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Les surnoms des soldats embarqués sur les navires de la Compagnie des Indes

Le jeudi 8 octobre 2009, par Jean-Yves Le Lan

Depuis que je m’intéresse à la Compagnie des Indes, j’ai trouvé dans les rôles d’équipage de nombreux soldats qui ont embarqué sur les navires de la Compagnie pour aller à l’île de France où en Inde.

Ces militaires étaient des soldats de la Compagnie ou des soldats de régiments particuliers qui embarquaient comme passagers. Le régiment était commandé par un officier souvent pris à la table du capitaine et les hommes étaient placés à bord sous les ordres d’un sergent secondé d’un caporal. Leurs salaires étaient assez faibles au regard de ceux des marins. Un matelot pouvait toucher de 16 à 24 livres et un mousse 5 à 7 livres tandis que les soldats étaient rémunérés de la façon suivante : 19,10 livres pour un sergent, 12 livres pour un caporal et 7,10 livres pour un soldat. Parfois, il y avait aussi un anspessade (grade après le caporal) et un tambour. Un soldat ne touchait donc guère plus qu’un mousse qui était souvent un jeune garçon de 10 à 12 ans.

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Extrait du rôle d’équipage du Duc d’Orléans - Service historique de la Défense – département Marine à Lorient – cote 2 P 37-I-9.

Ce qui est surprenant dans ces listes de soldats, ce sont surtout leurs noms. Ces noms sont généralement composés d’un prénom [1] suivi d’un nom patronymique et d’un surnom. C’est ainsi que l’on trouve par exemple sur le Duc d’Orléans embarqué au départ de Lorient pour Pondichéry en 1754 le sergent « Bernard Ray dit Sanspeur ». Son prénom est donc « Bernard », son nom « Ray » et son surnom « Sanspeur ». Le prénom et le nom sont dans la majorité des cas très classiques par contre le surnom est souvent surprenant. Nous allons exploiter le rôle d’équipage du Duc d’Orléans [2] pour donner toute une série d’exemples.

Le surnom est parfois la répétition du nom comme dans les cas ci-après :

  • Philippe Viard dit Viard,
  • Jean Baptiste Darnouville dit Darnouville,
  • Jacques Buliau dit Buliau,
  • Jacques Riviere dit Riviere.

ou la répétition du prénom sous la forme d’un saint :

  • Efflam Pierre dit Saint-Efflam,
  • Barthélemy David dit Saint-Barthélemy.

Dans ces exemples, le surnom ne donne donc aucune information complémentaire mais parfois ces surnoms sont plus intéressants et permettent de déterminer une caractéristique du personnage ou de déterminer son lieu d’origine.

C’est ainsi que l’on trouve des surnoms qui nous donnent un trait de caractère ou une caractéristique physique du soldat. En voici quelques exemples :

  • Guillaume Cosmaud dit Jolicoeur qui était probablement un homme qui aimait courtiser les femmes.
  • Jean Joseph Pousseau dit la Grandeur qui était lui, soit un homme grand, soit un homme qui avait une stature ou un esprit bien supérieur à celui des autres.
  • Joseph Lyon dit la Jeunesse qui était lui un homme plein de vie et de jeunesse.
  • Louis Gerard dit Pretaboire porte quand un lui un surnom qui montre que le personnage était toujours prêt à accepter à boire.
  • Charles Bourgeois dit Pomponne qui aimait se pomponner.
  • Jean La Jeunesse dit Vilaine qui avait probablement une vilaine tête.

Il y a aussi des noms qui permettent soit de localiser le lieu d’origine du personnage ou son lieu d’habitation. Les exemples ci-après parlent d’eux-mêmes :

  • Matoir dit Avignon,
  • François Humbert dit Pontamousson,
  • Jean François Vinelefach dit Turin,
  • Jean François Moret dit Amiens,
  • François Decoué dit Luzignant (probablement de Lusignan),
  • Jean Mosseran dit Manigot (probablement Manigod, du massif des Aravis en haute Savoie).

D’autres surnoms montrent parfois l’agilité manuelle du soldat, c’est ainsi que l’on trouve :

  • Jacques Ruette dit Fineaiguille qui devait probablement être très doué pour le maniement de l’aiguille pour la couture.
  • Sébastien Bastiez dit la Lime qui lui était habile avec une lime.
  • Jean Jacques Bergeat dit la Verlope (probablement varlope) qui maniait adroitement ce rabot.
  • Pierre Thomas dit la Gance (probablement ganse) qui savait parfaitement faire les boucles de lacet ou disposer des rubans pour orner des habits.

Parfois le surnom est très explicite mais il est difficile dans déduire une explication. C’est le cas dans les exemples suivants :

  • Charles François Henry dit Chartreux. Etait-il proche de cet ordre religieux ou avait-il l’allure de ces chats d’un beau gris ?
  • François Jérôme dit l’Etourneau. Pourquoi ce nom d’oiseau ?
  • Jean Sylveste dit Champignon. Aimait-il manger les champignons ou bien chercher les champignons ?

D’autres fois, le surnom est une énigme. En voici quelques exemples :

  • Pierre Dellerin dit Jegue,
  • Nicolas François dit Dauthateos,
  • Charles Gananin dit Gaguy.

Cette petite étude sur les surnoms des soldats embarqués sur les navires de la Compagnie des Indes montre l’intérêt pour le généalogiste qui recherche des informations sur un ancêtre de les exploiter pour en retirer une confirmation sur l’état civil du personnage ou pour en connaître une caractéristique soit sur son caractère, soit sur son physique ou sur son comportement.


[1Le prénom est parfois absent.

[2Service historique de la Défense – département Marine à Lorient – cote 2 P 37-I-9.

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