J’imagine le désarroi de Marie (9 ans) et d’Albert (6 ans) après le décès de leur mère. Pour Victor Deroubaix, il fallait faire face à cette situation avec deux enfants encore bien jeunes. Son travail de représentant de la maison Raverdy l’avait probablement conduit à rencontrer des fabricants d’emballages pour le conditionnement de la chicorée. En tout cas il décide de se remettre en ménage. Il se marie à Moulins le 26 août 1893 avec Marie Magdeleine Donat, veuve de Léon Camus, fabricant de sacs en papier.
- Marie Magdeleine Donat, seconde Madame Deroubaix
Extrait du contrat de mariage
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Quant à Victor Deroubaix il n’apporte pas grand’chose, le contrat de mariage fait seulement état des deux mille francs représentant les droits d’Emma Marie Loof sa première épouse. Après son décès aucune liquidation de la communauté ni de la succession n’est intervenue entre lui et ses enfants.
Mille francs placés sur chaque enfant
D’après une lettre de la tante Stéphanie, Il semblerait effectivement que la succession de sa soeur ait été un peu expéditive [2] En réponse à ce que vous me demandez, si ma filleule a droit à quelque chose, je puis vous dire que d’abord il y a eu mille francs de placé sur chaque enfant [3] après la mort de ma chère et défunte sœur. C’est peu il est vrai, mais de plus, leur père a emporté tout ce qui leur convenait à lui et sa femme, et ce qui ne leur plaisait pas ils l’ont vendu, ils ont droit à du mobilier, la robe de soie de ma pauvre sœur, sa montre, batterie de cuisine verrerie rideaux, sa machine ils l’ont vendue, moi je n’ai demandé que quelques souvenirs, sa bague et une lampe que j’avais donné à ma sœur pour sa fête un mois avant sa mort. Du linge elle n’en avait pas beaucoup car elle est venue malade quand elle était sur le point d’en acheter pour elle et son mari.
- Carte de visite Maison Deroubaix
Et bien sûr Marie et Albert doivent quitter à regret leur quartier de Lille, le 56 de la rue Arago et s’habituer à une petite ville de province avec un environnement très différent. Mais surtout il leur faut apprendre à vivre avec une belle-mère. Victor va reprendre l’affaire de sacs de papier comme en témoigne la carte de visite ci-dessus. Et la famille Deroubaix s’installe au 66 rue de Lyon, à l’entrée de Moulins, où elle va accueillir de nouveaux enfants, Gaston en 1894 et Andrée en 1897.
- Marie Deroubaix, 12 ans
La petite Marie poursuit ses études au lycée de jeunes filles de Moulins où elle est une bonne élève. Son bulletin pour le premier trimestre de l’année 1896-1897 affiche des B (bien) et des TB (très bien), ce que confirme l’appréciation de Mademoiselle Marsat, son professeur "Bonne élève, sérieuse et appliquée ...". Lors de la distribution des prix du 30 juillet 1897, elle obtient entre autres le 2e prix de lecture, le 3e prix de langue française, un accessit en histoire naturelle et un en couture. Elle est admise au Certificat d’Etudes Primaires.
- Médaille du Certificat d’Etudes Primaires
Deux anecdotes rapportées par ma tante Marthe [4], me semblent bien illustrer cette période Moulinoise.
Marie était une catholique convaincue, foi profonde qu’elle tenait probablement de sa mère. A Lille le dimanche, elle avait pris l’habitude d’aller à la première messe à 6 heures, à Moulins elle continua ainsi. Un certain dimanche, elle se leva sans faire de bruit et fut toute surprise en ne voyant pas âme qui vive dans les rues. Quand le jacquemart sonna quatre coups, elle comprit sa méprise et rentra vite chez elle.
- Moulins, tour jacquemart (Photo Jean-Louis Zimmermann)
La seconde anecdote montre les rapports difficiles avec sa belle-mère, qui était très dure et exigeante avec elle.
"Je faisais le ménage avant d’aller au collège. Ma belle-mère passait le doigt sur les plinthes pour contrôler et m’engueulait s’il restait de la poussière ."
- "Tu me remercieras plus tard ! Tu sauras comment t’y prendre si tu as une femme de ménage !"
Mais un événement va encore une fois bousculer le cours de sa vie et lui ouvrir la voie d’un nouveau destin ...
Liens :
Sources :
- Archives familiales (courriers, photos, carte de visite).
- Archives municipales de Moulins.
- Etude de Maître Michel Vivier, notaire à Moulins.