Auguste Robert GECHTER [1] nait à Paris le 13 thermidor an VIII (1er août 1800) au 101 [2] rue de Vaugirard tout près de la Barrière de Vaugirard [3]. Il est baptisé le lendemain à l’oratoire Saint-Côme, rue du Battoir [4].
Son père, Jean Thibault, est marchand tapissier. Il avait une douzaine d’années quand il est arrivé à Paris avec son père Diébolt, dit Jean Thibault, un Suisse qui avait déjà bien bourlingué, et son grand-père maternel, Jean GAUTEY, qui déménageaient l’atelier de serrurerie familial depuis AliseSainte-Reine. Jean Thibault serait sans doute devenu serrurier à son tour si la Révolution n’avait changé son destin. Canonnier au bataillon de Paris, il faisait partie du 3e bataillon de l’armée révolutionnaire, compagnie de Mucius Scævola. Blessé alors qu’il tirait des salves d’artillerie pour la célébration de la fête de la Raison à Alençon le 30 nivôse an II, il a été amputé de son avant-bras gauche et de son poignet droit. Par la suite il devra utiliser une machine fixée à son poignet droit pour signer. Son sort a ému un député et, le 19 germinal an II, il a été accueilli à la Convention nationale. Il y a reçu un don de 5000 livres et été nommé capitaine honoraire. Ce grade lui vaudra un traitement fixé à 2500 livres en temps de paix. Il recevra ensuite une pension.
La mère d’Auguste Robert, Marie Joseph MOUSTY, est quant à elle originaire des Ardennes. Le couple s’est marié à St Sulpice le 12 pluviôse an III. Auguste Robert est leur troisième enfant mais ses ainés sont morts jeunes. Après lui naitront encore trois sœurs et un frère vraisemblablement disparu en bas-âge.
La famille se rapproche du centre de Paris et s’installe au 3 de la rue Condé. L’atelier de serrurerie du grand-père GECHTER est voisin, au 1 de la rue Monsieur-le-Prince. Les enfants reçoivent une bonne instruction. Adèle est maitresse d’étude et veut devenir maitresse de pension. Auguste va à l’école de Droit et, le 20 novembre 1821, s’Inscrit au barreau des avocats de Paris.
Auguste change souvent d’adresse professionnelle mais reste dans le même quartier. On le trouve régulièrement cité dans le « Journal des débats » et d’autres journaux [5] qui vantent tous son talent oratoire. Il plaide notamment avec Me Hennequin dans l’affaire Lecouffe et défend le meurtrier Asselineau qu’il ne peut sauver. Ce procès est relaté dans l’ouvrage "Vie de J.-B.-Elisabeth Asselineau, écrite par lui-même. Précis de l’acte d’accusation, résumé des débats et plaidoirie de Me Gechter, suivis de l’arrêt de la Cour Royale de Paris du 26 mars 1827, qui condamne Asselineau à la peine de mort" publié à la Librairie ancienne et moderne, autrement dit dans l’imprimerie de Balzac.
Auguste se marie avec Pauline Agathe GRAMAGNAC, fille de Jean Étienne, docteur en médecine, et de Marie Jeanne Éléonore NOEL. Un contrat de mariage a été signé le 31 juillet 1826 chez le notaire Jean Louis BEAUDESSON mais on ne le retrouve malheureusement pas dans la liasse aux Archives Nationales. La cérémonie elle-même a lieu le 5 aout suivant dans la chapelle St Jean de l’église St Denis-du-Saint-Sacrement alors en construction. La chapelle, ancienne église d’un couvent de Bénédictines, aujourd’hui baptistère, devenait trop petite comme église paroissiale.
