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Quelques notes sur les abandons d’enfants en l’an X

Le jeudi 18 avril 2013, par Jean Rémi Plard

Ayant eu à faire des recherches sur l’état civil des naissances à Blois en l’an X, j’ai été surpris par le nombre impressionnant d’abandons d’enfants pendant cette période, plus de 10% des 459 déclarations pour l’an X. Faute de temps, je n’ai pas poursuivi la recherche sur les autres années proches.

Il s’agit presque toujours de nouveaux nés de quelques jours mais on trouve également un enfant de trois ans qui put donner un nom « Tessier » et dit venir de « Labas », selon la transcription à l’acte.

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5MI18/R69 vue 568/572

Sous différentes orthographes, ce nom de commune semble ne se trouver que dans le sud-ouest. Mais peut-être l’enfant ne voulut-il qu’indiquer la direction : « là-bas »…

On peut noter que la presque totalité des abandons s’est faite devant des commerces et que bien souvent des éléments étaient joints pour permettre une reconnaissance ultérieure : morceau de carte dont le restant était conservé par les parents, indication de baptême et de prénom, voir prénom de la mère… autant de preuves du caractère « forcé » de l’abandon.

Certain même précise que l’enfant a été « enregistré à la chambre commune », prenant le risque d’être découvert par simple reconnaissance de l’enfant ou recoupement de données. Le désarroi semble prédominer.

Les procès-verbaux joints au registre sont précis et la description du linge montre des origines modestes.

j’ay trouvé un enfant naissant de sexe féminin vétu d’un mauvais lange de laine grise et d’un mauvais morceau de linge, d’un mauvais bonnet de toile et d’une mauvaise bavoine de linge...

Qu’est-ce donc qui suscita autant d’abandons ? Le problème fut-il plus général ou seulement local ?

Sources : Ces actes sont consultables sur le site des AD du Loir et Cher, dans les dernières pages du registre du Blois, il s’agit de feuillets volants qui ont été ajoutés au registre 5MI18/R69, 1800-1802.

Notes : Le contexte économique explique sans doute ces nombreux abandons d’enfants. Ainsi, les mauvaises récoltes en 1802 provoquent une hausse des prix (l’hectolitre de blé passe de 12 à 32 francs), la disette et des émeutes de mendiants qui brûlent des fermes. Pour faire face à la situation, le pouvoir organise des «  soupes économiques  » et achète des grains à l’étranger.

D’après Contexte :

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14 Messages

  • Quelques notes sur les abandons d’enfants en l’an X 18 avril 2013 14:40, par André Vessot

    Bonjour Jean Rémi,

    Il y a déjà longtemps que nous n’avions pas repris contact. Merci pour cette intéressante note sur les abandons d’enfant à Blois.
    Bien amicalement.

    André

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  • Quelques notes sur les abandons d’enfants en l’an X 18 avril 2013 20:13, par cllenglet

    j’ai remarqué en travaillant sur l’état civil de 2 villages différents que dans l’un il n’y avait pas d’enfants trouvés même si un nombre important étaient des enfants naturels, alors que dans l’autre il y en avait pas mal et justement il y avait un orphelinat dans ce deuxième village ; ceci explique peut-être cela, les parents venaient abandonner leurs enfants à proximité des ces lieux

    Répondre à ce message

    • Quelques notes sur les abandons d’enfants en l’an X 19 avril 2013 16:20, par Agnès HECTOR

      Bonjour,

      En effet, pour avoir effectué des relevés dans des régions rurales diverses sur plusieurs périodes et à Laon, ville de garnison, en 1793, j’ai constaté que la ville "attire" les abandons.

      Il est manifeste que l’anonymat qui conduit à une "liberté de mœurs", le phénomène de la domesticité logée chez l’employeur qui ne peut s’encombrer d’enfants, et sans doute aussi la plus grande difficulté de se procurer des vivres (rareté + cherté) favorise le phénomène.

      Peut-être aussi des ruraux viennent-ils spécialement en ville à cet effet, mais là j’en doute. La grossesse n’a pas pu être camouflée bien longtemps et tout le village est suffisamment au courant pour ne pas ajouter un abandon.

