruyante envolée de moineaux de toutes nos fins des cours ; mais là, il n’y eut ni les bousculades et bourrades habituelles ni les apostrophes et invectives ordinaires : nous étions médusés, stupéfiés, pétrifiés, sidérés par ce que nous venions de subir ; nous étions incapables de partager entre nous sur ce vécu douloureux ; chacun a fuit sans dire un mot, seul, de son côté…
Le lendemain, la reprise à l’école fut déconcertante : à croire qu’il ne s’était rien passé … notre maître resta muet sur le sujet : pas la moindre allusion ! Quant à nous, les enfants, nous n’aurions pas pu parler de l’indicible ; le tabou, tacite, s’imposa à chacun d’entre nous : nul n’en a jamais parlé.
J’ignore donc ce qu’il en fut pour mes condisciples ; mais moi, j’étais un gamin solitaire et très particulier, à la pensée en arborescences, totalement allergique à l’irrationnel et à l’injustice et même pas très convaincu que la cigogne qui m’avait amené m’avait déposé sur la bonne planète.
Quant à moi, mon séjour forcé et prolongé devant la stèle de mon poilu n’avait pas été une léthargie protectrice, mais une cogitation fébrile tous azimuts :
• d’abord mon attention s’était figée sur l’extravagance du carnage : mon Créteil à moi comptait environ 12000 habitants ; en 1914, il devait y en avoir environ 8000 … soit dans les 4000 mâles dont probablement la moitié en âge d’avoir été mobilisés … alors 270 « morts pour la France », ça fait 13 % des soldats… presqu’un sur sept !!! C’était monstrueux et pour moi totalement abscons.
• ensuite il y avait l’insupportable antinomie entre la théorie de notre éducation et la pratique des adultes : dans mon enfance, quand deux marmots se mettaient une peignée, il se trouvait toujours un adulte pour les séparer ( souvent en leur collant une beigne à chacun ) en clamant haut et fort que nous n’étions plus des gamins irresponsables … Deux moutards qui se coltinaient pendant quelques minutes, c’était donc inadmissible ; mais des millions d’adultes qui s’étripent pendant plus de quatre ans …
• surtout il y avait une double incongruité : l’apparente absence de prise de conscience par les participants de l’absurdité de cette guerre ignoble et surtout la fierté affichée des anciens combattants ; cette cérémonie était moins le devoir de mémoire rendu aux poilus décédés que la commémoration de « LA » grande victoire… la grande victoire, la fierté de la France…
• Enfin la présence, à cette cérémonie d’adultes, d’une trentaine de gamins me semblait inadaptée, au minimum inconvenante et même scabreuse : quelle en était la motivation ? Étions-nous sensés recevoir un message ?
Ce message était-il qu’il n’y a rien au dessus de la patrie ? Assurément notre hiérarchie affective personnelle n’était pas compatible avec ça et « mourir pour la patrie est le sort le plus beau, le plus digne d’envie » [2] n’était certainement pas recevable par des marmots [3].
Ce message était-il que nous avions atteint l’âge de comprendre la vie des adultes et de nous intégrer à la vie sociale ? Mais nous n’avions que 9 ans et ce rite de passage eut été bien trop prématuré tant pour nous que pour nos parents [4] ; les cérémonies initiatiques qui nous attendaient, nous savions que c’était pour bien plus tard : d’abord la communion solennelle à 12 ans et le certif à 14…
Pourquoi les adultes avaient-ils tant voulu notre présence ???
Voulaient-ils nous dirent que cette guerre, ils l’avaient faite pour leurs enfants, pour que leurs enfants… ? Et voulaient-ils nous dire que nous, les enfants de leurs enfants, nous héritions du devoir de mémoire à la multitude d’entres eux qui n’en étaient pas revenus ? Cela reviendrait à soutenir que nous, des mômes nés trois décennies plus tard, nous avions une part de responsabilité dans leur tragique destin…
• Et pourquoi étions-nous la seule classe concernée ?...
À ces questions, je n’avais aucune réponse rationnelle ; tout cela me paraissait totalement absurde, illogique et pour tout dire insane. Mais comment aurais-je pu parler de l’indicible et à qui ? Je ne fis donc aucune confidence à mes proches, pas même à mon frère ; oui, pas même à mon frère !
