S’il est maraîcher, comme indiqué par certains généanautes, je pense que c’est plutôt une piste à abandonner. C’est un terrien, pas un marin, même pas d’eau douce.
Habitant Eperlecques, comme apparemment le reste de sa famille, donc à plusieurs kilomètres du trait de côte, je ne sais même pas s’il était soumis au système des classes, l’ancêtre de l’inscription maritime, mis en place justement au moment où l’Audomarois devenait français.
D’un autre côté, on n’est pas si loin de la mer, donc il a pu choisir de revenir à Eperlecques dans la seconde partie de sa vie, comme le corsaire Athanase Postel s’installera à Desvres.
Dites-vous que pour qu’il y ait corsaire, il faut qu’il y ait lettre de course, et il ne peut y avoir lettre de course que s’il y a guerre officielle. Une fois que vous avez identifié la période potentielle, il faut déterminer le port d’attache. Et c’est là que surgit le problème de la frontière et de la nationalité des différents ports de la région à l’instant T. Il a pu être natif du côté espagnol et choisi de servir la France ; ça rend juste l’hypothèse moins probable.
Le côté espagnol, c’est surtout pour rappeler que dans la première partie de sa vie, même s’il parle français, il n’est pas soumis à la législation française, ce qui peut perturber les habitudes des généalogistes.
En tout cas, il n’avait pas été référencé comme corsaire par Henri Malo. Mais celui-ci ne relevait que les états-majors
https://gallica.bnf.fr/ark :/12148/bpt6k3394317b.
Ayant des ancêtres dans plusieurs régions, j’ai pu remarquer, de manière empirique, que le Pas-de-Calais était peu alphabétisé (voir la proportion de marques par rapport aux vraies signatures dans les registres) et donc que la mémoire familiale était peu fiable (c’est patent pour les dispenses de consanguinité, qui imposaient de remonter de plusieurs générations ; en Centre-Manche, où le taux d’alphabétisation est supérieur, les dispenses sont généralement fiables, alors que dans le Pas-de-Calais, elles s’avèrent rapidement inexactes et les généalogistes ne s’en servent pas)... Bref ! une mémoire familiale, strictement orale, qui remonterait de trois siècles, je n’y crois pas.
Avec ces légendes familiales, on travaille à l’envers, on part de la conclusion qu’on souhaite avoir pour donner raison à cette légende et on interprète les moyens de preuve non pas dans leur sens habituel mais dans le sens qui conviendrait à cette conclusion, le moins crédible soit-il. Et une simple marque, qui évoque, dans notre sens d’homme du XXIe s. une roue devient une barre de gouvernail...
Hormis les registres paroissiaux, avez-vous d’autres traces de cet individu ?
Et même, dans ces seuls registres, avez-vous fait un relevé systématique des actes dans lesquels il apparaît, comme parrain, témoin etc ? Si c’est un "coq du village" (puisqu’il cherche à se démarquer rien que par sa marque), il est peut-être intervenu souvent, bien trop souvent pour un marin. Repérer sa marque devrait être facile, à condition de lire les registres eux-mêmes, in extenso, et pas se contenter de relevés (c’est une habitude fâcheuse de ceux qui ont commencé la généalogie seulement depuis l’apparition d’internet 😄 ).
Malheureusement, ce genre de légende familiale entraîne dans des recherches chronophages, d’autant plus ralantes qu’elles amènent à chercher une preuve qui n’existe pas.
Et c’est vrai qu’en plus de Blanquard ou Blancquard selon la prononciation picarde, il faudra peut-être aussi vérifier les Blanckaert à la flamande ou les Blanchard à la française. La mauvaise blague serait un De Witte venu des Flandres toutes proches qui francise son nom ou inversement qui se serait fait appeler De Witte s’il a servi dans les Flandres
On en revient donc à la nécessité de retrouver son mariage et donc à interroger Gennpdc