      Il est moins visible de laisser l’enfant sans soin, d’où, clairement, une sur-mortalité de l’enfant naturel ; mais là encore, pas de généralités, dans mon arbre, je retrouve des enfants naturels bien en vie de femmes qui se sont ensuite mariées, les enfants étant acceptés par leurs beaux-pères tant en Alsace que dans le Poitou ... Sauf période de disette, le nombre d’enfants ne semble pas être un problème en zone rurale. C’est certes une bouche de plus à nourrir mais aussi deux bras supplémentaires... Le rural vit en quasi-autarcie sur les terres, alors qu’en ville, il faut "acheter" la nourriture et que le salaire n’est pas extensible.

      Outre l’abandon, j’ai également relevé l’effrayante mortalité infantile en ville (manque d’hygiène [pas de tout-à-l’égout, pas d’eau potable "propre"], propagation des maladies, mise en nourrice des enfants ...) alors qu’elle est quasi inexistante dans les zones rurales de moyenne montagne du Dauphiné sur lesquelles j’ai beaucoup travaillé.

      Si mon seul arbre ne peut faire office de "statistique", il m’a sérieusement conduite à m’interroger sur les assertions assenées par les historiens sur la mortalité infantile et l’espérance de vie, qui ne semblent avoir été étudiées que dans les villes justement. Mes ancêtres vivaient vieux et en bonne santé, leurs enfants également, sauf lorsqu’ils ont eu la mauvaise idée de partir dans les villes au fur et à mesure de l’industrialisation...

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  • Quelques notes sur les abandons d’enfants en l’an X 20 avril 2013 08:21, par Michèle Gavinet

    Bonjour

    J’ai fais des recherches pour ma généalogie dans diverses régions de France. Exclusivement en milieu rural
    Il me semble qu’après la révolution,je n’ai jamais trouvé autant de filles-mères et d’enfants abandonnés que dans le Loir et Cher.

    Je pense que cela est dû à la pauvreté de la région.
    En effet, si dans d’autres régions les personnes parvenaient à posséder un lopin de terre, à se sédentariser, quelque temps après leur mariage, dans le Loir et Cher ils sont journaliers, domestiques jusqu’à la fin de leurs jours.
    Les filles très jeunes sont placées domestiques loin de chez elles et donc "fragilisées" face "au maître"

    Amicalement

    Michèle

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  • Quelques notes sur les abandons d’enfants en l’an X 20 avril 2013 15:55, par Chantal Wucher

    Bonjour,

    L’une de mes ancêtres probablement native de Beauvais était ouvrière en linge. Elle est venue à Paris sans doute pour y trouver du travail (à moins que ce soit pour accoucher dans l’anonymat). Etant enceinte et fille-mère elle a abandonné son fils le 8 Therm. an IX. Le bébé a été reçu à l’Hospice des Enfants Trouvés et mis en nourrice chez une famille de cultivateurs dans la Somme.
    J’ai remarqué que les abandons d’enfants étaient nombreux en Picardie à cette période.

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  • Quelques notes sur les abandons d’enfants en l’an X 20 avril 2013 16:00, par lucette dellis

    je suis adhérente de cette association, Sciences et lettres du Loir & Cher a, il y a quelques temps fait des recherches et surtout a publie un ouvrage sur ce sujet. Ce sujet a été très bien étudié et peut vous apporter de nombreux renseignements.
    Bonne recherche

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  • Quelques notes sur les abandons d’enfants en l’an X 20 avril 2013 18:09, par Pierrick Chuto

    J’apprécie les différentes notes au sujet de cet article.
    je vais publier en automne un livre sur les enfants trouvés de l’hospice de Quimper au XIX e siècle, sujet qui me passionne.
    Entre 1815 et 1861, plus de 3600 enfants exposés dans le tour de l’hospice et mis en nourrice dans les campagnes où l’air était théoriquement plus sain.
    Mais les parents nourriciers, le plus souvent de pauvres journaliers, n’avaient guère les moyens d’élever dignement ces enfants pour lesquels ils ne recevaient que cinq à six francs par mois.

