Le possessif s’impose, vous êtes tous les miens. Et une sorte de tendresse nait en moi envers certains de mes ancêtres, comme toi, par-delà les siècles, et par-delà vos disparitions.
Ma Thérèse, tu es née un 23 décembre, précisément 143 ans avant moi. Il y a donc 221 ans. C’était dans un hameau du petit village de Mazet-Saint-Voy en Haute-Loire. Le hameau lui-même ne devait pas être important puisqu’il s’appelait L’Aulagnier-Petit. Mais, qu’est-ce qui était petit, le hameau ou bien les noisetiers qui lui avaient donné son nom ? Peut-être as-tu vu le jour dans la chaumière aujourd’hui transformée en lieu d’exposition ? J’aime à imaginer les murs de ta maison d’enfance où un habitant actuel du lieu a rassemblé, à l’occasion du centenaire de l’armistice de la Grande Guerre, des documents sur tous les hommes et les femmes ayant œuvré pour la paix à travers le monde. Ils sont sombres, ces murs, construits avec les larges pierres volcaniques de la région. En 1797, ton village se nommait Saint-Voi (juste V.o.i), puis en 1801 Saint-Voy-de-Bonas (un Y, je ne sais pourquoi, ayant remplacé le i). Tu n’as pas connu le nom actuel Mazet-Saint-Voy attribué en 1894.
Je t’imagine dans ton travail à la ferme, avec tes sabots de bois cloutés, ta robe longue en lourd tissu de chanvre, ton bonnet noué sous le menton. Un cochon, quelques chèvres, deux vaches : c’était toi qui étais chargée de leur nourriture, sans oublier les poules, les canards et deux oies… Tu ne quittais probablement l’Aulagnier que pour le marché hebdomadaire du jeudi. Est-ce un jour de marché, justement, après la vente des œufs et du fromage, que ton père est allé jusqu’à Fay-sur-Lignon avec sa charrette tirée par ses deux vaches, avec l’intention de boire un canon avant de rentrer à la maison ? C’est là, dans le cabaret du village, que lui, Jean-Pierre Véron, a fini ses jours, victime d’une attaque cardiaque en avril 1816. Tu avais dix-huit ans.
Tu as quitté ton village, et même ton département, avec ta mère. Je ne sais comment s’est fait le choix de venir vivre à Gilhoc. Après la mort de ton père, il est bien possible que la vie soit devenue encore plus rude. Tu étais la dernière des douze enfants. Tu avais été baptisée du prénom d’une sœur décédée. Combien vivaient encore et sont partis avec vous ?
Je crois deviner qu’à Gilhoc tu découvres rapidement l’amour. François est de Perel, une ferme à seulement quelques centaines de mètres de celle de ta famille. Vous avez vite fait connaissance. Dans ce même quartier, distant de quatre kilomètres du village, les habitants sont presque tous protestants, comme à Saint-Voy. C’est probablement cette raison qui vous a fait choisir ce lieu pour vous y installer. Une même communauté, une minorité qui « se serre les coudes ». Tu n’oublies pas que tes parents se sont mariés « dans le Désert », bénis en cachette par un pasteur, au milieu des bois. Les Dragons du Roi poursuivant tous les adeptes de la « RPR », la religion prétendue réformée, pour les forcer à abjurer, on risquait sa vie à chaque rassemblement. Et voilà que celui qui t’a charmée est catholique. Et tu l’aimes tel qu’il est, comme il t’accepte telle que tu es, avec vos croyances différentes. Mais pour ta mère, il est impensable que tu l’épouses. De plus, tu n’y penses pas, ma fille, se désole-t-elle, il pourrait être ton père ! Alors tu pleures, tu as peur de l’avenir, de faire souffrir ta mère. Tu as vingt-trois ans, et tu lui as avoué ce que tu viens de réaliser : tu es enceinte. Pour elle, cette future naissance apparait comme une grande honte, s’ajoutant à l’inquiétude d’avoir à nourrir une bouche de plus. Une vague de bonheur te submerge pourtant, balayant les craintes, la culpabilité d’aimer un homme qui n’est pas de ta religion. Ton fol espoir demeure de devenir la femme de François pour la vie. Tu chéris cet enfant qui grandit en toi, en dépit des jugements que tu lis dans de nombreux regards…
