Braves gens de l’an 2000 aidez moi a tirer totalement Joseph Menon de l’anonymat immérité dans lequel il croupit depuis le XVIIIe siècle !
Louis Dupuy, membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres de Paris dont il fut secrétaire perpétuel de 1773 à 1783 et de celles de Göttingen et des Arcades de Rome, censeur des livres, bibliothécaire du prince de Soubise, l’un des auteurs du Journal des Savants, né le 23 novembre 1709 à Chazey-sur-Ain (01), mon village, et décédé le 23 germinal an III à Paris, est l’époux de Louise Menon, jeune correspondante de Voltaire, auteur de poésies et traductrice d’un ouvrage du comte Algarotti titré "L’Assemblée de Cythère", [1] membre également de l’Académie des Arcades, regardée comme la femme la plus lettrée de Paris pour l’étendue de ses connaissances en latin, italien, anglais et allemand.
Louise est la fille unique de Joseph Menon et de Jeanne-Marie Driessen, son épouse. Née à Paris en avril 1734 elle y décède le 30 décembre 1809 à 75 ans et 8 mois [2] et y est inhumée le lendemain au sein d’une concession temporaire du cimetière du Père-Lachaise [3].
Primitivement officier (au sens de "domestique d’une grande Maison qui a soin de l’office, qui apprête à manger" [4]) chez la reine Marie Leczinska, Joseph Menon abandonne cette charge sans doute au plus tard en 1738.
Dorénavant bourgeois de Paris, il demeure tout d’abord rue de Richelieu, paroisse Saint-Eustache, le 15 mai 1752, puis rue des Fontaines-du-Temple, paroisse Saint-Nicolas-des-Champs, le 13 août 1760 et enfin rue Le Regrattier, île et paroisse Saint-Louis, dès le 19 juillet 1766.
Auteur culinaire prolifique, il débute sa carrière littéraire en 1739 avec son "Nouveau traité de la cuisine", en trois volumes. Suivront, en 1746 son best-seller "La Cuisinière bourgeoise" et dix autres ouvrages jusqu’en 1761. Aucun ne porte le nom de l’auteur mais, en règle générale, il est authentifié succinctement soit par le texte de l’obtention du "Privilège du Roy" (sauf pour "Les soupers de la Cour" car celui-ci est délivré directement au libraire-imprimeur Pierre Guillyn) et le "Catalogue des livres imprimés chez Paulus-du-Mesnil, Imprimeur-Libraire…" pour trois d’entre eux : "Le nouveau Traité de la Cuisine", "La Science du Maître d’Hôtel Cuisinier", "La Science du Maître d’Hôtel Confiseur" qui portent la mention « le sieur Menon », soit par le paraphe qu’il appose sur certains.
- "La cuisinière bourgeoise", édition de 1748 ; origine : Gallica
Il décède et est inhumé le 14 juillet 1771 paroisse Sainte-Madeleine de Verneuil-sur-Avre (Eure), à 71 ans.
- réf. : 4E26812, 1761-1766, vue 208/218
Son épouse, quant à elle, décède le 23 février 1766 et est inhumée le surlendemain à Nogent-sur-Seine (Aube), à environ 67 ans.
- réf. : 8Mi4410, BMS 1791-1792 (eh oui, bizarre !), vue 340/562
Les bibliographies et les articles concernant Joseph Menon foisonnent sur internet. Tous reprennent le même leitmotiv : « Le nom de Menon demeure une énigme… nous ne savons rien sur le personnage. Aucune indication sur son état-civil, aucune connaissance de son itinéraire professionnel. », « On manque de renseignements sur ce savant gastronome… ». Certains même le soupçonne d’utiliser un pseudonyme !
Mon travail sur son gendre m’a permis de suppléer en partie à ce manque d’information. Fin mai 2021 mon correspondant du Service de l’Inventaire rétrospectif de la BnF a entériné ma découverte et corrigé la notice du catalogue de Gallica.
Soucieux d’approfondir mes connaissances sur son couple je recherche l’origine, tant géographique que familiale, de l’un et l’autre. Retrouver leurs contrat et/ou acte de mariage me ferait déjà faire un pas de géant.
Il a été officier de la reine et peut-être était-elle aussi à son service. J’ai donc commencé par rechercher les actes de mariage et de naissances (d’autres enfants décédés en bas âge auraient pu leur naître) à Versailles de 1725 (date du mariage royal) à 1734 (année de naissance de leur fille). J’y ai rencontré plusieurs officiers de la reine mais eux en sont absents.
Ils ont vécu une grande partie de leur vie à Paris mais sont-ils originaires de cette ville ? Néanmoins, je consulte actuellement les répertoires numérisés des notaires parisiens en ligne (compte tenu de mon éloignement de la capitale ceux qui ne le sont pas me sont inconsultables) pour la période 1730 – 1734, tentant de repérer leur contrat de mariage. Si je fais chou blanc j’élargirai la plage jusqu’en 1725. Mais outre que cette recherche est fastidieuse, elle est également frustrante car je ne peux m’empêcher de penser que je suis complètement à côté de la plaque !
Le père de Marie, Stanislas Leszczynski, est chassé du trône de Pologne en 1709 ; la famille se réfugie dans la principauté allemande de Deux-Ponts, proche de la Lorraine, puis, en mars 1719, dans la ville alsacienne de Wissembourg [5].
Le site "Couleur XVIIIe Lorraine insolite et galante au XVIIIe siècle, mais pas que !" affirme que « en 1725, Marie Leczinska, devenue reine de France, rapplique avec tout son staff à Versailles… ». Joseph et Jeanne-Marie faisaient-ils déjà partie de celui-ci et étaient-ils mariés ? Et, si oui, s’étaient-ils unis en Allemagne ou en Alsace ? Les excellentes connaissances de leur fille en allemand s’expliquent-elles par une origine outre-Rhin de sa mère ? [6] et le décès de ses deux géniteurs, l’un à Verneuil-sur-Avre, l’autre à Nogent-sur-Seine, par un retour aux sources et, peut-être, par une visite à des membres de la famille ?
Tant de questions et d’incertitudes m’engagent à lancer cet appel au secours. L’un d’entre vous aurait-il déjà rencontré ce couple ou auriez-vous des pistes à me conseiller et des conseils à me prodiguer ?
Merci à tous pour votre aide...