    Les enfants de personne, pauvres petits êtres venus de toute la Cornouaille et exposés dans le tour de l’hospice de Quimper, n’ont pas demandé à être abandonnés dans des locaux si hideux qu’ils ne semblent pas destinés à recevoir des créatures humaines.
    La misère, le relâchement des mœurs et l’égoïsme figurent parmi les principaux responsables de la lutte que doivent mener ces enfants trouvés, déclarés de père et mère inconnus et affublés de patronymes pour le moins originaux, afin de survivre aux aléas d’une existence en marge d’une société qui tend à les rejeter.
    Si beaucoup meurent dès le premier âge, d’autres, mauvaises graines corrompues dès l’origine, empruntent des chemins interdits tandis que les plus chanceux ou les plus courageux parviennent à fonder une famille.
    Dans un XIXe siècle méconnu, l’évolution chaotique de l’assistance aux plus démunis ne peut laisser personne indifférent.

    J’espère que ce sujet intéressera les généalogistes amoureux de l’histoire
    Bien cordialement
    Pierrick Chuto

    Voir en ligne : http://www.chuto.fr

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  • Quelques notes sur les abandons d’enfants en l’an X 20 avril 2013 19:20, par pontel pascal

    Bonjour,
    mon arrière-arrière grand’père a lui aussi été abandonné en
    1804, dans la ville d’Aunay sous Auneau (Eure et Loir)et ensuite on le retrouve orphelin des Hôpitaux de Paris. Sa
    mère, originaire de Beauvilliers, à plus de 25 kms de là est
    venue accouchée dans ce village. Il est bon de savoir que
    sous l’Empire, il était parfois de coutume d’abandonner sa
    progéniture, même si on faisait partie de la gent aisée et bourgeoise (peut-être pour ne pas offrir de la chair à canon
    dans les batailles napoléoniennes sans fin. L’Eure et Loir
    est un département limitrophe du LOir et Cher
    Amicalement.
    Pascal Pontel

    Voir en ligne : http://madelpasa@wanadoo.fr

    Répondre à ce message

  • Bonjour,

    Mon arrière-arrière grand-père à lui aussi été abandonné en 1833 en fin d’année à la crèche de l’hospice de Vendôme (Loir et Cher).

    Avec des précisions sur la description du linge et sur le Nom et le prénom à donner à l’enfant.

    Par contre je n’arrive pas malgré mes recherches aux AD réponse recherche révélée infructueuse et au Centre Hospitalier de Vendôme qui non plus les archives des enfants abandonnés ; à trouver les dossiers des enfants abandonnés à Vendôme 41.

    Mme Lassalle

    Répondre à ce message

    • Bonjour
      Vous trouverez aux archives départementales des renseignements en étudiant la série X (hôpitaux)et la série H dépôt.
      Il faudra vous armer de courage et de patience,recouper les informations souvent partielles et erronées, mais le jeu en vaut la chandelle .
      Cela fait un an que je fouille celles du département du Finistère afin d’écrire mon prochain livre sur "les enfants trouvés" qui ont été exposés (déposés) au tour de l’hospice de Quimper
      Cordialement
      Pierrick Chuto

      Voir en ligne : http://www.chuto.fr

      Répondre à ce message

  • Je ne sais pas si celà est tout à fait en rapport, mais en dépouillant les BMS de Saint-Cirgue, j’ai croisé des événements (B ou S)sur les années 1776, 1786 & 1788. Ils concernent des enfants "anonymes", désignés par leur seul prénom et indiqué par exemple comme "venant de Hôpital d’Alby, en nourrice chez jean Granié ou chez marianne Pascal (épouse Baptiste VIRAZELS) ..."
    As-t-on là une fonction prè-DDASS ou une marque d’abandon de crise ?
    Ref AD81 - Saint-Cirgue - BMS 1786-1790 p 06,08,35/54

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  • Quelques notes sur les abandons d’enfants en l’an X 22 avril 2013 16:25, par Xavier FOURNIGUET

    Bonjour,

    Une de mes ancêtres étant un bébé trouvé le 03 juin 1764 rue Neuve Saint-Denis à Paris, j’ai un peu creusé la question sur Paris.