C’est un garçon qui voit le jour le Jour de l’An 1821. Ton frère Louis va descendre au village faire la déclaration de naissance. Il est le seul à être compréhensif, à accepter ton enfant, au point de décider de l’appeler Louis, comme lui. Sur l’acte enregistré dans les archives municipales, je découvre même qu’il lui attribue le prénom de Charbonnier Louis. Charbonnier n’étant pas un prénom, cette déclaration n’est-elle pas une manière détournée d’affirmer qu’il est reconnu par son père. Ta mère, elle, reste hostile. Ce n’est qu’après sa mort en 1823 que tu t’autorises à aller habiter à Perel, où t’attend celui que tu aimes. Alors, en 1825, ton rêve de mariage avec François se réalise enfin. Il restera, sur votre acte de mariage à la mairie de Gilhoc, la trace de ces cinq ans d’attente et l’humiliation subie pour ne pas avoir respecté les convenances. Je lis au bas de la page : « Les parties contractantes ont déclaré avoir eu commerce charnel avant la célébration du présent mariage, duquel est né un enfant mâle appelé François Louis, enregistré comme enfant naturel de ladite Veron, d’ores et déjà adopté dès la célébration du présent mariage comme leur enfant légitime. »
Je ne suis pas de la descendance de Louis, mais de ta neuvième et dernière enfant, Geneviève Charbonnier, de dix-huit ans plus jeune. Pourtant, j’ai été curieuse de savoir quelle vie avait été celle de cet arrière-grand-oncle.
Étonnante aventure de se pencher sur les vieilles archives ! En 1848, à vingt-six ans, ton fils aîné Louis se marie avec Marie-Anne Ponsonnet, du hameau de Guillomon de l’autre côté de la vallée de l’Ormèze. J’imagine que cette union a dû te causer bien des inquiétudes, Thérèse, lorsque je lis que « la mère de la future, dont le consentement aurait dû être demandé, se trouve dans l’impossibilité de manifester sa volonté par suite d’un arrêt rendu contre elle par la Cour d’Assise de l’Ardèche, ainsi que cela résulte d’un extrait des minutes du Greffe de ladite Cour, lequel extrait à nous produit, a été paraphé par nous, officier de l’état civil, et par la partie produisante et restera annexé au présent acte de mariage. » Impossible de rester passive après cette lecture, il me faut absolument en savoir davantage sur cette affaire de crime ! Alors je fouille, je furète dans le site des Archives départementales. Il y a une rubrique Presse, avec une grande liste de journaux locaux. Grâce aux moteurs de recherche, Le Courrier de la Drôme et de l’Ardèche [1] va me fournir des renseignements incroyables sur les circonstances de l’assassinat commis par Marianne Gras, veuve Ponsonnet.
L’histoire se passe en 1846, deux ans avant le mariage de sa fille Marie-Anne avec Louis. La jeune femme a un amant, un prétendant trop pauvre pour convenir à sa mère, et qui a aussi cessé de lui plaire semble-t-il, après deux ans de fréquentation. Les deux femmes se défendent des accusations par des mensonges qui ne convainquent pas la cour, et l’on comprend qu’elles ont, à leur retour d’une assemblée protestante, tendu un guet-apens au jeune homme et que la mère l’a abattu d’un coup de fusil tiré à travers la lucarne de l’écurie. D’après le récit détaillé paru dans le journal, il est difficile de comprendre que la criminelle ait bénéficié de circonstances atténuantes, et ne soit condamnée qu’à cinq ans de prison. Sa fille, elle, ne semble avoir été condamnée à aucune peine. Et son mariage a pu être célébré, Louis étant assez fortuné pour lui plaire.