On aurait pu croire qu’Auguste était devenu un homme rangé. Que nenni ! C’est le début des aventures…
Fin 1827, des vitrines de commerces sont brisées avec des balles de plomb jetées depuis un fiacre. Plaisanterie d’écoliers ? Provocation politique ? Un limonadier intercepte le fiacre d’où sont parties les balles. En sortent trois individus dont notre Auguste. Des plaintes sont déposées. L’audience en correctionnelle a lieu le 25 janvier 1828 [6]. Auguste Gechter n’est condamné qu’à 3 jours de prison et 10F d’amende [7].
Mais il est aussi radié de l’Ordre des avocats. Et sa femme demande la séparation de biens
[8]. A cette période le divorce n’existe pas. C’est la dernière trace que l’on a de Pauline Agathe.
Auguste écrit alors des articles de critique théâtrale pour différents journaux. Il devient défenseur au conseil de guerre qui siège au tribunal de justice de paix du 11e arrondissement. En 1830 il est brièvement gérant d’un journal [9] La chronique de Paris.
En juillet 1830, Charles X est chassé de Paris lors des Trois Glorieuses. Il se réfugie à Saint-Cloud, puis à Rambouillet. Il abdique mais attend que son petit-fils soit reconnu roi. Une foule de Parisiens s’assemble le 3 aout au matin sur les Champs-Élysées et décide de se rendre à Rambouillet. En omnibus, en fiacre, petites voitures ou à pied, ils sont quinze mille à prendre la route. Parmi eux se trouve Auguste Robert Gechter, portant le drapeau de la 11e légion de la Garde nationale avec son ami Corbiot [10]. Charles X prend finalement le chemin de l’exil... et ARG ramène sa compagnie et son drapeau à Paris. Le drapeau est accroché à la grille du Passage du Commerce qui donne dans la rue Saint-André-des-Arts.
Des troubles ayant éclaté dans Paris, la Garde nationale décide le 18 octobre 1830 de retirer ce fameux drapeau tricolore du passage du Commerce pour le porter à la mairie du XIe arrondissement. Elle confie cette tâche à Corbiot, alors lieutenant d’infanterie, mais c’est Auguste qui s’empare dudit drapeau. Le lieutenant de la Garde le fait saisir et mettre 14 jours au cachot à la prison de La Force. Mis en liberté sous caution, ARG peut enfin expliquer que son geste était avant tout patriotique, ce que corrobore Corbiot. Il acquitté par le tribunal le 17 novembre suivant.
Cette arrestation semble avoir empêché Auguste de se rendre à Vincennes où l’auraient [11] attendu une vingtaine d’hommes armés décidés à attaquer le château et s’emparer des ex-ministres qui y étaient gardés. Ce complot serait l’œuvre de la « Société des amis du Peuple », une association républicaine fondée pendant les Trois Glorieuses. Elle a tenté de s’opposer à l’accession au trône de Louis-Philippe. Elle est dissoute le 2 octobre 1831 mais restera active jusqu’en juin 1832. Elle a compté parmi ses membres Arago, Blanqui, Raspail, Evariste Galois… L’avocat Duez [12] ainé préside un bureau de la SAP dont feraient partie entre autres son frère, son secrétaire, Corbiot et Gechter. En décembre, de nouveaux troubles sont attribués à la SAP.
En janvier 1831, Auguste a maille à partir avec des agents de l’octroi et retrouve la prison de La Force.
En février il est à la Conciergerie avec d’autres membres de la SAP. Ils sont ensuite transférés à Sainte-Pélagie.
Duez est accusé d’avoir enrôlé des hommes pour soutenir, dans un premier temps, la révolte des Belges, puis revenir en France renverser le régime et instaurer la République. En février 1831 la chambre d’accusation doit statuer sur le sort des différents inculpés de l’affaire. La cour renonce à poursuivre Corbiot et Gechter et les libère immédiatement, tandis que les autres prévenus sont envoyés devant la cour d’assises, Cela suscite des interrogations chez les détenus de Sainte-Pélagie. Le procureur dénonce alors Gechter et Corbiot comme étant des agents de police, ce qu’ils démentent aussitôt. Lors du procès de Duez, en avril, différents témoins donnent leur version du complot [13]. Finalement les agents de police étaient vraisemblablement parmi ces derniers.
