Si les erreurs incriminées datent de l’inscription à l’état-civil (ou autre document d’archive) à l’époque des événements, elles ne sont pas repérables et nous resterons impuissants à résoudre l’énigme.
Mais, plus probablement, il s’agit de faute(s) de traduction ou de retranscription des actes initiaux et, en retournant à ces sources, nous pourrons rectifier.
J’ai opté pour cette option et je crois que j’ai localisé la date et le critère erronés. Voilà ma proposition de solution :
• Anne-Marie Schneider, sa fille est née peu de temps avant ou après son décès
• Ursule a épousé André Simon après le décès d’Ursus et avant la naissance de Madeleine Simon (1714).
Conséquence : Ursule n’est plus bigame.
* André Simon était veuf lors de son mariage avec Ursule et déjà père de Joseph (né en 1710).
Conséquences :
1- Joseph n’est pas le demi-frère d’Anne Marie et leur mariage n’est plus impossible [1].
2- la succession chronologique des patronymes des enfants est redevenue logique.
Il reste à apporter la preuve que cette solution est la bonne ; pour cela il faut repartir de la source fallacieuse qui a contaminé les arbres, puis à partir de celle-ci retrouver la source correcte qui a été mal traduite ou mal retranscrite.
J’ai retrouvé la source fautive : il s’agit du livre des familles de Friesenheim dans lequel nous y retrouvons la date 1732 pour le décès d’Ursus ; Joseph Simon et Anne Marie Schneider y sont bien notés comme demi-frère et sœur et mariés ensemble [2].
L’étape suivante consistera à vérifier ces données avec les sources que les rédacteurs du livre ont utilisées [3].
Il me faut une chute pour mon article : je pourrais finir en moralisateur par une belle sentence du genre : « Un peut-être n’est pas une certitude ; le maître-mot du dépôt de nos arbres sur Généanet et consorts est VÉRIFIONS avant de valider nos ajouts. »
Mais ce serait bien pédant de ma part et je préfère vous emmener délirer en Bretagne et en Suisse.
… et le roi n’est pas mon cousin…
Une décade plus tôt, j’étais polarisé sur mes racines bretonnes et tout naturellement je suis parti fureter dans Généanet. J’y ai fait provision de moult données (que j’ai vérifiées), mais je suis aussi tombé sur l’ahurissant arbre d’un cousin heureusement très éloigné.
Le bougre affichait sans vergogne qu’il descendait d’un roi de Bretagne fort ancien et plus ou moins mythique. Sa ridicule prétention me consterna.
J’avais relégué cette « trouvaille » dans les scories de ma mémoire. La rédaction de mon article à fait remonter à la surface le nom du monarque adulé : Nominoë.
J’ouvre Généanet … j’inscris Nominoë dans la case chercher mes ancêtres … l’arbre de mon souvenir était bien là :
Non, ô mon lecteur, tu n’as pas la berlue : le Sosa [4] inscrit est bien :
Le bougre avait remonté sans obstacle les 35 générations qui le sépare de celui qui fait sa fierté !
Je m’interroge : avec une dilution par deux des gènes à chaque génération, que reste-t-il du royal spermatozoïde qui fait l’orgueil de notre généalopathe ?
Mais mon ahurissement ne se termine pas là car le délire de mon très lointain cousin n’était pas isolé : Généanet m’offrait en plus 34 autres descendants autoproclamés du dit sire Nominoë.
Plus fort encore, l’un d’entre eux à poursuivi l’escalade jusqu’à 58 générations :
Le syndrome de la cuisse de Jupiter n’est vraiment pas un mythe !
Le carreau de l’arbalétrier ne sera pas pour ma pomme …
Barbara n’est très probablement pas mon aïeule et je le regrette parce qu’après toutes ces années, je m’étais attaché à elle. C’est aussi dommage parce qu’en conséquence Ursule et Ursus ne seraient pas non plus mes ancêtres.
Ursus et Ursule ! Un couple d’ursidés dont les deux prénoms fleurent tellement bon la Suisse [5] qu’ils laissent conjecturer que leurs grands-parents ont fait partie des très nombreux colons helvètes venus repeupler l’Alsace exsangue après la guerre de trente ans [6].
Des ancêtres venus du fin fond des Alpes… Voilà matière à fantasmer et inciter à de nouvelles recherches… Des recherches qui promettent d’être bien aléatoires … Des aléas, des insuccès et des revers qui pourraient inciter un chercheur d’ancêtres quelque peu impatient, aux scrupules élastiques et un rien mythomane à combler les vides jusqu’à parvenir à un ancêtre présentable … Guillaume Tell ne serait pas mal dans ce rôle …
Pour ma part, je n’ai aucune vocation à me livrer à ces égarements : le carreau de l’arbalétrier - héros et symbole de l’indépendance Suisse - ne sera pas pour ma pomme.