    D’après ce que j’ai trouvé, il était courant à cette époque que des provinciaux viennent abandonner des enfants à Paris (bonne réputation de l’Hospice des enfants trouvés d e Paris). Mais les sources ne précisaient pas si c’étaient des provinciaux ruraux ou citadins.

    Souvent, il y avait des éléments d’identification précis (jusque qu’à un extrait d’acte de baptême) ; en feuilletant un registre aux AD de Paris, j’ai aussi vu le cas d’une petite fille, abandonnée dans la même période que mon ancêtre, que ses parents, dont la situation économique s’était améliorée, sont venus rechercher 15 ou 20 ans plus tard (de province justement ; et, de mémoire, de l’ouest de la France).

    Mais, pour mon ancêtre, rien.

    D’ailleurs, les commissaires au Châtelet de Paris, qui intervenaient obligatoirement, utilisaient des PV d’enquête pré-imprimés à compléter de 3 tailles, selon le volume d’informations trouvées sur les enfants abandonnés.

    La mortalité infantile des enfants abandonnés était effectivement énorme. Mais celle des autres enfants l’était généralement aussi, même si, de temps en temps, on peut rencontrer une famille dont (presque) tous les enfants sont arrivés à l’âge adulte, en ville comme à la campagne.

    Ceux des enfants assistés qui survivaient après le premier placement en nourrice allaient ensuite principalement dans des familles du nord de l’Aisne ou du diocèse d’Evreux ; cette dernière destination a été celle de mon ancêtre, qui s’est mariée à Vernon, avec un vigneron de Saint-Marcel. Elle est décédée à 80 ans.

    En ce qui concerne un certain relâchement des mœurs au moment de la Révolution et dans les années suivantes, signalé par un autre intervenant, les 3 cas recensés d’enfants hors mariage dans mes ancêtres sont en 1798, 1806 et 1851 ; les 2 premiers, autour de l’an X, sont en milieu rural (Alpes-de-Haute-Provence, milieu paysan pauvre, unique enfant, la mère disparaîtra vers 1820, et Loiret, milieu paysan aisé, la mère se mariera quelques années plus tard et aura d’autres enfants) : le 3e est à Paris, à côté de l’Opéra comique et la mère une couturière, née à Paris, âgée de 27 ans et dont ce sera le seul enfant.

    Salutations amicales.
    Xavier FOURNIGUET

    Répondre à ce message

  • Quelques notes sur les abandons d’enfants en l’an X 7 mai 2013 23:15, par Eliane Gaspard

    On voit que la révolution n’a pas amélioré la situation des populations... Je pense que le relâchement des mœurs suite à l’éviction de la religion a fait grimper le nombre d’enfants de pères inconnus. Et comme il y avait de plus en plus de structures pour faire face à ces nombreux abandons, les mères n’hésitaient plus à franchir le pas, d’où le nombre important de pauvres orphelins.
    De plus, la mortalité en nourrice était impressionnante. Il n’y a qu’à étudier la façon dont les "meneurs" "s’approvisionnaient" en enfants, marchant parfois pendant plusieurs jours avec l’enfant dans une hotte sur leur dos, sans qu’il soit nourri. Et si, par chance, il arrivait en vie, c’était sans amour qu’il poursuivait son chemin, souvent utilisé comme "esclave". J’ai d’ailleurs eu l’occasion de le constater dans les années 1960 dans une ferme où j’allais en vacances avec ma famille : il y avait une petite fille de la DDASS qui portait des seaux presque aussi lourds qu’elle et qui travaillait toute la journée tandis que la fille du fermier se pavanait comme une princesse... Je n’avais que 6 ans mais cela m’a fait de la peine...

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  • Quelques notes sur les abandons d’enfants en l’an X 14 mai 2013 18:05, par Kalsron Joëlle

    Effectuant moi-même des recherches dans la Nièvre sur une ancêtre victime d’abandon à sa naissance à Paris en 1857,j’ai été surprise par le nombre d’enfants abandonnés à Paris et placés dans la Nièvre dans les années 1870-80,cette personne a d’ailleurs confié à l’assistance sa fille née hors mariage mais a reconnu par la suite son fils né dans les mêmes circonstances.
    La période est différente,les raisons aussi je suppose...

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