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Les inondations du 20 juin 1765 à Tarare (Rhône)

Le samedi 1er mars 2003, par Thierry Sabot

Les conséquences d’une inondation en 1765

Ici commence l’effet de l’inondation du 20 juin 1765. Cette année 1765 la nuit du vingtième juin sur les dix heures du soir, la pluye qui avoit continuée tout le jour, devint si forte qu’en peu de tems les deux rivières de Tarare quittèrent leur lit et innondèrent toute la ville jusqu’à la hauteur du premier étage. Près de quatre-vingt maisons furent renversées au moins en partie, l’eau qui remplissoit le jardin de M. Girerd derrière sa maison de la place, renversa par sa pesanteur plus d’un tiers du mur dud. jardin du côté de midy déclinant orient, treize personnes furent noyées, une charette chargée d’une ancre de mer qui étoit à la grande rue fut renversée, le pont de la montagne fut emporté. Les toiles des deux blanchisseries furent entrainées ou fort endommagées tous les habitants de la ville se trouvèrent sans meubles et sans pain exceptés ceux du château, de la montée des Capucins et de la haute Burie. La consternation fut si forte pendant plusieurs jours qu’on n’auroit pû voir une seule personne avec un visage ordinaire et riant, les étrangers même qui passoient étoient attendris et consternés et quelques uns laissèrent des charités considérables. Mgr l’Archevêque m’envoya quarante deux louis de 24 livres. J’écrivis sur le champt à Mr Delaverdy alors contrôleur général et il nous envoya quatre mille deux cent livres, jécrivis ensuitte à M. d’Ormesson, intendant général des finances avec quelques uns des principaux habitans et il fit réduire les impositions pour l’année suivante 1766 presque au tiers. Mgr l’Archevêque fit aussi faire une quête dans trois archiprêtrés qui nous procura six cents livres, le reste fut donné aux autres paroisses qui avoient souffert de cette innondation. Il est à remarquer qu’on n’avoit jamais vû à Tarare les rivières se répandre dans les rues, si ce n’est dans celle de la Pêcherie, à la place, on peut juger de là quelle fut la surprise quand on les vit s’élever jusqu’au premier étage, à la Pêcherie, à la Déguirasse et à la grande rue.

Notes : Le texte est intéressant non seulement pour la narration du sinistre, mais aussi et surtout pour l’évocation des sentiments, la compassion populaire et l’élan de solidarité qui se manifeste à l’annonce de ce drame. Un événement qui marqua fortement les esprits, puisque les curés des paroisses environnantes évoquent également ce dramatique épisode d’histoire locale dans leur registre.

La ville Tarare était située sur le Grand chemin royal (aujourd’hui la Nationale 7), une des routes les plus importantes du royaume qui reliait Lyon à Paris via le port d’embarquement de Roanne sur la Loire (ceci explique la présence d’une ancre de navire sur une charrette alors que nous sommes sur la bordure nord-est du Massif central). En 1644, Un voyageur strasbourgeois du XVII° siècle, Elie Brackenhoffer, nous apprend que cette route était autrefois « pénible, non pas à vrai dire à cause de sa hauteur, mais à cause de son chemin inégal et en pente, tantôt descendant, tantôt montant ». L’historien Fernand Braudel précise que « le marquis de Fontaine, l’ambassadeur de France à Rome qui voyageait en même temps que lui dans un carrosse à fenêtres vitrées traîné par six chevaux blancs bientôt tout maculés de boue jaunâtre, dut, après Tarare, atteler huit bœufs à son carrosse pour s’en tirer plus commodément ». Enfin, Fernand Braudel souligne qu’il n’était pas rare sur cette route de trouver régulièrement « plus de 20 voitures à la montée ou à la descente, une tous les 50 mètres » !

Sources :

  • Registre paroissial de Tarare, A.D. du Rhône (Tarare (69) - Mignery, curé - AD, coll. communale - BMS 1765 - Vues 8,9,18,19/20).
  • Jean Canard, Le temps qu’il faisait, chronique du temps passé..., St-Just-en-chevalet, Artisanat du Pays d’Urfé, 1991.
  • Fernand Braudel, L’Identité de la France, Paris, Editions Arthaud, 1986.

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