Acte 15 - L’honorable Gilles Morinays
Scène 5 - Le rebelle
"Soudain, deux cavaliers surgissent au galop à travers champs, franchissant les fossés, sautant les basses haies et les murets, venant à nous sans hésitations, ni intentions paisibles. Ils portent les tuniques de damas cramoisi des seigneurs de Chevillé. Leurs écussons d’argent aux gueules de lions sables et lampassées d’or, bordés de franges bleues et jaunes, étincellent sous le soleil montant.
— Homme Gilles Morinays… Nous sommes chargés de te mettre en garde contre la tentation de sédition. Rien ne pourra excuser que les hommes s’échauffent encore comme ils l’ont montré hier au général…
— Nul ne pourra m’empêcher de répondre à l’attente de notre bon roi Louis.
— Tu sembles ne pas comprendre le message dont nous sommes les porteurs… Il appartient au syndic de calmer les esprits et de tempérer les doléances. Nous te tiendrons personnellement responsable de tout débordement. Il n’y aura pas d’autre avertissement, tiens-toi le pour dit, Morinays.
Sans attendre de réponse, les deux émissaires des propriétaires féodaux font demi-tour et disparaissent comme ils sont apparus, filant à brides abattues vers la route de Rennes.
...
— Les hommes des Chevillé sont venus à travers champs, ce matin, me rendre responsable des excès, s’ils devaient être commis. Il est hors de question de faire savoir cet incident, tant que le cahier de Vezin ne sera rédigé. Si la menace venait à être connue de tous, nous exciterions les excités et, surtout, nous donnerions raison à ceux qui ont peur et veulent se taire par crainte. Nous ne devons pas, non plus, donner du grain à moudre à ceux qui entretiennent la rumeur, selon laquelle je serais l’exécuteur des exigences des propriétaires fonciers, fut-ce sous la contrainte. J’entends conduire ma charge à son terme, sans en redouter les conséquences ni braver inutilement nos seigneurs. Lorsque le cahier sera signé, il sera indifférent de connaître cet événement. Chacun pourra juger le contenu des plaintes et doléances des gens de Vezin, et constater qu’elles correspondent à ce qui sera dit au général de demain. Pour l’heure, je souhaite connaître votre opinion. Anne, que dis-tu de la situation ?"
Le Jeu des questions du grand Jacques
Question de l’acte 15 - Scène 5 : Dès janvier 1789, un libelle écrit par un vicaire favorable au tiers état circule, 30 000 exemplaires sont vendus en moins de deux mois. Qui est cet auteur à succès et que dit-il de si révolutionnaire ? Vous trouverez la réponse la semaine prochaine dans l’acte 15 - Scène 6 Réponse à la question de l’acte 15 - Scène 4 : Pourquoi Marie devra-t-elle mettre "Pierre au clou pour aller tailler la vigne" ? Revoir l’acte 15 scène 4 Lorsqu’il n’était pas possible de faire suivre l’enfant en maillot sur le lieu de l’ouvrage, surtout en hiver, il était sanglé et, suspendu à un crochet mural (le clou) dans la maison, il attendait ainsi le retour de sa mère. |
À suivre… Acte 15 - L’honorable Gilles Morinays - Scène 6 - Le rédacteur du cahier de Vezin