Je vous soumets les deux photos suivantes, prises en 1918 (au moins pour l’une) qui me permettront peut-être de clarifier l’histoire du grand-père de mon mari dont ces photos ne sont qu’un épisode.
L’une datée du 18 novembre 1918 représente un groupe de militaires et de quelques femmes "civiles" avec un écriteau indiquant qu’ils étaient attachés à la Commission Militaire de Contrôle Postal à Lyon (euphémisme pour la censure ?).
L’autre est assez curieuse : elle montre un groupe de soldats "studieux", prise peut-être à Lyon et non datée.
Le grand-père de mon mari est l’unique chasseur alpin (à gauche sur la photo avec son bérèt, la "tarte", sur la tête)
Je n’ai pas pu obtenir d’informations précises sur cette commission, ni sur ces photos, tant auprès des archives de Vincennes que de celles de Lyon.
Ce grand-père, Bernard DEBANO, parlait plusieurs langues étrangères (anglais, allemand, russe), ce qui explique sans doute qu’il ait été mobilisé dans cette commission.
Des courriers ont été retrouvés dans une pochette lui appartenant avec quelques documents :
- l’un daté du 25/05/1917 portant la mention : "3e bataillon territorial de chasseurs alpins, Vienne, Isère" suivie de "parti le 03/04/1917 commission de contrôle postal, place Ampère, Lyon" ;
- l’autre daté du 13/11/1917 :" Commission de Contrôle postal".
Il a été démobilisé le 13/02/1919.
Avant de formuler quelques questions qui vont plus loin que ces photos, je vous livre un récit de la vie de ce grand-père d’après ce que j’ai pu reconstituer d’après quelques souvenirs de mon mari et beaucoup de tâtonnements... et de chance.
Il est né le 04/12/1876 à Rahon (Jura) d’un père allemand, tailleur d’habits et d’une jeune fille, journalière, originaire de Rahon. D’une famille modeste composée de 10 enfants, il a dû être repéré comme bon élève car il a intégré en tant que "petit frère" l’ordre des Chanoines Réguliers de l’Immaculée Conception. Cet ordre fondé par Dom Gréa, tout d’abord aumônier aux forges de Baudin (10 km de Rahon) puis vicaire épiscopal à Saint Claude (Jura), a ensuite déménagé à Saint Antoine l’Abbaye (Isère) en 1890.
Bernard prit l’habit en 1891 sous le nom de frère Marie Bernard. Son jeune frère Alexandre le rejoignit et pris l’habit en 1892, âgé de 13 ans (Il décéda brutalement en 1894, ce qui donna lieu à un récit très émouvant d’un des pères avec quelques éléments géographiques qui me permirent de "tracer" le nom de l’ordre et le site de Saint Antoine).
Bernard quitta l’ordre à une date inconnue pour faire ses études supérieures en Russie. On peut supposer que ce fut avant ses 20 ans car je n’ai pas pu retrouver dans les archives du Jura ou de l’Isère trace de son dossier dans les registres matricules.
Il devint par la suite professeur au Gymnase de la Noblesse de Toula. Revenant régulièrement en France, il épousa une jeune fille de Besançon avec laquelle il eut deux filles nées à Toula.
Se trouvant en France au moment de la déclaration de guerre, âgé de 38 ans, il fut mobilisé avec l’affectation mentionnée ci-dessus. Lui et sa famille ne purent jamais revenir en Russie, et perdirent tous leurs biens. A part la vie en Russie, très rarement évoquée car suivie de moments trop douloureux, tous les autres évènements de la vie de Bernard n’étaient pas connus de ses petits enfants et il était trop tard pour interroger les générations précédentes.
Voici les questions que je vous soumets :
- Avez-vous plus d’informations sur cette commission ? Lieux où ces photos ont été prises ?
- Pouvait-on échapper à la conscription en partant à l’étranger ?
- Je pense écrire à la maison-mère des Chanoines Réguliers à Rome mais si quelqu’un sait où sont leurs archives françaises..., j’aimerais retrouver les dossiers de Bernard et Alexandre.
- Connaissez-vous d’autres cas de petits jurassiens ayant été formés par cet ordre ?
- Et toutes autres réponses qui auraient eu une résonance avec ce récit.