Depuis l’année 1783, le curé de Saint Prim, village perché sur une balme au sud de Vienne (Isère), est Antoine Accarias.
Né à Saint Maurice de Lalley, en Isère, le 10 mars 1752, il est baptisé le même jour "dans la chapelle de Laley".
C’est le fils de Pierre Accarias, notaire, et de Dauphine Provansal, son épouse.
Antoine fait ses études « au séminaire du Saint Esprit » et est ordonné prêtre vers vingt cinq ans. Après un poste de vicaire, probablement dans une paroisse de la région grenobloise, il est nommé à Saint Prim.
Quelques fois, le curé Jean-François Albert du village voisin Saint-Clair, s’absente, remplacé alors par l’un de ses vicaires et parfois le curé Accarias.
- Registres paroissiaux de Saint Clair du Rhône
Dès novembre 1789, Accarias, favorable aux idées nouvelles, signe « le cahier des curés de Dauphiné » adressé à l’Assemblée nationale pour dénoncer leurs mauvaises conditions d’existence. Ils mettent leurs espoirs dans les réformes à prendre par le nouveau pouvoir.
Au matin du 9 janvier 1791, à dix heures en l’église de Saint Prim, Accarias prête serment :
« Je jure…de veiller avec soin sur les fidèles de la paroisse qui m’a été confiée, d’être fidèle à la Nation, à la Loi et au Roi, de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution décrétée par l’Assemblée nationale et acceptée par le Roi » [1]
Est présente toute la municipalité d’Auberives (Saint Prim y est rattaché depuis 1789) avec à sa tête Jean François Petrequin, le maire.
Prêtent aussi serment les curés : Albert, de Saint Clair ; Vallory, des Roches ; les curés de Saint Maurice, Chonas. Certains refuseront le serment comme Pierre Bonnardel, curé de Condrieu… D’autres se rétracteront.
Mgr Dulau, évêque en titre du diocèse de Grenoble, ayant refuser de prêter serment à la Constitution, est déchu. Un nouvel évêque est élu le 1er mars 1791 par une assemblée électorale réunie dans l’église épiscopale de Grenoble : Joseph Pouchot, élu évêque constitutionnel, est depuis 1749 curé de Saint Ferjus – aujourd’hui La Tronche.
Né le 9 novembre 1720, il a plus de soixante dix ans à son élection. Il mourra le 7 septembre 1792 à Grenoble.
Berton, curé de Reventin, sera nommé vicaire général du diocèse en février 1791.
Dans un « état des fonctionnaires publics ecclésiastiques » pour le district de Vienne, daté du 1er mai 1792, il est précisé pour Saint Prim : « La paroisse de Saint Prim est actuellement desservie par le Sieur Viallet, curé commis, sous le traitement de 700 livres ; le Sieur Accarias, cy devant curé, ayant été nommé Grand Vicaire de l’évêque du département » [2]
Fleury Viallet, né aux Roches le 24 octobre 1758, remplace Accarias à Saint Prim.
- Registres paroissiaux de Condrieu
« Fleury Viallet, fils légitime d’Etienne Viallet, Maitre cordonnier des Roches, paroisse de Condrieu, et de Marie-Françoise Chabaud, né le vingt quatre du présent (octobre) a été baptisé ce vingt six octobre mil sept cent cinquante huit (1758). Son parrain a été Sieur Fleury Clarard, clerc de palais demeurant chez Maitre Mouton, notaire royal à Condrieu, et sa marraine Dlle Antoinette Chabaud, fille du Sieur Honoré Chabaud et de Marie Tonnerieu, en présence des soussignés avec le parrain et non la marraine. Clarard Fevrier ? J. Guiraud E. Viallet Chambot, signé Brossard, prêtre ». |
Grâce à un document du 22 thermidor An III (9 août 1795) des archives de l’Isère [3], on peut reconstituer le parcours de ce prêtre :
- vicaire à Chonas « depuis le mois d’octobre 1788 » vraisemblablement la date de son ordination.
- Desservant à Reventin, en remplacement de Berton.
- « Curé commis par le citoyen Pouchot, ci devant évêque dans ce département, dans la commune de St Prime, canton d’Auberives, pendant l’espace de quinze mois, c’est-à-dire depuis le mois de septembre 1791 jusqu’à sa nomination à la cure de Meyzieu »
- « Depuis le 21 décembre 1792…à Meyzieu, pour exercer les fonctions de curé constitutionnel, nommé à cette place par l’assemblée électorale du district de Vienne… Le dit Viallet a exercé les fonctions de curé jusqu’au mois de novembre 1793, temps auquel le culte a cessé dans cette commune et jusqu’à présent (1795) »
Pendant la période de la Terreur, Accarias et Viallet, s’ils n’exercent plus de fonctions ecclésiastiques, restent de fervents patriotes.
Fleury Viallet est nommé vers 1793 secrétaire général de la municipalité de Meyzieu, tâche qu’il exerce en « bon citoyen ».
Le témoignage de ses confrères, municipaux de Meyzieu, est éloquent :
« Pour tenir le langage de la vérité, il est certain que ledit Viallet, pendant tout le temps de la Révolution, a non seulement montré la plus grande obéissance et soumission aux lois de la République ; mais qu’il s’est constamment montré dans toutes les occasions comme un zélé républicain, et a concourru de tout son pouvoir au succès de la chose publique ».
Accarias, lui, écrit beaucoup. Certains de ses écrits sont même imprimés, pour preuve de son patriotisme :
- « Discours prononcé le 9 janvier 1791…à l’occasion de son serment civique »
- « Adresse d’un citoyen français à ses frères du Département du Mont Blanc »
« Il renonça à la prêtrise en 1799 et obtint le poste de receveur du Bureau de l’Enregistrement de Mens, le 17 novembre 1799, où il resta en place jusqu’au 31 octobre 1823. Il est mort dans cette commune le 22 mars 1829 » [4]
On retrouve Fleury Viallet curé de St Baudille, vers La Tour du Pin, après le Concordat, en novembre 1804.
A Saint Prim, à cette date, le nouveau curé est Henri Chomel, né à Annonay (Ardèche) le 14 mai 1743. C’est ce même prêtre qui avait remplacé, le 3 décembre 1792, à Saint Prim Fleury Viallet élu à Meyzieu !
Henri Chomel reprendra son service comme curé de Saint Prim jusqu’à son décès le 5 mai 1817.
En août 1808, à la faveur d’une réorganisation des paroisses, Auberives et Saint Prim sont réunies. Mercier est nommé curé, remplacé dès octobre 1808 par Jean Louis Titoulet (né le 4 février 1760). Un an plus tard, celui-ci est nommé à Clonas réuni alors à Saint Maurice l’Exil.