- Courrier de la Drôme et de l’Ardèche du 3 novembre 1846
Privas, le 6 juin 1847.
La veuve Ponsonnet, accusée d’assassinat, devait être jugée le 1er de ce mois, par la Cour d’assises de l’Ardèche. Son fils et sa fille venaient d’arriver à Privas. Le premier alla loger chez Paulin Théron, cabaretier. En attendant l’heure de l’audience, il vidait une bouteille de vin avec le patron, lorsque deux individus entrèrent. Ceux-ci, après avoir échangé quelques paroles avec ce jeune homme, lui offrirent de boire ensemble, ce qui fut accepté : Trois bouteilles étant bues, chacun paya la sienne et l’un des nouveaux venus quitte le cabaret, qui a déjà fait ample connaissance avec Ponsonnet, le conduit dans un autre cabaret, où ils boivent encore une bouteille. Ponsonnet, qui était ivre, jette sur la table une pièce de 5 fr. pour la payer. Son compagnon prend cette pièce, qu’il empoche, en disant à la cabaretière qu’il paiera lui-même plus tard cette bouteille , et emmène Ponsonnet hors de la ville, au quartier de la Chaumette dans un endroit voisin de précipices et où le moindre faux-pas peut être fatal ; il le fait coucher sous un châtaignier où Ponsonnet dort pendant plus de trois heures. A son réveil, les fumées du vin étant dissipées, il est tout surpris de ne pas voir son compagnon près de lui. Des soupçons s’élèvent dans son esprit : il porte la main dans sa poche et s’aperçoit aussitôt qu’un sac contenant une somme de 550 fr. destinée au défenseur de sa mère, a disparu. Il porte plainte au commissaire de police, qui se met de suite à la recherche du nommé N... qu’on désigne comme auteur du vol. N... arrêté quelques instants après, avoue bien avoir conduit Ponsonnet au lieu indiqué ; mais il nie la soustraction qui lui est imputée. M. le commissaire de police ne pouvant se contenter de ses dénégations, le fait arrêter. N.,. est maintenant à la disposition de M. le procureur du roi.
Présidence de M. GUIRAN De LA BEAUME conseiller à la cour royale de Nîmes
Audience du juin. — Assassinat.
Une femme âgée de 66 ans et aux traits repoussants est amenée sur les bancs du crime, sous le poids de la plus grave accusation, celle d’homicide volontaire avec préméditation sur la personne de l’amant de sa fille. Cette femme, sur laquelle se portent avec dégoût les regards d’un nombreux auditoire, est Marianne Gras, veuve Ponsonnet, propriétaire et domiciliée au hameau de Guillaumont, commune de GILHOC.
Après l’appel des témoins qui sont au nombre de 29, tant à charge qu’à décharge, le greffier donne lecture de l’acte d’accusation, conçu à peu près dans ces termes :
« Depuis deux ans environ, Adolphe Simon, enfant naturel de la commune de Gilhoc, faisait une cour assidue à Marie-Anne Ponsonnet, fille de l’accusée, domiciliée en la même commune, au lieu de Guillaumont ; il fut d’abord et pendant longtemps bien reçu par la mère et la fille, mais plus tard ses assiduités déplurent à la veuve Ponsonnet qui avait pour sa fille d’autres projets d’établissement. Elle invita plusieurs fois Simon à mettre un terme à ses visites, mais celui-ci ne tint point compte de ses observations et continua ses relations avec sa maîtresse. Son obstination jeta la veuve Ponsonnet dans une irritation qui se manifesta à diverses reprises.