Devant ce traumatisme impossible à digérer, je n’avais aucune échappatoire…
En cette occurrence la survie passe très souvent par l’occultation totale ; j’ai eu cette chance.
Cette amnésie complète dura presque sept décennies.
Mai 2022, fantasme ou réalité ?
Mon inaptitude à supporter tout ce qui défie la logique et la moindre injustice expliquant suffisamment mon aversion, je ne crois pas que mon profond désintérêt ou plutôt ma répulsion pour les exploits guerriers et la chose militaire ait été induite ce jour-là par ce traumatisme de mon enfance. Quoi qu’il soit, je m’en tins le plus possible à distance (sauf, hélas, pour le service militaire).
Mais faire sa généalogie sans être rattrapé par cette foutue guerre de 14-18 relève de l’impossible ; inconsciemment j’ai longtemps évité de gratter de trop prés quand je tombais sur une victime de cette boucherie ; mais je me suis laissé piéger par un poilu qui n’était même pas vraiment des miens.
Au cours des recherches qui ont débouché sur la rédaction de mes deux derniers articles [5], j’avais appris l’existence de Désiré Cléty qui fut le premier compagnon de ma grand-mère, puis la reconnaissance de leur petite fille Henriette comme pupille de la nation. Cela impliquait que Désiré était « mort pour la France ».
Hélas, je n’ai pas su résister à la curiosité d’aller vérifier à Créteil s’il figurait sur le monument aux morts et si sa tombe se trouvait au carré militaire…
Dès mon arrivée devant le cimetière, j’ai ressenti que quelque chose clochait : au cours des dernières décennies, j’en avais, hélas, franchi les portes de nombreuses fois pour accompagner mes défunts ; mais pourtant je n’avais aucun souvenir du monument aux morts qui le jouxte … un édifice pourtant long de 8 mètres et haut de 7 !!!
… Oui, pendant toutes ces années mes yeux l’avaient scotomisé ! Alors, pourquoi cette occultation totale ???
Je ne me suis pas interrogé longtemps sur cet étrange comportement car, dès mon arrivée au carré militaire, mon passé remonta à la surface et me submergea : la barrière psychologique protectrice avait cédé et j’ai, à nouveau, subi dans son intégralité le choc traumatique de mes 9 ans.
Mais je n’étais plus le gamin fragile et démuni de ressources d’antan : fort de mon expérience de médecin, je savais qu’il était indispensable de ne pas garder ça par devers moi, mais au contraire d’en parler.
Tout naturellement, c’est auprès de mon frère que j’ai cherché l’aide dont j’avais besoin.
Il m’écouta sans m’interrompre avec la plus grande attention ; son silence s’éternisa, puis il me dit sur un ton étonné et teinté d’un peu de reproche : « mais, à l’époque, tu ne m’en as pas parlé ! » ; puis il me dit que, lui, il n’avait jamais été réquisitionné pour l’une de ces cérémonies et même qu’il ignorait totalement que les enfants des écoles y aient jamais été convoqués.
De notoriété publique, la mémoire de Christian est prodigieuse ; j’étais perplexe…
De cette période de mon enfance, il me reste deux amis très chers, victor hugoliens [6] comme moi, mais qui n’étaient pas mes condisciples en 1952 ; je les ai évidemment interrogés ; leur réponse fut identique…
Il me restait une dernière carte à jouer : Sylvianne, mon aînée de deux ans, ma tante pour l’état-civil, mais de facto notre sœur puisque que nous avons été élevés ensemble dès ma naissance.
Absente, c’est son fils Christophe qui me répondit au téléphone ; je lui ai raconté mon affaire qui l’intéressa fort et il me promit de l’interroger.
Le lendemain, Christophe m’a rappelé : « Tu n’as pas fantasmé : Maman m’a dit qu’elle a vécu la même chose quand elle était gamine et qu’elle aussi n’a jamais pu en parler à personne. »
Et Christophe ajouta : « Maman m’a même précisé que le nom sur la stèle de la tombe de son poilu était Chapelle … »…
Ahurissant ! Sylvianne se souvenait de ce nom plus de soixante dix ans après !!!
