Acte 7 - « Les habitants de Vezin désirent... »
Le troisième épisode raconte comment fut rédigé le cahier des plaintes, doléances et observations des habitants de Vezin. Le général de la paroisse est réuni, convoqué après vêpres au son de la cloche, dans l’église Saint-Pierre bondée en cette occasion exceptionnelle. Il s’agit donc de décrire essentiellement la manière dont les paroissiens furent consultés par Gilles et de rapporter le déroulement d’un débat qu’il ne faut rendre fastidieux, même au lecteur le moins passionné par la dimension historique de l’événement.
Article premier : Les habitants de Vezin désirent que le peuple des campagnes soit mieux représenté aux états particuliers de la province et aux autres assemblées quelconques de la même manière qu’il l’est aux États généraux.
Alors, comment diversifier le contenu de cet épisode de la rédaction collective du cahier de doléances ? Comment sortir de l’église, de temps en temps pour « prendre l’air », sans rompre les échanges ? Comment rendre plus vivants les intervenants au cours des débats ?
C’est en réponse à ces questions que l’idée, de présenter certains des personnages en décrivant leur métier tout en les montrant à l’ouvrage, me viendra, les voyant vraiment au travail lors d’une visite du chantier médiéval de Guédelon.
- Battage au fléau Dessin d’Olivier Perrin
Le maréchal-ferrant, forgeron et taillandier « Il quitte rarement son atelier aux murs noircis couverts de suie, ouvert par tous les temps sur sa courette pavée, visible des passants, habitants de Vezin et pèlerins, allant par ce chemin prendre l’eau de la fontaine Saint-Méen… »
Le peigneur de chanvre, le cordier, « Les aides de Mathurin se saisissent d’abord de l’écorce et, d’un mouvement souple et continu, la frotte contre le tranchant du ferret. Après avoir dégrossi la fibre, ils la donne au maître peigneur… »
Le tailleur de pierre, « dans un bloc rocheux bon à tailler, il perce en ligne des « emboîtures » ces trous dans lesquels il place des coins forgés ;… c’est en frappant ces coins à la masse qu’il va, à force de coups souvent répétés pour les grès les plus durs, fendre la pierre suivant l’alignement des emboîtures. »
Ils me sont apparus à Guédelon, dans les conditions matérielles reconstituées de l’époque médiévale, si peu différentes de celles de cette fin de XVIIIè siècle.
C’est là aussi que je découvrirai les techniques rudimentaires de teinture des textiles à base de décoction de végétaux, auxquelles je ferai référence dans les descriptions des tenues vestimentaires de Marie ou d’Anne, « qui porte ce soir, sur sa longue jupe noire, une camisole amarante, taillée dans une pièce de lin qu’elle a pris soin de teindre, pour l’occasion, dans une décoction de fleurs en grappes. »
Le chantier médiéval de Guédelon sur la route départementale D955 à Treigny 89520
Le Jeu des questions du grand Jacques
Question de l’acte 7 : Mais, comment donc le peuple des campagnes a-t-il été représenté aux États généraux de Versailles en mai 1789 ? Vous trouverez la réponse la semaine prochaine dans l’acte 8. Réponse à la question de l’acte 6 : Quels sont ces impôts sous le poids desquels gémissent les laboureurs bretons ? Revoir l’acte 6 la capitation (impôt royal théoriquement réparti sur l’ensemble des trois ordres, mais dont la noblesse et le clergé ont obtenu la possibilité de rachat forfaitaire, ce qui leur permet d’échapper à l’impôt), le vingtième (impôt correspondant à 1/20 des revenus, dont les nobles et le clergé ont obtenu le rachat, les exonérant dans la pratique), la dîme (impôt payé à l’église, égal au dixième ou au sixième de la récolte), la taille (impôt direct royal), les corvées (travaux gratuits qui étaient dus par le paysan au seigneur et ou au roi, ou paiement en argent pour contribuer à des travaux d’intérêt général), le cens (impôt seigneurial en argent), le champart (impôt seigneurial en nature), les devoirs (ensemble des droits en nature ou en espèces, dus au seigneur), l’exaction (droits coutumiers levés par le seigneur, droit de marché, tailles, amendes de justice, pour prix à payer de la paix qu’il est censé faire régner), les droits d’octroi (droits perçus à l’entrée d’une ville, sur la circulation de certaines denrées), le casernement (obligation qui est faite d’héberger les soldats du roi en campagne), le centième denier (droit de mutation immobilière d’un centième, perçu pour toute mutation de propriété, ou de jouissance d’immeuble, soit par succession en ligne directe, ou par donation par contrat de mariage), les francs-fiefs (droits de succession dus par les roturiers, acquéreurs d’un bien noble, d’une seigneurie, en compensation de la diminution de valeur que subissait ainsi ce fief). Extrait des notes de fin d’ouvrage de Laboureurs d’espoirs. |
À suivre… Acte 8 - Le tiers dans tous ses états