Lorsque nous avions édité en 2018 le roman de Paul Verdun, « Le sol natal » nous avions titré, en avant-propos : « Paul Verdun, cet illustre inconnu » et nous écrivions qu’à Paluel et à Vittefleur, personne n’avait entendu parler de Paul Verdun.
Ce personnage énigmatique – insistions nous alors – avait pourtant écrit deux romans qui évoquaient nos deux bourgs dans leur contenu : « Rêve d’or », écrit en 1891, puis « Le sol natal » écrit en 1896 et publiés dans plusieurs journaux de l’époque sous la forme de feuilletons.
- annonce du prochain feuilleton
- "La Gazette de Chateau-Gontier" du 6 septembre 1903
Le mystère qui planait sur l’auteur et son histoire a continué de nous intriguer. Il n’était en effet pas possible pour Paul Verdun d’avoir rédigé les scénarios de ses romans sans être venu dans la vallée. « L’auteur est obligatoirement venu chez nous, y a séjourné, a analysé en détail la vie des habitants, tout ce qui caractérise nos villages et leurs traditions. Venait il en villégiature ou avait-il des attaches dans l’une ou l’autre de nos communes ? » avions nous souligné.
Eh bien, cette énigme est en voie d’être résolue. Nous n’avons pas hésité à nous plonger dans les banques de données et les archives et poursuivre nos recherches sur le personnage. Voici nos conclusions :
- "La Revue des lectures"
- Décès annoncé dans le numéro du 15 janvier 1936...avec deux belles erreurs !
On savait déjà que Paul Verdun n’était qu’un pseudonyme de plume et que son vrai nom était Joseph Warin. A partir de là, il a fallu explorer les sites de généalogie et les archives de l’état civil, aussi bien à Paris qu’ici à Vittefleur et à Paluel.
Une première découverte fut celle de son acte de mariage, le 12 mai 1891 à la mairie du 9e arrondissement de Paris. On pouvait en effet lire dans l’acte que Joseph Alexandre Warin s’unissait avec Esther, Catherine Leboucher, dont les parents, Prudent, Cyriaque Leboucher et Marguerite Mélanie Huguin étaient cultivateurs domiciliés à Vittefleur (Seine Inférieure). Marguerite était originaire du canton de Verdun.
On comprenait mieux ainsi pourquoi Joseph Warin, alias Paul Verdun s’était intéressé à Vittefleur et ses environs.
La famille Leboucher est une grande famille de Vittefleur. Jacques des Guerrots, dans son ouvrage « La curieuse histoire de Crosville-sur-Durdent » cite, page 129, un certain Pierre Leboucher qui, en 1610, fournissait les matériaux de couverture pour la construction de la maison de la Fontaine Saint-Pierre.
Plusieurs générations de Leboucher ont œuvré dans la cité des maraîchers et dans les communes voisines en qualité de charrons ou de charpentiers.
D’autres ont su tirer profit de la rivière et y exploiter des moulins, tel Pierre Leboucher au milieu du 19e siècle ou François Evariste Leboucher, le métier de tisserand.
Nous imaginons maintenant facilement Paul Verdun, grand passionné de littérature, visitant sa belle-famille, se plongeant dans le petit monde cauchois, arpentant aussi bien Vittefleur que Cany et Paluel, observant la vie dans les chaumières et imaginant les scénarios de ses ouvrages : « Rêve d’or » et « le sol natal » qui ont si bien mis en relief le caractère de nos aïeux.
Des questions restaient cependant suspens, notamment celle de savoir pourquoi Esther, la femme de Joseph Warin était née à Paris alors que ses parents étaient cultivateurs à Vittefleur.
Nous avons trouvé l’acte de mariage des parents d’Esther, mariage célébré à Paris, 6e arrondissement, le 9 janvier 1864. Dans l’acte, Prudent Cyriaque Leboucher est déclaré avoir la profession de cocher et domicilié à Paris, au n° 5 de la rue Barouillère [2], fils de Charles Augustin Leboucher, un charron de Vittefleur et de Adéläïde Lisoré, domiciliés à Vittefleur.
Deux des frères de Prudent Cyriaque étaient présents au mariage : Charles et François, exerçant comme leur père, la profession de charrons à Vittefleur.
Nous en déduisons ainsi que Prudent Cyriaque Leboucher et sa femme Marguerite, avaient quitté Vittefleur vers 1860 pour aller vivre et travailler à Paris.
La lecture de l’acte de naissance d’Esther nous apprend en plus que parmi les deux témoins cités par le service d’Etat-civil parisien, figure un certain Dominique Warin exerçant la profession de cordonnier dans le 6e arrondissement et qui n’est autre que le père de Joseph Warin, alias Paul Verdun.
Nous trouvons par conséquent ici l’explication des deux pseudonymes de plume qu’ utilisa Joseph Warin : Paul Verdun, du fait de l’origine de sa belle-mère et Gustave Marchand, du nom de jeune fille de sa belle-mère.
Il nous restait à résoudre deux problèmes : Joseph Warin, alias Paul Verdun/Camille Marchand et Esther Catherine Leboucher avaient ils eu des enfants ? Nous avons poursuivi nos recherches jusqu’à ce jour mais sans résultat. Il est donc possible que le couple n’ait pas eu de descendance. Ce point de vue semble être confirmé par le fait qu’au décès de chacun d’eux les témoins cités n’étaient pas membres de la famille contrairement à ce qui se pratiquait à l’époque..
Les dates essentielles de la biographie de Joseph Alexandre Warin, alias Paul Verdun :
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Nous avons également tenté de retrouver une photo de notre auteur. Hélas, nos recherches sont restées vaines jusqu’à aujourd’hui. D’où notre appel à l’aide. Merci ! |
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- "Le sol natal"
Pour terminer, rappelons que l’ouvrage « Le sol natal » de Paul Verdun dont l’intrigue se déroule entre Vittefleur et Paluel, reste disponible auprès du Comité des Lettres et d’Histoire de la Vallée de la Durdent, 18 rue Glatigny 76450 Grainville-la-Teinturière au prix de 22 euros.