À l’évidence, comme pour moi, son traumatisme avait dû être terrible …
Évidemment, je me suis précipité sur internet : Wikipédia / cimetière de Créteil me livra la photo du monument aux morts ; en l’agrandissant je pus lire le 12e nom de la 2e colonne : ce nom, c’était … CHAPELLE !
J’ai continué mes recherches sur Généanet ; le relevé des tombes du carré militaire de Créteil donne accès aux clichés de 183 sépultures et l’une d’entre elles est celle d’Augustin Antoine CHAPELLE. Elle se singularise des autres par la présence d’une plaque ajoutée par sa famille il y a presqu’un siècle.
Donc il ne s’agissait pas d’un fantasme, mais bien d’une réalité !
La tombe du poilu Augustin Chapelle existe bel et bien au carré militaire de Créteil ; cela implique que la présence de Sylvianne à une commémoration de l’armistice des années 50 est patente ; la réquisition d’écoliers pour cette cérémonie était donc pratique courante en ce temps-là.
À l’évidence, ma réminiscence douloureuse n’était donc pas un fantasme, mais la résurgence d’un traumatisme psychologique bien réel datant de presque sept décennies.
D’aucuns trouveront que cet intervalle de temps est bien long et qu’il ne sert à rien de remuer les scories du passé ; mais l’option de la mise aux oubliettes de mon infortune n’était pas réaliste car elle ne tenait pas compte de deux données essentielles : d’une part le fait que ce second épisode n’est pas que la simple découverte passive de mon vécu ancien, mais un réel actif et présent traumatisme ; d’autre part la persistance, dans la structure psychique de l’adulte chenu que je suis devenu, des caractéristiques qui faisaient de moi un enfant hors normes différent de ses condisciples.
Les incohérences et les injustices qui écorchaient et révoltaient le petit mioche de mes 9 ans me hérissent et m’indignent toujours aujourd’hui avec la même intensité.
Ce nouveau traumatisme psychologique, je ne pouvais pas le passer sous silence et pourtant je ne pouvais pas l’imposer à mon entourage très majoritairement composé de « normaux-pensants [7] » peu aptes à en comprendre la portée. Néanmoins il me fallait impérieusement en parler, quitte à n’en parler qu’avec moi-même…
J’ai un demi-siècle d’expérience en médecine et cela me donnait l’opportunité de faire mon auto-analyse par le biais de la rédaction du récit de mes vicissitudes, d’où la conception et la rédaction de ce texte.
Mon initiative me fut salutaire car ne pas comprendre m’est insupportable et je crois avoir trouvé la bonne réponse à deux interrogations qui me tarabustaient particulièrement :
• la première concernait l’étrange mutisme de notre maître Monsieur Allezard : comment lui, si proche et si respectueux de ses « tatous », a-t-il pu nous conduire sans préparation psychologique à cette épreuve ? Et pourquoi n’a-t-il pas pansé nos meurtrissures le lendemain ?
Dans le contexte du début des années cinquante la contestation des décisions de la hiérarchie n’était pas de mise et n’était même pas concevable par les subalternes : la décision de la réquisition des écoliers venait forcément « d’en haut » ; … comme le maire et, après lui, le directeur de l’école, l’instituteur se devait d’exécuter sans rechigner. Le mal fait, notre maître s’était trouvé totalement impuissant à amortir le choc subi par ses « tatous », d’où son silence.
• La seconde concernait mon grand-père Adrien : il était le factotum de mon école et de facto l’homme de confiance du directeur ; surtout il était l’ami de Louis Allezard dont il partageait la passion de la photographie. Cette guerre, il l’avait faite, avait été blessé et prisonnier pendant quatre ans …
Il n’avait donc pas pu ignorer la réquisition de ma classe … Pourtant il ne m’avait rien dit, ni avant, ni après … et lui, l’ancien combattant, il avait été absent à cette foutue cérémonie !
Sa présence n’aurait probablement rien changé à mon désarroi et à ma détresse, mais elle m’aurait donné l’opportunité salvatrice de pouvoir en parler avec lui, après.
