Acte 14 - L’ouvrage des fenaisons
Scène 2 - Un moment des plus exaltant
La fenaison est un moment des plus exaltant, de par la pureté et la précision du mouvement d’ensemble qu’elle impose aux feneurs , progressant en ligne oblique, légèrement décalés les uns par rapport aux autres.
Penchés vers l’avant, nous marchons d’un pas court et régulier. Les faux glissent au ras du sol, toutes à même cadence imposée par le chef de la file.
L’outil tranchant, empoigné à deux mains par les mancherons, à mi-hauteur et à l’extrémité du manche, suit le balancement du buste, pivotant sur les reins en va-et-vient ample et constant. Les épaules, en parfait alignement, accompagnent le mouvement, tandis que les pieds doivent rester dans l’axe de la marche et conserver le rythme, impérativement.
Les han !… Et… Han !… Et… Han ! ponctuent le geste répété en forme d’arcs de cercles que dessinent dans le pré les longues lames de métal, éclatantes, luisantes sous le soleil, maintenues à l’horizontale, juste à hauteur voulue pour voir tomber les tiges et les fleurs, et s’aligner les andains en rangs les plus épais.
Parfois, au bout du champ, l’un de nous s’arrête pour aiguiser sa faux. Campé tel un guerrier, jambes à peine écartées, il passe la pierre mouillée sur le fil à affiner pour toujours mieux trancher.
Quand la logelle a perdu de son eau, l’urine suffit à compléter le niveau.
De la pointe du jour jusqu’à sept heures après midi, nous n’aurons de repos qu’autour du bassin à bouillie, apporté par les femmes sur le lieu de l’ouvrage, avec les piles de galettes et le pain beurré, arrosés de lait et de vin coupé d’eau.
Nous pourrons enlever nos sabots, rire et chanter, assis par terre, le temps de fumer une pipe de tabac pendant que les plus jeunes se lanceront des défis à lutter, bonne manière de se délasser du mouvement machinal combien de fois renouvelé tout au long de la journée !
- Dessin d’Olivier Perrin
Le Jeu des questions du grand Jacques
Question de l’acte 14 - Scène 2 : De combien de repas, et de quels types, la journée du feneur était-elle ponctuée ? Vous trouverez la réponse la semaine prochaine dans l’acte 15 Réponse à la question de l’acte 14 - Scène 1 : Mais alors, si la Bretagne n’était pas encore la Bretagne, qui occupait la région avant cette époque ? laquelle d’ailleurs ? et qui sont ces envahisseurs Bretons de ce qui deviendra la Bretagne quand l’autre Bretagne disparaitra ? N’est-ce pas clair comme... du cidre breton ? Revoir l’acte 14 scène 1 Notre actuelle Bretagne était l’Armorique, baptisée par les Romains, Maris Ora, les portes de la Mer ou l’Armor, quand l’Angleterre, avant de le devenir, était la Bretagne. Vers 450 après JC, l’Armorique, cette ancienne province gauloise comptait à peine 200 000 habitants, peuples celtes aux origines diverses, les Osismes dans l’actuel Finistère, les Coriosolites vers Saint-Brieuc et Dinan, les Riedones à Rennes, les Namnètes à l’embouchure de la Loire et les Vénètes dans le Morbihan. Les Bretons, à l’époque, vivaient sur l’île bretonne aujourd’hui devenue la Grande-Bretagne. Ils étaient en luttes constantes et « coincés » entre les Pictes (les hommes peints) au Nord occupant l’actuelle Écosse, et les Scots (les Irlandais, bien que ce soit l’Écosse actuelle qui leur doive son nom) plus au sud. Au cinquième siècle, l’Europe bouge. Les Saxons, les Justes, les Angles, les Frisons, venus du Danemark et du nord de l’Allemagne, se mettent en route vers l’ouest. Les Angles franchissent la mer et conquièrent la Bretagne qui deviendra l’Angleterre, quand 100 000 Bretons traversent la Manche pour se réfugier et s’imposer en Armorique qui deviendra la Bretagne. |
À suivre… Acte 15 - L’honorable Gilles Morinays