Internes dans une Institution de Pères, nous ne rentrions que tous les quinze jours chez nos parents (lorsque nous n’étions pas privés de sortie !).
Quand nous passions le week-end à la maison, nous devions normalement réintégrer l’Institution vers 17 heures 30, car il y avait obligation d’assister à cette prière du soir commune appelée complies.
C’était beau, et j’aimais y assister.
Tour à tour, la chorale dont je faisais partie, scandait phrase après phrase la litanie qui composait cette prière. L’assitance répondait.
Cela durait environ une demie heure.
C’était bien évidemment en latin, et tout le monde connaissait la litanie par coeur.
Après l’introduction de l’harmonium, nous attendions avec impatience la première phrase, toujours chantée par la voix chevrotante du Père Pinsseau, que nous surnommions entre nous "badigeon".
Quand elle arrivait, nous jubilions :
Jube domne benedicere
Et l’assistance répondait :
Noctem quietam et finem perfectum concedat nobis dominus omnipotens...
Et c’était parti ! Les phrases musicales se succédaient, les unes après les autres, sur un rythme rapide et enlevé, accompagnées par l’harmonium, jusqu’à la bénédiction finale du Père Supérieur.
C’était bien !
Puis, dîner, étude, et montée au dortoir pour attendre le lendemain et entamer une nouvelle semaine.
Quel bon souvenir que la célébration des complies !