« Le 25 octobre 1846, Marie-Anne Ponsonnet et sa mère revenaient d’une assemblée protestante qui avait eu lieu ce jour-là à Gilhoc : elles rencontrèrent Simon qui passa près d’elles sans leur adresser la parole, mais Catherine Riou qui les accompagnait ayant demandé à la veuve Ponsonnet si Simon était toujours le même, cette femme lui répondit : « Cela ne fait qu’augmenter : au reste il y en a un peu de préparé pour lui. »
« A cinq heures et demie du soir, alors que la mère et la fille étaient rentrées dans leur domicile depuis quelques instants, une forte détonation se fit entendre, et les voisins accourus au bruit trouvèrent Adolphe Simon renversé à terre et baigné dans son sang à quelques pas de la maison Ponsonnet. Il venait de recevoir des blessures profondes au bas-ventre et dans la partie supérieure de la cuisse droite. Transporté immédiatement dans la maison de Besset, voisine de celle de la veuve Ponsonnet, il expira au bout d’une heure après avoir déclaré à plusieurs personnes que Marie-Anne Ponsonnet l’avait appelé pendant qu’il était appuyé coutre l’angle de sa maison, et qu’au moment où il s’approchait d’elle sa mère lui avait tiré un coup de fusil.
« La mère et la fille furent arrêtées peu d’instants après l’événement : elles prétendirent par un mutuel accord que le coup de fusil avait été tiré par la fille, et que celle-ci ne s’était portée à cette extrémité que pour défendre son honneur. Mais remarquant bientôt l’absurdité d’un pareil système de défense, la veuve Ponsonnet avoua qu’elle avait tiré elle-même le coup de fusil, et voici comment elle raconta la chose : « Au retour de l’assemblée, dit-elle, je rentrai chez moi avec ma fille. Un moment après, je sortis pour aller donner à manger à mes vaches : pendant que je prenais du foin dans la grange, j’entendis Simon menacer ma fille : je descendis précipitamment pour aller à son secours : arrivée dans l’écurie, je pris une fourche à l’aide de laquelle j’essayai vainement de forcer la porte extérieure qui se trouvait fermée en dehors. Dans l’impossibilité de sortir, je m’approchai d’une meurtrière qui donne du jour à l’écurie, et de là j’aperçus Simon qui faisait des efforts pour s’introduire par une fenêtre dans la cuisine où j’avais laissé ma fille ; il avait déjà la tète et les bras en dedans : de ses jambes qui restaient en dehors, il s’agitait comme un homme qui voulait absolument pénétrer dans l’intérieur. Le voyant sur le point de réussir et ne sachant comment secourir ma fille, je saisis un fusil qui se trouvait par hasard dans l’écurie et en ayant appuyé le canon sur le bord de la meurtrière. j’en appuyai la détente, sans m’assurer de la direction de l’arme, n’ayant d’autre intention que d’effrayer Simon »
Toutes ces allégations sont détruites par des témoignages irréfragables et par l’examen de la disposition des lieux. En effet, il est démontré par la procédure que Simon est tombé à l’endroit même où il a été frappé les témoins qui l’ont relevé l’ont trouvé baigné dans une mare de sang à quelques pas de la maison Ponsonnet. Ils n’ont remarqué aucune trace sanglante entre cet endroit et la fenêtre de la cuisine ; l’ouverture de l’écurie par laquelle le coup a été tiré est tellement étroite qu’il eût été impossible de diriger, de l’intérieur, le canon du fusil vers la fenêtre de la cuisine. Simon a été frappé dans le bas-ventre et à la partie interne de la cuisse : s’il s’était trouvé, au moment de l’explosion, dans la position indiquée par la veuve Ponsonnet, c’est-à-dire horizontalement et la moitié du corps déjà introduite dans la cuisine, le coup aurait porté ou sur la partie postérieure du corps, ou dans les jambes, mais jamais dans le bas-ventre. Simon était donc debout, faisant face à la meurtrière de l’écurie, lorsqu’il a été atteint. Il se rendait à l’appel de Marie-Anne. C’est donc bien volontairement et dans l’intention de lui donner la mort que le coup a été tiré par la veuve Ponsonnet. Il est certain, en outre, que la veuve Ponsonnet avait depuis longtemps prémédité son action ; elle avait à plusieurs reprises proféré des menaces contre Simon ; elle avait prétendu avoir le droit de tirer sur lui, et, le jour-même du crime, elle dit à la fille Catherine Riou : Il y en a un peu de préparé pour lui. Vainement elle a cherché à expliquer ces paroles ; elle n’a pu détruire la charge accablante qui en résulte contre elle. En vain aussi l’accusée prétend qu’elle voulait sortir armée seulement d’une fourche pour aller au secours de sa fille : il est démontré par l’interrogatoire même de Marie-Anne et par la déposition de Claude Ponsonnet, son frère, et de tous les témoins, que la porte de l’écurie n’a été fermée ni ouverte par personne.
