Dans ses "remarques sur l’année 1784" il raconte :
"L’année 1784 a complètement rempli les espérances du laboureur, toutes les récoltes ont été bonnes, celle du blé, seigle surtout... la moisson du seigle s’ouvrit ici dès le cinq juillet... Nous fûmes sur le point de tout perdre le dix juin, jour de la Fête Dieu, le temps s’obscurcit vers les deux heures du soir, à un point qu’on y voyait à peine à lire à l’église, plusieurs paroisses à notre couchant furent saccagées (par la grêle et l’orage)... Nous fûmes heureusement préservés, nous et nos environs..."
"Le mois de septembre fut le plus chaud de l’année, les dix huit premiers jours surtout étaient étouffants, on ne s’attendait à ne faire que du mauvais vin, à cause des fraîcheurs du mois d’août on fut trompé, et le vin eut une qualité très passable... Cette année peut être regardée comme l’époque de l’établissement de la filature du coton dans nos régions, les toiles en coton ayant pris faveur..."
Pour l’année 1785, le curé écrit :
"l’hiver de 1785 sera longtemps mémorable par la grande abondance de ses neiges. La campagne en fut couverte durant six mois, à peu près, c’est à dire depuis le mois de décembre 1784 jusque vers la fin d’avril 1785. Comme il en était beaucoup tombé durant l’hiver 1784, on n’eut jamais imaginé que le suivant en donnerait encore en plus grande quantité. On fut trompé. Il en tomba à deux ou trois reprises jusqu’à 13 ou 14 pouces... Il s’en fit partout en rase campagne, comme dans nos montagnes, des amas considérables, ces amas furent surtout occasionnés par une bise violente qui s’éleva le dimanche de la Passion 13 mars. A la suite d’une grande chute de neige, les chemins se trouvèrent obstrués partout dans la plaine comme dans les montagnes... Ces neiges du mois de mars ne furent pas les dernières, les chutes du mois d’avril ne furent guère moins abondantes. On m’en croira si l’on veut, mais je certifie que le 14 avril, étant à Chalon sur Saône, j’ai vu de mes yeux, sur la place du Châtelet, un tas de neige de la hauteur au moins de 14 pouces."
"Le mois de mars fut ici le plus froid de l’année, et au rapport de plusieurs personnes, le plus froid qu’elles eussent vu. L’été ne nous donna pas de grandes chaleurs, et ne fut point orageux.
Il y eu peu de paille, mais beaucoup de grain. A tout prendre, la récolte de 1785 fut assez bonne, aussi les grains ne haussèrent ils pas de prix..." "L’automne fut singulièrement sèche, la plupart des sources tarirent, celles là même qui de mémoire d’hommes n’avaient pas été desséchées. Ce qui étonnera, c’est que le 25 novembre, les sources n’étaient point émues, et qu’on ne savait où prendre de l’eau."
Événements remarquables de l’année 1786 :
"La récolte en bled seigle a été généralement bonne dans toute la Montagne, celle du froment médiocre, quoique les autres menues graines n’aient pas été abondantes, que les avoines aient été presque nulles et les bleds noirs aux deux tiers égrènés par les vents de l’automne, cependant que le seigle a été à bas prix toute l’année. L e prix courant a été de quarante deux à quarante huit sols, le vin était si commun vers la fin de 1785 et au commencement de 1786 que les plus petits manœuvres de cette paroisse et des paroisses des environs en avaient fait une provision." "...L’année qui s’annonçait pour devoir être tardive ne le fut pourtant pas. Les quinze derniers jours de juin furent très orageux. Nous partageâmes la frayeur, mais non pas le malheur de bien des pays.
La grêle emporta tout le 15 juin, jour de la Fête Dieu, depuis les environs de St Bonnet de Joux jusqu’à Baudrière, de l’autre côté de la Saône, douze lieues de terrain en longueur sur cinq quarts de lieue en largeur furent écrasés...Les 14 et 16 du même mois furent encore funestes à Tournus, à ses alentours et à d’autres paroisses de la Bourgogne.
L’été ne nous donna pourtant presque point de chaleur. L’hiver ne nous donna de la neige qu’une seule fois, et celle qui tomba les premiers jours de novembre 1786 fut à peu près la dernière. La température fut douce en janvier et février 1787."
Cet ouvrage, étude inédite, se propose de vous faire découvrir quelques-unes de ces mentions insolites et de vous en montrer la richesse historique et généalogique. Il répond à bien des questions au sujet de ces textes insolites qui parsèment les registres paroissiaux : Pourquoi certains curés notent des mentions insolites ? Que nous apprennent-elles sur la vie quotidienne de nos ancêtres ? Comment repérer, déchiffrer, transcrire et commenter ces témoignages du passé ? Comment les utiliser pour compléter notre généalogie et l’histoire de notre famille ou de notre village ?
Il s’agit du premier numéro de Théma, la nouvelle collection d’histoire et de généalogie.