Le roi Louis-Philippe doit faire face à deux oppositions : d’un côté les « carlistes », partisans de Charles X qui ont pour égérie la Duchesse de Berry, et de l’autre les républicains qui lui reprochent d’avoir confisqué la Révolution de Juillet à son seul profit. Les uns et les autres sont incarcérés dans une même prison pour politiques : Sainte-Pélagie. C’est ainsi qu’Auguste fait connaissance de Jules Lebrun, ancien secrétaire de M. de Bourmont [14], maréchal de France sous la Restauration et alors en exil. En janvier 1832, il l’accompagne à Gènes lorsque celui-ci va chercher des fonds (100 000 Fr) chez le banquier Parodi [15].
La « conspiration de la rue des Prouvaires » visait à enlever la famille royale au cours d’un bal aux Tuileries le 1er février 1832. Elle était le fait des Carlistes mais un certain nombre de Républicains frustrés s’étaient joints au projet. Plusieurs groupes de conjurés devaient venir de différents coins de la capitale. Les chefs étaient réunis dans un restaurant de la rue des Prouvaires où ils furent arrêtés avant de faire quoi que ce soit. La police était, semble-t-il, très bien renseignée sur leurs agissements.
Lebrun et Gechter auraient été postés quant à eux dans une maison proche du Palais-Royal, armés et prêts à payer des renforts. Après l’échec du complot, ils se sont réfugiés dans la famille de Lebrun mais ils sont arrêtés à Valognes dans la Manche le 13 mars 1832 alors qu’ils tentaient d’embarquer vers l’Angleterre. Ils sont reconduits à Paris à la prison Ste-Pélagie. L’accusation se précise. La maitresse de Gechter, une ancienne actrice de l’Odéon, aurait été arrêtée. On aurait fabriqué des balles chez elle, carrefour Gaillon.
L’épidémie de choléra est alors à Paris. Les prisonniers sont privés de tout contact avec l’extérieur et s’en plaignent.
Début juin la chambre des mises en accusation dresse une liste de 70 accusés qui seront jugés aux assises dans le cadre de l’Affaire de la rue des Prouvaires. Gechter et Lebrun y sont au double titre de « s’être rendus complices de l’attentat en aidant et assistant avec connaissances les auteurs dudit attentat dans les faits qui l’ont préparé et facilité en les provoquant par dons, promesses et machinations coupables à le commettre, et en leur fournissant des armes, des munitions et d’autres objets qui ont servi à le commettre sachant qu’ils devaient y servir et d’avoir participé à un complot dont le but était de détruire et renverser le gouvernement, d’exciter les citoyens à s’armer contre l’autorité royale », et « d’exciter la guerre civile en portant les citoyens à s’armer les uns contre les autres ».
Le procès, qui s’ouvre le 5 juillet, cherche à préciser le rôle des uns et des autres dans le complot. Aux éléments déjà évoqués, s’ajoute contre Auguste la déclaration d’un batelier d’Issy qui affirme qu’il lui a proposé de l’argent pour participer au complot. Auguste nie. Le même témoignage lui donne aussi un alibi : ivres, Gechter et Lebrun auraient passé la nuit du 1er au 2 février dans un bordel de la rue Traversière Saint-Honoré [16]. Par ailleurs, Auguste ajoute comme preuve de sa non-participation qu’on ne lui attribue qu’un rôle subalterne et que s’il avait voulu conspirer il n’aurait accepté qu’un premier rôle.