« En conséquence, Marie-Anne Gras, veuve Ponsonnet, est accusée de s’être rendue coupable d’avoir, au lieu de Guillaumont, commune de Gilhoc, le 26 octobre 1846, commis, avec préméditation, un homicide volontaire sur la personne du nommé Adolphe Simon, crimes prévus par les articles 295,296,297 et 502 du Code pénal. »
On procède à l’audition des témoins.
Il résulte de l’ensemble de leurs déclarations, que les amants avaient vécu pendant près de deux ans dans la plus étroite intimité, et que si Marie-Anne Ponsonnet avait tout-à-coup changé à l’égard de Simon, ce changement devait être attribué aux remontrances de sa mère et à l’espoir d’épouser un jeune homme plus riche que cet infortuné.
L’accusation a été soutenue avec force par Me Tailhand, procureur du roi.
Me Volsy Arnaucoste a présenté chaleureusement les moyens de défense.
Le jury avant résolu affirmativement la question d’homicide volontaire, en admettant des circonstances atténuantes, la veuve Ponsonnet a été condamnée à 5 ans de réclusion.
Tu dois te sentir bien seule, Thérèse, pour affronter les difficultés. François est mort depuis trois ans, il te protégeait, vaillant, et, de plus, sachant lire et écrire, contrairement à toi. Te voilà maintenant seule et faible.
Puis, miracle, un nouvel homme va entrer dans ta vie. Il s’appelle Bernard Marsannoux, il vient de Toulaud dans la vallée du Rhône. Tu as cinquante ans et lui, cinquante sept. Il te fait oublier tes tracas, vous vous mariez, deux semaines seulement après ta fille. Pendant ce temps, à Paris a lieu la Révolution, et l’on vote pour le premier président de la deuxième République. Au village, c’est peut-être un espoir de voir s’éloigner la pauvreté des petits paysans, car les prix ont beaucoup augmenté ces derniers temps, la vie est dure ! Louis-Napoléon Bonaparte va permettre un temps de rêver.
Vous allez vous installer à la Vignasse, toujours dans le même quartier : l’endroit nous appartient encore, mais il n’y a plus de maison, écroulée depuis plus de soixante ans. J’ai juste le souvenir d’avoir mangé des pommes reinette du pommier qui était là quand j’étais petite. Ton mari et toi vous resterez à la Vignasse jusqu’à la fin de vos jours. Après trente-trois ans de vie commune, vous y mourrez, tous les deux la même année, à huit jours d’intervalle, en 1881, toi à 87 et lui à 94 ans.
J’aime à penser que tu avais l’esprit encore assez vif pour te réjouir, cet été-là, toi qui n’étais jamais allée à l’école, de la réussite de ta petite-fille Léonie -ma grand-mère-, au tout nouveau certificat d’études primaires que Jules Ferry allait bientôt instituer officiellement.
Thérèse, ma trisaïeule, ce sont des bribes de ta vie, tu ne m’as pas tout révélé…