Souvent désarmés devant la soudaineté et la violence des événements climatiques, qu’ils ne peuvent ni prévoir ni dominer, nombre de curés les notent soigneusement au fil des registres paroissiaux. Voici quelques exemples qui évoquent la foudre et ses conséquences sur la paroisse :
« Ce jourd’huy vingt deuziesme d’octobre 1637, on a entendu des tonnerres fort effroyables, tant la nuict que le jour et cantité de pluye après un gros vent, dont les lecteurs à l’advenir recongnoistront ce qu’il a pleu à Dieu nous envoyer et en après recongnoistre les années conséqutyves pour remarquer. » (Registre paroissial de Couzon-au-Mont-d’Or, Rhône).
« Le douziesme jour du moy de juin 1651, sur les trois heures du soir, le fouldre tumba sur une cloche où il fyt grand débrit, et de là, descendit dans l’église, par dessus l’autel de Saint-Roch d’où il passa dans la chapelle Compagnat et il traça ds la muraille l’apparence d’un chapelet, et de là monta vers le grand autel où il eschancra un pan de la muraille vis à vis de la lampe, et de là descendit dans le choeur du costé de la corde de la grande cloche ou fust frappé et tué Tinnet [Tiennet] Maridet agé de quatorze ans figs de Claude et Andrée de la Faye, vu estendu Mre Jean Martinet, prestre, qui sentit ds la teste quelques atteincts du vent qui accompagnat la fouldre, Philibert Larrivière, Jacques Manuel, de plusieurs autres qui sonnèrent les cloches, le tut vu et attesté par moy. Louis, curé de Saint-Clément. » (Registre paroissial de Saint-Clément-des-Montagnes, Allier).
« Le 21 mai 1704, un homme âgé d’environ 31 ans a été déclaré mort après avoir été foudroyé par le tonnerre le 20. Et, au bois des Taillades, venant de Mallemort où il travaillait de son métier. Ayant trouvé sur lui des marques de catholicité a été enseveli selon les rites de notre Sainte-Mère l’Eglise ». (Registre paroissial de la ville de Lambesc, Bouches-du-Rhône, série GG 40).
« Le vingt deux juin de la présente année (1760 ndlr), jour de dimanche, à six heures du soir, le tonnerre tomba sur le clocher de cette parroisse ; il y avoit plus de trente personnes dedans, dont cinq ou six eurent leurs habits brûlés. Ils le furent eux-mêmes, les uns aux visages, les autres à la poitrine, aux jambes et aux cuisses, et restèrent pour morts pendant une heure. Le feu pénétra jusque dans l’église où il y avoit plus de deux cents personnes ; une femme en eut les mains brûlées et son chapelet quelle tenoit fut dispersé de façon qu’il devint invisible ; la seule croix luy demeura à la main. On la crut morte, mais par un effet de la miséricorde de Dieu, ny elle ny ceux qui étoient au clocher ne sont péris : ils ont tous été parfaitement guéris au bout de deux mois. » (Registre paroissial de Renaison, Loire).
Note : En plus de nous donner des indications sur une petite histoire locale de la climatologie pour le mois de mai 1704, cet acte de décès nous montre la mort exceptionnelle d’un homme liée aux caprices du temps.
Les orages et la foudre étaient parfois perçus comme les « présages de l’indignation divine [...], les échantillons de l’ire de Dieu »... La violence et la répétition de tels événements faisaient craindre la « fin du monde »... ou plus simplement la cause de l’incendie d’une grange, d’une maison ou d’une église. |
Sources de la notice :
- Jean Delumeau et Yves Lequin, Les Malheurs des temps, Histoire des fléaux et des calamités en France, Paris, Larousse, 1987.
- Jean Canard, Le Temps qu’il faisait, chronique du temps passé..., St-Just-en-Chevalet, Artisanat du Pays d’Urfé, 1991.