A Sélestat, en Alsace, début mai 1830, Jean Baptiste GEORGER, brigadier des gardes champêtres de la ville, annonce sa démission. En fonction depuis le 7 septembre 1829, il a donc exercé peu de temps, et le motif de sa démission n’est pas connu.
La cité entretient alors en permanence 8 gardes champêtres, et il fallait donc assurer le remplacement de celui-ci.
Séance du conseil municipal - 12 mai 1830 : le Maire, en conformité avec l’ordonnance du roi du 29 novembre 1820, présente une liste de trois candidats pour le porte, savoir :
- le sieur GANDER Jean, cordonnier,
- le sieur KEMPFF Antoine, ancien militaire,
- le sieur SPIELMANN Jean, piqueur des travaux communaux.
On procède au scrutin, et chacun vote en son âme et conscience pour celui qu’il juge être le meilleur et le plus apte.
Le nommé Jean GANDER obtient 18 voix sur 23, SPIELMANN voix, KEMPFF seulement une voix, et une voix nulle.
"En conséquence, le sieur GANDER Jean, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, a été nommé brigadier garde champêtre, en remplacement du sieur Georger démissionnaire, pour entrer en fonction aussitôt qu’il aura reçu sa commission et qu’il aura prêté le serment."
Il ne reste plus qu’à attendre l’entérination et la nomination officielle par le Préfet.
Qui était Jean GANDER ?
Il est né à Sélestat le 15 messidor de l’an III (4 juillet 1795) et y décédé le 1er août 1863. Fils de Jean, militaire à Neuf-Brisach, et de Marie Madeleine STEYER.
Il épouse à Sélestat le 31 janvier 1816 Anne Marie DAMM, née en cette ville le 15 mai 1792, fille de François Antoine, batelier, et de Marie Anne LIENHARD.
Le couple aura trois enfants connus :
- Jean (1816-1846), chasseur au 3e escadron du 2e régiment de chasseurs d’Afrique, décédé à Oran (Algérie) le 14 juillet 1846 par suite de fièvre pernicieuse. Pas de postérité.
- Catherine (1820- ) qui épouse Ignace Robert FRICK, tisserand à Sélestat.
- Joseph (1834 Sélestat - 1885 Dijon), capitaine de gendarmerie, officier de la Garde impériale sous Napoléon III, officier de la Légion d’Honneur, dont postérité.
Les fonctions de garde champêtre.
Le garde champêtre était en quelque sorte un policier rural et avait diverses attributions visant à maintenir l’ordre dans la cité :
- Veiller à la conservation des propriété rurales, des récoltes et des jardins.
- Rechercher les malfaiteurs, les vagabonds, les déserteurs.
- Arrêter et conduire devant la justice tous les individus pris en flagrant délit.
- Signaler au Maire ou à la police tous les crimes et délits dont ils ont connaissance.
- Maintenir l’ordre et la tranquillité dans la ville.
- Constater les délits de chasse et de pêche.
- Constater la fraude et la contrebande sur le tabac, les poudres à feu et les cartes à jouer (sur lesquels l’état avait alors un monopole).
- S’assurer du respect des poids et mesures.
D’après le Guide pratique du garde champêtre (3e édition. H.D’Arras) :
"Un garde champêtre doit avoir une grande exactitude, une infatigable activité, une vigilance difficile à tromper, un désintéressement qui le mette au-dessus et la corruption ; il doit avoir quelques notions relatives à la police des campagnes, des idées assez nettes pour rédiger clairement un procès-verbal ; enfin assez de droiture pour que, dans l’exercice de ses fonctions, il ne se laisse pas influencer ni par des haines particulières, ni par des affectations personnelles."
Le métier de garde champêtre était donc une position difficile mais importante dans la cité, et devait être tenu par quelqu’un de droit et d’estimé (du moins par les autorités), en bref une personne digne de confiance.
Sources des images : Wikipedia.