Le verdict tombe le 24 juillet. Gechter et Lebrun ne sont reconnus coupables que du premier chef d’accusation. Ils sont condamnés à deux années de prison, plus deux années de surveillance de la haute police. En aout ils se pourvoient en cassation mais le pourvoi est rejeté en octobre. Le registre d’écrou de Ste Pélagie nous donne un portrait succinct d’Auguste : 1m65 ; nez fort ; bouche grande ; cheveux et sourcils châtains ; menton rond ; visage ovale ; front haut ; yeux gris. En janvier 1833 ils sont transférés de Ste-Pélagie à la maison de détention de Soissons.
A la sortie de prison, la réinsertion est difficile. Pas de travail pour lui à Paris. Ses sœurs sont décédées, son père est pensionnaire à l’Hôtel des Invalides, sa mère s’est installée à Vaugirard. Reste… l’Algérie !
Le Moniteur algérien mentionne la présence d’Auguste en Afrique en tant qu’avocat en septembre 1836. A la même époque on y trouve aussi Corbiot, lieutenant à la 3e compagnie des Pionniers de discipline [17]. Avait-il été sanctionné pour son action au sein de la « Société des Amis du Peuple » ? Avait-il soufflé à Auguste l’idée de venir à Alger ?
Le 28 octobre 1836, Auguste Robert Gechter est nommé défenseur à Alger par le Gouvernement général [18]. Les défenseurs ne doivent pas être confondus avec les avocats. Ils sont nommés par le Ministre de la guerre et dépendent de l’administration civile de l’Algérie, supervisée par le Gouvernement général qui dépend lui-même du Ministère de la Guerre. Les défenseurs peuvent, en Algérie, plaider devant la cour et les tribunaux, comme les avocats. Ils remplissent également les fonctions d’avoués. Ils doivent prêter serment et déposer un cautionnement avant d’entrer en fonction.
Compte tenu de ses antécédents, le ministère ne confirme pas la nomination d’Auguste. Il devient alors avocat devant le tribunal civil : il se spécialise dans la défense des militaires justiciables du conseil de guerre. Son talent et sa conduite sont appréciés. Tant et si bien qu’il est proposé pour devenir défenseur à Bône où plusieurs postes sont vacants. Il y est nommé à titre provisoire le 4 octobre 1837, et définitivement six mois plus tard en raison de « sa conduite irréprochable depuis qu’il exerce en Afrique ». Il figure bien dans l’Almanach royal de 1838 comme défenseur auprès du Tribunal de première instance de Bône.
En 1841, ARG défend l’ex-khalifa Ahmet Ben Emlaoui accusé de trahison. Il lui sauve la vie mais ne lui évite pas 20 ans de prison à l’île Ste Marguerite. En remerciement il reçoit la mule du khalifa avec son harnachement. Auguste proposerait alors à la famille de se rendre en France pour demander la grâce du condamné moyennant espèces, esclaves et bijoux pour sa femme arabe. Ces exigences étant excessives, une plainte est déposée par la famille du khalifa. Auguste dénonce une machination du fils : le khalifa aurait chargé Auguste de veiller sur ses affaires mais son fils voulait s’affranchir de cette tutelle en jetant le discrédit sur lui. Les versions des témoins divergent. En mai 1842 ARG est finalement suspendu pendant 6 mois pour indélicatesse et cupidité.
A l’époque il a effectivement une femme arabe : il s’est marié selon les formes musulmanes avec une jeune « mauresque de bonne famille ». Il se dit que son père était un client reconnaissant des services de son défenseur. Slira bent Ismaïn n’a pas 15 ans, Auguste entre dans la quarantaine. Ils ont deux filles : « Schrifa Marie Louise » en 1843 et « Zohra Eugénie Adélaïde », mon ancêtre, en 1844. Elles sont inscrites à l’état-civil des Indigènes. Quand un fils nait en 1845, Auguste va le déclarer à l’état-civil européen. Il en profite pour reconnaitre ses filles. Les trois enfants sont baptisés peu après dans l’église [19] Saint-Augustin de Bône.
