- Vitrail représentant sainte Nennok dans la chapelle Saint-Jude à Ploemeur – Cliché Jean-Yves Le Lan
Brokhan et Menedux se consacrèrent alors aux bonnes œuvres et conçurent un nouvel enfant, une fille qu’ils nommèrent Nennok [1]. Nennok fut baptisée par un saint Abbé d’Ecosse, nommé Columchille, et tenue sur les fonds baptismaux par un grand Seigneur, nommé Gurlehentelius, dit Ilfin, marié avec Guen-Arkhant, proches parents de sa mère. Ce Seigneur et sa femme élevèrent Nennok jusqu’à l’âge de quinze ans.
Nennok était douce, humble, modeste et obéissante. Elle aimait la lecture et fréquentait beaucoup les églises et les monastères. La renommée de sa beauté l’a fit demander en mariage par un Roitelet d’Ecosse. Avant de donner son accord, son père lui demanda son avis et la conjura de donner son consentement. Celle-ci refusa car elle avait promis de se consacrer entièrement à l’amour de Jésus-Christ. Brokhan fut profondément attristé de cette réponse et demanda à sa femme d’essayer de la faire changer d’avis mais sans succès.Elle sollicita son père pour que ce dernier la laisse partir en Bretagne et lui adressa la demande suivante : « Je vous ay déclaré, il y a long-temps que je me desirois consacrer au service de Dieu ; c’est pourquoi je vous demande permission de passer la Mer & aller en Bretagne Armorique, où je puisse passer le reste de ma vie au service de Dieu & à prier Dieu pour vous & pour tout vostre Estat. » Son père fut d’autant plus attristé par cette requête qu’il espérait beaucoup le soutien de sa fille dans sa vieillesse. Toutefois, comme elle persévérait dans son souhait, il lui donna l’autorisation pour le départ et fit armer un navire pour le voyage. Son parrain et sa marraine s’embarquèrent avec elle ainsi que de nombreux religieux et laïcs. Avec l’aide de vents favorables, ils accostèrent en peu de jours à la côte de Bretagne à un endroit qu’ils baptisèrent Poul-Ilfin du nom du parrain.
Après avoir mis pied à terre, ils envoyèrent une délégation rencontrer le prince du pays et le sollicitèrent pour bâtir un Oratoire. Le Prince, nommé Erekh, leur donna l’autorisation de visiter les côtes environnantes.
- Statue de sainte Nennok (Ste Ninnok) dans la chapelle Saint-Jude en Ploemeur – Cliché Jean-Yves Le Lan
Nennok s’installa en la Paroisse de « Plemeur » où elle bâtit un petit Oratoire nommé « Lent-Nennok » [2]. Ce petit Oratoire était composé de plusieurs petites chambrettes où s’installèrent des compagnes de Nennok et elles fondèrent ainsi un petit monastère.
Les autres passagers du bateau, prêtres et religieux allèrent prêcher en Bretagne et s’arrêtèrent en divers monastères, excepté Gurlehentelius, qui bâtit un petit ermitage près de celui de sa filleule où un grand nombre de religieux s’installèrent.
Un jour que le Prince Erekh chassait sur ses terres, il poursuivit un cerf qui se réfugia dans l’église de l’ermitage. Les chiens n’osèrent pas poursuivre la bête et s’arrêtèrent devant un ruisseau qui coulait devant l’église. Erehk, étonné de voir ses chiens arrêtés, mit le pied à terre et entra dans l’église. Il vit alors le cerf couché au pied de Nennok (Sainte Nennok). Il resta une huitaine de jours dans le lieu et fit don à Sainte-Nennok de plusieurs belles terres. Sainte Nennok remercia Erehk et lui demanda de prendre sous sa protection son monastère et celui de Gurlehentelius. Saint-Nennok vécut en ce lieu pendant trente-deux ans et mourut le 4 juin 467. Pendant toute sa vie, elle opère des guérisons spectaculaires : « Par ses prières elle rendit la veuë aux aveugles, l’oüye aux sourds, la parole aux muets, fit marcher droit les boiteux, nettoya les lépreux, rendit la santé aux paralytiques, mesme ressuscita les morts. » [3].
L’arrivée de Nennok à « Plemeur », la donation princière et la mort de la sainte n’ont malheureusement pas de consistance historique. Certains historiens n’hésitent pas à qualifier la vie de la sainte de conte de fée religieux [4].
- Détail de la statue de sainte Nennok dans la chapelle Saint-Jude en Ploemeur – Cliché Jean-Yves Le Lan
Pour en savoir plus : Banallec, Yves, Le monastère, le prieuré et le village de Lannénec in les Cahiers du pays de Plœmeur N° 10 de décembre 2000.