- Carte de situation
Leurs actes de sépultures sont enregistrés à Riantec, dont Gâvres (autrefois écrit Gavre) dépendait avant de devenir une commune en 1868.
- Gâvres vers 1900, Port-Louis à l’arrière plan (collection C. Duic).
Mais selon les époques, les actes de BMS des Gâvrais étaient aussi enregistrés à Port-Louis, qui bien que ville fortifiée, était une trêve de Riantec.
Aucun doute d’homonymie sur ces défunts, en raison du village, des patronymes plutôt peu courants à cette époque, des témoins (François Lescoet est leur fils, les autres des voisins). Nos centenaires seraient donc nés respectivement en 1626 et 1620. Le fait que Françoise soit plus âgée de six ans que son mari parait déjà un peu douteux, mais pourquoi pas. Pour avoir la certitude, il faudrait retrouver leurs actes de baptême, et connaître le nom de leurs parents. Le couple se marie en 1666 à Port-Louis, mais les parents n’y sont pas mentionnés. Pierre serait donc âgé de 40 ans, et Françoise de 46 ans, ce qui reste possible pour de secondes noces.
Le couple a au moins huit enfants. Leurs baptêmes, tous à Port-Louis, pourraient-ils apporter une information sur les filiations ?
1. Jeanne née le 28/03/1667, filleule de Pierre CHARLES et Jeanne SCOLAN.
2. Pierre né le 22/06/1668, filleul de Pierre SCOLAN et Sébastienne JEGO.
3. Marie née le 09/12/1669, filleule de Jean SCOLAN et Jeanne QUERIC.
4. François né le 26/04/1671, filleul de François SCOLAN et Julienne GAHINET.
5. Gildas né le 07/07/1672, filleul de Guillaume THOMAS et Louise SCOLAN.
6. Alain né le 30/09/1673, filleul de Alain MOYON et Françoise LE LAYEC.
7. Françoise née le 25/12/1676, filleule de Thomas SCOLAN et Françoise FORBIN.
8. François né le 16/05/1678, filleul de François LE BER et Anne QUERIC.
L’analyse des parrains et marraines apporte quelques indices : six Scolan (Jeanne, Pierre, Jean, François, Louise, Thomas), mais cette famille est très implantée à Gâvres, deux Queric (Jeanne et Anne), plus Pierre Charles, Guillaume Thomas, François Le Ber, Julienne Gahinet, etc… Aucun Lescoet ! L’aîné nait en 1667, le dernier en 1678. Françoise aurait donc eu entre 47 et 58 ans… Bien que la génétique fasse des progrès de nos jours, impossible à cette époque ! Nous pourrions retirer 20 ans à Françoise, soit une naissance vers 1640 et non vers 1620. Pour Pierre, tout reste possible, certains pères étant âgés de 60 ans, notamment lors de secondes noces.
L’acte de mariage nous apporte une information importante : Pierre est originaire de la paroisse voisine de Plouhinec.
- Moulin de Berringue en Plouhinec (cliché C. Duic).
C’est finalement par deux actes du notaire Jean Foudrier que nous retrouvons le nom des parents. Dans le premier de 1671, Yves Lescoet acquiert de ses frères et sœurs les biens échus de la succession de ses parents Jean Lescoet et Jeanne Le Cadic à Plouhinec. Le Pierre Lescoet mentionné est bien le nôtre : il réside à Gâvres. En poursuivant les recherches, nous découvrons que la marraine Julienne Gahinet est en fait la première épouse d’Yves Lescoet, et que Pierre Lescoet dit de Gâvres est présent à plusieurs évènements concernant ces frères, sœurs et neveux. Ces témoignages / parrainages croisés renforcent les preuves de filiations.
Devant nous notaires des cours du siège royal de Hennebont et des fiefs de Léon et vicomté de Plouhinec convenant à mesme fin audite submission à la dite cour royale et juré, ont comparus Pierre LESCOUET de l’isle de Gavre en Riantec, Vincente LESCOUET veuve Gilles LEQUELLEC de Kerouzerh Locoual, Marie et Kterine et Suzanne les LESCOUET soeurs demeurants savoir la dite Marie à Kervegant, la dite Kterine à Lezenes, et la dite Suzanne à Kerverlay le tout en Plouhinec icelles assisté et authorizé de Pierre LE CAROUR leur curateur spécial présent et aceptant demeurant à Beurec audit Plouhinec, lesquelles ont vandue audit garantage à Yves LESCOUET leur frère présent et aceptant demeurant audit Berenc scavoir est leurs parts par indivis consistant en chacun une bl... des droits edifficiers superficiers stus pailles et fumiers (?) d’une petite tenue vestue et logée et tinze despandants sittué audit village de Berenc en general comme leurs parts de consort tinze à convenant congeable sous les hér(itiers) de la Dlle du Pouen, en outre avis leurs bl... partie que chacun d’eux ont aux meubles, bleds sur et en terre, bestiaux et autres chosses reputées tels, aussy en general et estant sans reservation quelconque tant de [ce] qu’il leur appartient de leurs chosses de la succession de feue Jean LESCOUET leur père que de celle aussy leur escheu de deffunte Jeanne LE CADIC leur mère en quelque part ou ils ont droit des dites successions… AD Morbihan 6E3790 - Minutes Jean FOUDRIER.