La famille habite la petite place des Numides. Auguste y a pour voisin et ami Jean François Dagand, un Savoyard naturalisé Français. Dagand est imprimeur et éditeur du journal « la Seybouse ». Il devient le parrain d’Eugénie et est témoin lors de nombreux événements familiaux. Auguste et lui sont francs-maçons. Auguste est capitaine dans la milice de Bône, au conseil du recensement.
De nouveaux deuils frappent la famille. Le père, Jean Thibault, décède aux Invalides en 1845 et est enterré au cimetière du Montparnasse dans la fosse commune des pensionnaires de l’établissement. Le petit garçon ne vit que quelques mois.
Et Auguste est de nouveau candidat à un poste de défenseur à Alger. La cour d’Alger a un besoin urgent de défenseurs. Auguste est un orateur brillant, le meilleur défenseur de Bône. Sa connaissance approfondie de la langue arabe lui vaut d’être surnommé « l’Oukil ». En revanche on le sait peu scrupuleux dans le traitement de ses dossiers, son état de fortune est médiocre, il a un gout immodéré pour l’absinthe et il vit maritalement avec une arabe. Ce dernier point négatif pourrait évoluer : il apprend le français à Slira en vue de la faire baptiser et de l’épouser selon les lois françaises.
L’année 1847 marque un tournant dans la vie d’Auguste. Il a obtenu un congé d’un mois pour aller à Paris voir sa mère mourante [20], régler quelques affaires familiales et plaider sa cause directement auprès du ministère. Il doit prolonger son séjour pour tout faire. Sa mutation pour le tribunal de commerce d’Alger est actée. Avant son départ de Bône, il y aura encore la naissance d’un nouveau fils, suivie du décès de Slira. Elle n’avait pas 20 ans.
Pour exercer sa fonction à Alger, il doit déposer un cautionnement de 4000 francs. N’en disposant pas, il les emprunte à un officier d’administration nommé Hubert qui aura bien du mal à se faire rembourser…
A Alger, Auguste se met vite en ménage avec Gabrielle Causse, une couturière âgée de 30 ans originaire du Gers. Ils auront quatre enfants entre 1849 et 1857. Leur vie se partage entre Alger où on repère le cabinet d’Auguste à différentes adresses, et une maison de campagne à El Biar.
Les affaires reprennent. Dés 1849 une cliente porte plainte contre lui pour négligence dans le suivi du mandat qu’elle lui avait confié.
Le 25 septembre 1851 Auguste souhaite démissionner de son poste de défenseur pour des raisons de santé, il a eu une forte fièvre cérébrale. Cette démission lui est refusée tant que les affaires qui pourraient lui valoir des sanctions disciplinaires ne sont pas éclaircies. Elle lui aurait pourtant permis de récupérer son cautionnement et de payer son débiteur.
En 1852, Hubert finit par porter plainte pour récupérer l’argent qu’il a prêté à Auguste. L’affaire traine encore en 1853.
En mars 1853, le Garde des Sceaux est informé par le procureur général du rôle compromettant de Gechter dans une instruction criminelle qui dure déjà depuis 3 ans. Avocat et ami d’un dénommé Hœner, officier comptable coupable de détournements de fonds et de vivres, Auguste est soupçonné de complicité. Il est destitué le 21 juillet 1853.
Auguste redevient simple avocat. La presse se fait régulièrement l’écho de ses plaidoiries, par exemple en 1857 lors du procès de l’assassin de l’agha Ben-Abdallah.
Auguste décède le 27 décembre 1859, frappé en pleine rue d’une attaque d’apoplexie. Son ami Dagand publie dans La Seybouse un extrait du discours prononcé sur sa tombe par Maître Carrivenc : « cette parole toujours dévouée à la défense des malheureux, elle charmait hier encore notre oreille ; hier encore, en admirant son talent si plein de vie, d’énergie et d’activité, qui de nous eût prévu cette catastrophe si fatale, si soudaine ».