Registre de Brignoles 1871-1872 acte n°40 – naissance d’un enfant naturel :
Du vingt six mars, an mil huit soixante douze à 4 heures du soir
Par devant nous Louis Bagarry Maire et officier de l’état civil de la commune de Brignoles arrondissement de Brignoles département du Var
A comparu dame Appolinie Cavalier, veuve de Rampin [1] âge de quarante quatre ans profession d’accoucheuse domiciliée à Brignoles laquelle nous a présenté un enfant de sexe féminin qu’elle nous a dit être née de père et mère inconnus le vingt cinq du courant à une heure du matin en sa maison d’habitation rue Panaisse la mère étant venue accouchée précipitamment chez la déclarante laquelle affirme ne pas l’avoir connue et elle a donné audit enfant les prénoms de Joséphine Julia. _ Cette présentation et les déclarations ont été faite en présence de Lazare Ferlat âgé de 37 ans marchand et de Jules Michel âge de 30 ans tapissier tous les deux domiciliés à Brignoles ont la déclarante et les témoins signé avec nous le présent acte après qu’il leur en a été donné lecture. (État civil : Registre 1869-1870 p 428 acte de décès dudit Séverin Rampin).
- Quel sort était réservé à un enfant né dans ces conditions ?
- Le nouveau-né a-t-il été confié à un établissement ?
- Quelle administration a pu enregistrer son placement ?
Joséphine, de petite taille, avait une infirmité, probablement congénitale, qui la faisait terriblement claudiquer : une jambe plus courte que l’autre de 10 cm ; on ne l’a jamais pour autant entendue se plaindre (elle est décédée de vieillesse à 92 ans). Cependant en cette fin du XIXe siècle nous imaginons que son enfance n’a pas dû être simple :
Être fille de l’Assistance publique et infirme ne devait pas être facile.
Son petit-fils se rappelle l’avoir entendue dire qu’elle avait gardé les chèvres sur les collines de Toulon.
Dans les archives familiales, on trouve une photographie dont les inscriptions au dos nous précisent que Joséphine est censée avoir 10 ans, soit aux environs de 1882.
- Cette photo doit dater d’environ 1882 puisqu’il est écrit au dos, par sa fille,"maman à 10 ans".
La fillette (désignée par une croix) au premier plan de cette grande
terrasse de café, parmi les adultes endimanchés, est la grand-mère
paternelle de mon mari, que nous avons bien connue : Joséphine Julia est née à Draguignan en juin 1872 de parents inconnus.
- À la table de Joséphine
- Quelqu’un saurait-il dire où a été prise cette photo ? Brignoles ? Toulon ? car c’est à Toulon que nous retrouvons sa trace en 1904 lors de la naissance de sa fille. Déclarée née de père inconnu, puis RECONNUE par acte de reconnaissance reçu 7 jours plus tard par Jean Renaud père de l’enfant. Jean, Nantais, serrurier de métier, engagé dans l’armée de 1886 à 1889, a déjà beaucoup voyagé de 1894 à 1904 : Paris, Vannes, Tours, Elbeuf… Comment est-il arrivé à Toulon ? Qui faisait-il ? La jeune mère, mentionnée comme ménagère, est alors âgée de 32 ans.
On trouve leur adresse : route des Moulins Campagne Olivier Toulon.
Puis sur une table des successions et absences de Nantes, à la suite du décès du père de son compagnon en 1905, ils sont mentionnés résidant rue Rouvière toujours à Toulon. Cette indication laisse à penser que c’est pour cette raison que le couple et son bébé quitte Toulon pour Nantes ; une grande expédition à cette époque !
On les situera ensuite à différentes adresses : Maison Collard au Pont du Cens - rue de la Brise à Orvault - Nantes.
En 1928, une deuxième fille naît. Joséphine et Jean se marient en 1911 ; ils habitent alors chemin de Vertou La Tache à Nantes où naît deux ans plus tard leur troisième enfant, Jean, en 1913.
Une lettre retrouvée en 1929 confirme que le père de famille quitte le foyer conjugal en laissant son épouse dans une situation financière très précaire. On ne sait rien de lui de 1929 jusqu’à son décès à l’hôpital de Nantes en 1931.
Joséphine devient nourrice. Dès lors, ses filles, qui ont commencé à travailler très jeunes, subviendront à ses besoins jusqu’à sa vieillesse.
Joséphine JULIA décède à l’âge de 92 ans, à Versailles (78) très aimée de ses enfants et de ses deux petits-fils. C’est pour le bon souvenir qu’elle a laissé que nous aimerions mieux imaginer son enfance.
Merci à tous pour votre aide et vos réponses à nos questions.