Dans le second acte en 1676 au rapport de Jean Foudrier, Pierre Lescoet et Guillaume Thomas se partagent les édifices d’une tenue à Gâvres échue de François Queric et Jeanne Audrenno. Pierre est marié à Françoise Queric, et Guillaume Thomas, qui était déjà le parrain d’un de ses enfants, est marié à Yvonnette Queric depuis 1662 à Port-Louis. Ce second couple, après être resté plusieurs années à Gâvres (naissance d’au moins trois enfants), s’installe vers 1675 à Plouhinec, paroisse d’origine de Guillaume.
Le XXX Janer 1676 devant nous notaires des cours et siège royal d’Hennebond et de la baronnie de Couetmadeuc concourant en mesme fin aux submission à la dite cour royale et jurée, ont comparus en leurs personnes Pierre LESCOUET de l’isle de Gavre et Guill(aume) THOMAS de Kerifaut en PLOUHINEC, lesquels ont desclaré que (de)puis les 18 mois ou environ ils auraient partagés avec leur consort h(ériti)ers de Fran(çois) QUERIC et Jeanne AUDRENNO une tenue audite isle de Gavre de laquelle il leur incombait la moittyé et outre chacun en leur 7e de l’autre moittyé, lesquels 7e ils auraient levé mais la moittyé estait depuis indivise entreux… AD Morbihan 6E3795 - Minutes Jean FOUDRIER.
Des recherches dans les BMS, permettent de déterminer que ces deux actes de partage sont consécutifs aux décès des mères Jeanne Le Cadic en décembre 1670 à Plouhinec, et Jeanne Audrenno en mars 1674 à Port-Louis.
Nous avons désormais le nom des parents : Jean Lescoet et Jeanne Le Cadic de Berringue en Plouhinec, François Queric et Jeanne Audrenno de Gavres. Les trois paroisses de Plouhinec, Riantec et Port-Louis ont été entièrement dépouillées par le Cercle Généalogique de Sud Bretagne (CGSB), avec les bases de données accessibles sur internet. Une recherche à partir des noms des parents, en variant les orthographes des patronymes, surtout pour les Queric, nous permet de retrouver rapidement six baptêmes Queric à Port-Louis entre 1620 et 1633, dont Yvonnette, mais pas Françoise, et aucun enfant Lescoet à Plouhinec. Pour le 17e siècle, il faut évidemment compter sur les nombreuses lacunes des registres paroissiaux :
Paroisse | Plus ancien baptême | Lacunes au 17e siècle |
---|---|---|
Plouhinec | 1608 | 1622-1668, 1698-1699 |
Port-Louis | 1582 | Aucunes, quelques pages abimées seulement |
Riantec | 1599 | 1635-1637, 1676-1682, 1684, 1688, 1691, 1693-1694, fin 1696, 1698-1699 |
A partir des actes de mariage des frères et sœurs de nos centenaires, ou des années de naissances de leurs neveux, il est possible d’estimer les années des naissances manquantes, en veillant que l’écart entre l’ainé et le benjamin ne dépasse pas les 20 ans. Ainsi, Pierre Lescoet serait l’ainé de sa famille. Il serait né vers 1637 à Plouhinec, soit environ 30 ans à son mariage et 90 ans à son décès.
Françoise Queric serait par contre la benjamine de sa famille. Elle aurait été baptisée vers 1638 à Riantec, et non à Port-Louis comme ses frères et sœurs, soit environ 28 ans à son mariage et 94 ans à son décès. S’il s’en souvenait encore, le couple célébra peut-être ses noces de diamant le 21 juillet 1726.
Les mariages sont finalement assez tardifs, d’autant plus que nous n’avons aucune trace de premières noces. Quant aux centenaires, nous n’y arrivons pas. Avec leurs âges déclarés, la différence est de 11 ans pour Pierre, et de 18 ans pour Françoise.
Comment le curé a pu se tromper ? Pour Pierre, il n’avait aucun moyen de contrôle, puisque le baptême était à Plouhinec, mais pour Françoise, il aurait pu compulser les registres paroissiaux qui devaient exister encore à l’époque. A moins qu’il ne l’ait fait, mais se soit trompé avec un homonyme. Les parents donnaient parfois le même prénom à plusieurs de leurs enfants, comme Pierre et Françoise l’ont d’ailleurs fait avec leurs deux fils François, nés en 1671 et 1678, et parvenus à l’âge adulte.
L’espoir d’avoir non seulement un centenaire, mais un couple de centenaires parmi ses ancêtres, est ainsi démonté.