Marc, l’un de mes cousins, fut très proche de moi durant mes années de jeunesse, avant que nous nous perdions un peu de vue. N’ayant pas eu de frère, et comme il n’avait que deux ans de plus que moi, je le considérais comme mon aîné.
Que de rigolades, de parties folles, de discussions à bâtons rompus avons-nous eues en commun !
Il s’engagea dans les parachutistes d’infanterie de marine, un an avant mon départ pour la marine nationale, et fut longtemps affecté au Sénégal, près de Dakar, où je luis rendis visite une fois, lors d’une escale du porte-avions Foch sur lequel je me trouvais. Ce devait être en 1966.
Lors de nos permissions à Orléans, quand nous nous y trouvions en même temps, nous sortions ensemble, souvent accompagnés de "son pote Bébert", un autre parachutiste colonial du même régiment que lui.
Nous faisions "tache" à Orléans ! En effet, nous revêtions bien sûr nos uniformes, et deux parachutistes "bérets rouges" accompagnés d’un "mataf", ne passait pas inaperçu. Et de plus, nous nous arrangions pour cela !
Cela nous procurait souvent des problèmes avec les militaires "locaux" qui étaient jaloux de notre "aura" de "vrais militaires" (pensaient-ils), de baroudeurs, de navigateurs, et qui voulaient se rendre compte si vraiment nous n’avions peur de rien.
Nous ne refusions pas le contact, et aimions bien nous "chicorer" avec "ces petits branleurs" du 2e Hussards ou ceux de Bricy, le camp d’aviation d’Orléans.
Nous prenions aussi des coups, comme une fois, lors d’une fête foraine sur les mails, à Orléans, où une dizaine de "gonfleurs d’hélices" s’amusaient dans les autos-skooters à nous rentrer dedans assez violemment, Marco, Bébert et moi.
Sur un signe de Marco, nous avons chacun bondit de nos véhicules, créant ainsi l’effet de surprise, et nous leur avons volé dans les plumes !
Une bagarre générale s’ensuivit, les civils présents prenant parti soit pour nous trois, soit pour les autres militaires. Ce jour-là, j’ai pris un fameux coup sur le nez, et, m’étant un peu éloigné pour me passer de l’eau sur le visage, près de la caravane d’un forain, Marco revint me chercher, me disant : "vite ! Amènes-toi... ce n’est pas fini...!".
Nous avons réussi à nous échapper avant l’arrivée de la police militaire, laissant aux autres le soin d’expliquer la casse, et nous avons fait la tournée des bistrots, éclusant bière sur bière pour nous réconforter.
Bien évidemment, on se faisait "engueuler" par nos parents respectifs, mais nous n’en avions cure ! Mon père me conseillait de sortir en civil, mais nous étions bien trop fiers de nous "pavaner" en uniforme tous les trois.
Ce fut sûrement à cause de mon uniforme et de ma "superbe" qu’il m’arriva un jour un incident que je n’avais, cette fois, pas cherché.
J’arrivais à Orléans en permission. Débarqué du train, j’attendais le bus, sur la place devant la gare. Ma valise de métal bleu, règlementaire, posée à terre, je me tenais à côté, mon gros sac de toile de mataf posé sur mon épaule.
Un type était passé plusieurs fois devant moi, allant et revenant, en me jetant un regard plus agressif que curieux. Au 4e ou 5e passage, il s’arrêta, et me regarda fixement dans les yeux. Je soutins son regard, avec un petit sourire narquois au coin des lèvres, mais sans échanger un mot.
Puis il me dit : "pose ton sac !" Alors, je m’exécutais.
Sans prévenir, il me décocha alors un des plus beaux "directs" que je n’ai jamais reçu de ma vie.
Ping !! Plus de son... plus d’image...!
Le temps que je me ressaisisse, il était déjà parti.
L’œil commençant à bleuir, le nez meurtri et saignant, et tout le visage endolori, j’arrivais peu après chez mes parents, qui ne voulurent pas accepter ma version de l’histoire, et me gratifièrent d’un : "à peine arrivé, tu cherches déjà la bagarre !".
Cette histoire ne ressemble-t-elle pas au thème de l’arroseur arrosé ?