Horloge d’antan, ta présence me revient de l’enfance... tic tac, tic tac...
Tu rompais le silence de la journée et lorsque les voix se taisaient, on n’entendait plus que toi..
Du haut de mes nonante centimètres, je regardais ma grand-mère remonter l’horloge de la " chambre "... Elle prenait la petite clef dorée et magique, l’introduisait dans le petit trou juste au milieu et la tournait... et elle me disait " voilà, c’est bon comme ça, ni trop, ni trop peu" puis d’un geste précis et presque tendre, elle actionnait le balancier... le temps reprenait alors sa marche... Et moi, les yeux admiratifs, j’observais ces gestes du quotidien.
Il y avait aussi l’horloge de Bon Papa, mon grand-père paternel... nous entrions dans la première pièce qui était la cuisine et puis nous montions trois marches....
Pendue au mur, juste devant le fauteuil de mon grand-père, se trouvait l’horloge, une petite horloge de bois foncé et là aussi, inlassablement... le tic-tac résonnait dans la pièce un peu triste et silencieuse depuis que ma grand-mère n’était plus là... La maison sentait un peu trop la solitude, une maison sans femme et sans vie...
Je n’ai pas connu ma grand-mère paternelle, mais il paraît que j’avais la langue aussi bien pendue qu’elle...
Cette horloge sonnait tous les quarts d’heure... impossible de ne pas se rendre compte que le temps passait...
Un matin, je me suis retrouvée seule avec mon grand-père et j’ai partagé avec lui une tartine mémorable de pain blanc avec des gros trous remplis de beurre et un bon fromage de Herve.. j’en ai encore l’eau à la bouche... c’est peut être le seul souvenir complice entre lui et moi dont je me souviens, mais j’y tiens.
Il y avait aussi la vieille horloge de la voisine " Célestine " quand ma grand-mère m’emmenait en visite chez elle.... Une horloge dont je ne me souviens plus le visage....
Pendant qu’elles papotaient, moi je restais bien sage à attendre et j’écoutais et regardais ce balancier qui allait m’annoncer l’heure où enfin je pourrais aller jouer...
C’est vrai que les horloges ont bercé mon enfance.... Chez moi, il y avait la grande horloge de la marraine de maman... avec un beau balancier en cuivre... je ne me souviens plus si elle sonnait... mais mon père y tenait beaucoup et c’était lui qui avait la tâche de la remonter... il disait qu’elle était fragile et qu’il fallait en prendre soin... et personne, à part lui, ne pouvait y toucher.
Le temps a passé, maintenant les horloges se sont tues.. les personnes ne sont plus là pour leur donner vie.. mais dans ma mémoire d’enfant, j’entends toujours TIC TAC TIC TAC...