Certes, il est très probable qu’à cette époque, je ne savais rien du passé militaire de mon grand-père et son absence à la cérémonie ne m’avait donc pas interpelé ; mais ce n’était plus le cas lors de mon second traumatisme, d’où mes questionnements : pourquoi n’était-il pas là ? Et pourquoi s’était-il tu avant et après ?
Grand-père n’avait pas la fibre militaire : je n’ai retrouvé aucune carte d’ancien combattant dans la précieuse valise qui contenait les choses et documents qui lui tenaient à cœur ; quant aux propos qu’il tenait, dans mon souvenir aucun n’a jamais concerné ni l’armée ni la guerre…
Avant la cérémonie, il n’avait donc aucune motivation à m’en parler et ce d’autant que c’était sous la houlette de son ami Louis Allezard ; après, ils auront estimé tous les deux que, faute de savoir quoi dire pour atténuer le choc, il valait mieux se taire.
Parvenu au stade ultime des corrections et de la mise en page, j’ai envisagé de proposer ce texte à Thierry Sabot puisqu’il traite de mœurs et usages en cours au temps d’antan :
• De nos jours, dans notre société de l’enfant roi, le recours à la cellule psychologique de soutien est devenue la règle à la moindre situation un tant soit peu dramatique.
• Tandis qu’en mon temps d’enfance, faire participer des mouflets à la commémoration d’une effroyable boucherie causée et entretenue par la stupidité des adultes ne soulevait aucune réprobation…
J’ai longtemps hésité à faire cet envoi à cause du caractère très intime de mon récit ; pourtant le faire me permettrait de prolonger mon auto-psychothérapie grâce aux réactions de mes lecteurs. Je m’y suis résolu parce que, après tout, il appartient à Thierry Sabot de décider de ce qui est ou n’est pas Gazettifiable.
ADDENDUM … hélas !
Un comportement du temps d’antan ? Ce n’est vraiment pas si sûr…
J’étais résolu à faire cet envoi, mais un contretemps le retarda : comme chaque semaine, je m’étais rendu à la médiathèque pour faire ma provision de revues diverses.
L’une d’entre elles était le numéro 495 de mai 2022 de « L’HISTOIRE » portant en titre « L’ÉTOILE JAUNE » et dont le thème était l’histoire de ce stigmate infâme imposé par Hitler aux juifs.
Sur la moitié supérieure de la page 12, l’article était précédé par une photographie qui me fit bondir …
Ce cliché de la revue Histoire 495 était la partie droite de la photographie qui fut prise en juillet 2017 lors de la cérémonie officielle commémorant les 75 ans de la rafle du Vél’ d’hiv les 16 et 17 juillet 1942 et qui illustrait l’article du Monde relatant l’événement (elle est visible sur cette page du journal Le Monde).
En voici le descriptif puisque la réglementation des droits d’auteurs n’autorise pas sa reproduction ici :
• L’arrière-plan est occupé par l’aéropage de la communauté juive de France face au monument commémoratif de la place des martyrs juifs du vélodrome d’hiver ( Paris 15e ).
• Au premier plan de la photo tronquée [8] publiée dans la revue Histoire N°495, il n’y a que deux personnages, côte à côte, à gauche de l’étendard de l’association des anciens déportés juifs et de leurs familles.
• Le président de la république, au garde à vous, est logiquement l’un des deux, mais la la personne qui le jouxte à sa gauche, au même niveau, n’est pas son épouse, c’est …
… une gamine de 6 ou 7 ans !!!
Je ne comprends pas …
Et toi, ma petite sœur d’infortune, toi qui n’avais pas demandé à être là, à quoi pensais-tu ?
J’espère que c’était à ta poupée, pour te rassurer et fuir le traquenard dans lequel t’avaient piégée des adultes inconscients…
Ou bien méditais-tu la spéculation qu’il faut toujours se méfier des adultes et doutais-tu de l’intérêt de grandir pour leur ressembler ?
À quoi pensait notre Président ? À la définition du mot empathie ? Ou bien qu’une formation en psychologie pour le responsable de sa communication serait la bienvenue ?
Je ne comprends pas… Je ne peux pas comprendre… Je ne veux pas comprendre…
Le 11 novembre 1952, je n’avais pas compris … Aujourd’hui, je ne comprends toujours pas !