La prière au Moyen Age
Les psaumes (de l’hébreu, signifiant louanges) ont constitué, dès les premiers siècles du christianisme, la majorité des prières récités par les Frères, dans les Monastères. Néanmoins, même si le clergé recrutait ses membres parmi ce qui était considéré, à l’époque, comme l’élite, bon nombre de ces religieux ne savaient pas lire (à l’instar du peuple).
Aussi, ces derniers remplacèrent la prière des psaumes par la répétition de " Notre Père " (Avec le Credo, le Notre Père constitue la prière de base des Chrétiens). Cette répétition de prières fut rapidement utilisée parmi les laïcs.
On appelait donc, à l’époque, Psautier du Christ, une série de 150 Notre Père (il y a, dans la Bible, 150 psaumes). Pour ne pas " perdre le fil ", les fidèles utilisaient des fils (cordelettes) avec des nœuds, ou des colliers de grains, appelés patenôtres (Ils servaient à compter le nombre de Notre Père ou Pater Noster), à l’origine de nos actuels chapelets [1].
Dès la fin du XI ème siècle, on commence à utiliser ces patenôtres pour réciter les Ave Maria. Par amalgame, on désigne alors Psautier de la Vierge, une série de 150 Ave, divisée en 3 groupes de 50. L’importance des prières mariales croit tout au long du XIe siècle, et au début XII ème siècle, la première partie du Je vous salue Marie (telle que nous la connaissons actuellement) revêt la même importance que le Notre Père et le Credo. A cette époque, on aimait associer cette répétition d’Ave au rappel des 5 joies de la Vierge Marie (Annonciation ; Nativité ; Résurrection ; Ascension ; Assomption), puis aux 7 joies (en rajoutant l’Epiphanie et la Pentecôte, ou Visitation), soit une par jour de la semaine. De même, au début du XIVe siècle, en relation avec les 5 plaies du Christ ( ou les 5 versements de sang), apparaît la dévotion aux 5 douleurs, puis aux 7 douleurs de Marie (Notre Dame des 7 Douleurs est fêtée le 15 septembre)... Ainsi, la dévotion (quelle que soit sa forme) à la Vierge Marie prend une place de plus en plus importante, au sein de l’Eglise et de ses fidèles.
Les mystères du rosaire
Certains auteurs [2] font remonter à 2e moitié du XIII ème siècle le fait d’ajouter à chacun des Notre Père (ou Ave) une courte phrase sur la vie de Jésus et Marie. Néanmoins, ils s’accordent (à quelques nuances près) à souligner l’importance de l’apport de Dominique de Prusse.
En août 1415, des Chartreux [3] s’installent au couvent de Marienfloss [4], à proximité de Sierck les Bains. Leur prieur [5], Adolphe ESSEN, est également le directeur spirituel de la duchesse de Lorraine Marguerite de BAVIERE. Esseulée, réfugiée dans son château de SIERCK, cette dernière se tourne vers la prière, et A. ESSEN lui propose de prier Marie, avec la prière, que Marie préfère entre toutes, l’Ave Maria [6].
Mais, le supérieur de Marienfloss souhaite échapper aux reproches autrefois adressés à Israël par Marie elle même : " Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi ". Il suggère alors à sa protégée d’unir l’Evangile et le chapelet.Elle méditera le texte sacré, pendant que ses lèvres récitent. Il lui propose donc de faire d’une prière vocale, une prière de méditation.
Au même moment, Dominique de Prusse, un frère de Marienfloss, inscrit noir sur blanc 50 formules (clausule), résumant la vie de Jésus, disposant ainsi d’un aide mémoire, lui permettant de prier avec profit [7].
Mis au courant, Adolphe Essen en fit profiter Margueritte de Bavière
La rose, se rapportant à Marie, est un symbole de joie, et concrétise la relation de Marie (Ave) à Jésus (Clausule ou Evangile). Et, la répétition des 150 Ave plantent, autour d’elle, un superbe jardin , une roseraie, un Rosaire. Aussi, Dominique donne le nom de Rosarium à ce " nouveau " Psautier de Marie, composé alors de 50 mystères.
L’évolution vers les 15 mystères du rosaire actuel
A peu près au même moment, Henry KALKAR, un autre chartreux, organisa les Ave en groupe de 10 (dizaine), avec avant chacun d’eux un Notre Père.Puis, en 1464, Alain de la Roche, un dominicain [8], organisa ces clausules en 3 séries selon le mystère du Christ (Incarnation, Croix, Résurrection). Dès 1480, on retrouve dans les livres de rosaire, 15 mystères, correspondant, à 2 exceptions près, à ceux utilisés aujourd’hui. Enfin, c’est un autre dominicain, Alberto de Costello, qui fut le premier à désigner ces méditations avec le terme de mystère (1521).
Ce rosaire à 15 dizaines se popularisa tout au cours du XVIe siècle, consacré par la bulle papale de PIE V, Consuevrent Romani Pontiffices (1569).En 1974, le pape PAUL VI rappela " l’orientation christologique [9] claire " du rosaire [10].
Les 15 mystères
" Mystères Joyeux " :
- l’Annonciation
- la Visitation
- La Nativité
- La présentation de l’enfant Jésus au Temple
- Le Recouvrement de l’enfant Jésus au Temple.
" Mystères douloureux " :
- Agonie de Jésus au jardin des Oliviers
- Flagellation
- Couronnement d’épines
- Portement de Croix
- Mort de Notre Seigneur sur la Croix.
" Mystères glorieux " :
- Résurrection
- Ascension
- Pentecôte
- Assomption
- Couronnement de la Très Sainte Vierge au ciel.