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Le secret de naissance de Jean François Bellemain, l’enfant trouvé de Pradines

Le jeudi 3 avril 2014, par Thierry Sabot

Voici la transcription d’une lettre insolite découverte au hasard de ma lecture du registre des naissances de la commune de Pradines dans la Loire (42) pour l’année 1796. Elle concerne un enfant trouvé dans la nuit du 19 août. L’originalité de la lettre est que l’enfant s’exprime à travers la plume de ses parents dont l’identité reste secrète.

N°42 Bellemain enfant mâle trouvé

Le deuxième jour du mois de fructidor l’an quatrième de la République française sur les deux heures du matin on n’a trouvé un enfant mâle exposé aux porte du moulin de la commune de Pradine lequel munis d’une lettre qui contient les mots suivants pour être présenté à l’agent et adjoint de la commune de St-Vincent de Boisset :

"Je suis né le huit aoust mil sept cent quatre vingt seize entre neuf et dix heures du soir, d’un père et d’une mère honnêtes, mais qui sont dans l’impossibilités de me donner les soins qui me sont nécessaires. La loi à pourvu à mes besoins. J’espère que vous ne négligerez pas de me faire accorder les secours à mon âge en appliquant à ma faveur le bénéfice de la loi. Donnez moy une bonne mère nourrisse, je vous en prie citoyen agent, je vous en témoignerai un jour ma reconnaissance si je vis. Je crois que je serai aimable et gentils, c’est un malheur pour moi que je ne puisse pas être regardé comme légitime, mon père n’est pas au pays, peut-être me déclarerat-il quand il reviendra, il est forcé de se tenir éloigné étant employé au service de la République bien contre son gré car le temps luy dure bien, mais il est brave. Recommandé moy citoyen agent et adjoint aux honnêtes gens dela commune de St Vincent, je sais qu’ils ont le coeur bon et qu’ils sont humains c’est ce qui me fait espérer que je ne souffrirai point, je n’ai pas besoin de vous dire que c’est un devoir pour vous puis que la loi et l’humanité parlent pour moy, voyez qu’à mon âge je sais déjà parler et écrire par l’organe de la plume d’une main charitable. Je m’appelle et je demande à être appellé Jean-François Bellemain. Vous voudré bien me faire porter ce nom sur les registres de l’officier public de votre commune qui est la mienne. Mais vous ne saurez pas de qui je suis né la chose est un secret. J’ay été ondoyé, mais je demande les cérémonies du baptême d’un bon prêtre. Vous voudrez bien me le faire donner et me procurer un bon parrain et une bonne marraine charitable et bonne catholique. Votre bon coeur braves habitants de St Vincent massure déjà d’avance tous les secours que demande la faiblesse de mon âge. Salut et fraternité, Jean François Bellemain.

Aujourd’hui quatrième jour du mois de fructidor l’an quatrième de la République française une et indivisible à neuf heures du matin par devant moy Jean Marie Laurent ancien officier public soussigné demeurant en la commune de Pradines, chargé des présents registres par l’agent municipal dudit lieu pour dresser les actes de l’état civil des citoyens sont comparus en la maison commune de Pradines, le citoyen Jean François Deschellette âgé d’environ trente huit ans habitant cultivateur demeurant au dit Pradines, et Claudine Chanelière âgée d’environ vingt huit ans femme au citoyen Claude Marie Bresson domiciliée au dit lieu et par l’autorité du citoyen Jacques Seive agent municipal de cette ditte commune lesquels m’ont présentés un enfant mâle trouvé exposé comme il est écrit à la tête de cette page [au contraire voyé en la seconde et troisième ligne du dernier numéro (quarante deux)] vu la ditte lettre qui fait paraître que cet enfant est né le vingt unième jour du mois de Thermidor dernier entre neuf à dix heures du soir auquel à été donné le prénom de Jean François Bellemain, dont et du tout j’ai dressé le présent acte, interpellé lesdits comparants de signer avec moy lesquels m’ont déclarés ne le savoir faire de ce enquis.
et a signé le dit Seive agent municipal.

  • Source : Registre de Pradines (42), naissances, 3NUMEC5/1MIEC179X2 - De 1793 à 1802, vue 32/97.

Note : A quelle loi font référence les parents de l’enfant dans la lettre ? Il s’agit sans doute d’une loi promulguée en 1793 qui assure l’anonymat (accouchement sous X) et une aide de la Nation aux mères qui abandonnent leur enfant. Pour faciliter leur insertion dans la société, les enfants illégitimes reçoivent alors le titre "d’enfants de la Patrie" (d’après Contexte, guide chrono-Thématique pour situer vos ancêtres dans l’histoire )

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34 Messages

  •  Sous le Directoire, de l’an IV à l’an VIII (1795-1799), la loi du 27 frimaire an V (17
    décembre 1796) prescrit l’accueil gratuit dans tous les hospices civils des nouveaux-nés
    abandonnés qui reprennent le nom « d’enfants trouvés ou abandonnés ». La tutelle des enfants
    est assurée désormais par « le président de l’administration municipale » où se trouvent les
    hospices dépositaires, c’est à dire par les maires qui président parfois les commissions
    administratives des hospices. Le Trésor national (ancêtre du Trésor public) assure une partie des
    dépenses des hospices dont les budgets ne peuvent assumer ces frais supplémentaires.
    Toujours sous le Directoire, l’arrêté du 30 ventôse an V (20 mars 1797), affirme que
    l’hospice ne peut être qu’un dépôt intermédiaire pour les nouveau-nés ou les enfants plus âgés et
    qu’ils doivent obligatoirement être placés en nourrice ou chez un particulier, de préférence à la
    campagne, avec déclaration obligatoire en mairie.

    Cordialement
    Isabelle

    Répondre à ce message

  • Voir aussi sur le lien Wikipédia concernant
    Charles Adrien MEAUDRE
    Marquis de Pradines

    Vous trouverez dans ce texte , ce qui se passait à Pradines même époque que la naissance de Jean François BELLEMAIN confié au meunier Claude LAURENT.

    Les moulins appartenaient aux nobles et étaient en location aux meuniers mais qu’en était-il pour celui de Pradines ?

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Adrien_Meaudre

    Cordialement
    Isabelle

    Répondre à ce message

  • Bonjour

    Je viens de faire une petite découverte mais cela mérite quelques réfections quand à la possibilité d’avoir retrouvé le père de Jean-François.

    Dans le texte ci-dessus le père de Jean-François n’est pas au pays. Il déclarera l’enfant à son retour, il est forcé de se tenir éloigné étant employé au service de la république bien contre son gré car le temps lui est dur bien qu’il est brave.( cultivateur à la découverte d’un nouveau monde ? )

    Dans GALLICA je viens de trouver un texte sur un
    M BELLENAIN vieux soldat de l’empire qui était cultivateur en 1848 et était déjà parti dans différents pays du monde. (Comme le père de Jean François dans le texte ci-dessus !!)

    Ce Monsieur BELLEMAIN s’essaya à la culture de l’oxalis crenata qui n’est autre que la pomme de terre, et c’est PARMENTIER qui en tira ses efforts.

    Monsieur BELLEMAIN demanda son admission à l’hôtel des invalides , il était un vieux soldat de l’empire.

    texte dans son intégralité sur GALLICA puis BELLEMAIN né a PRADINES puis LE PETIT JOURNAL (PARIS 1863)-1863-1944

    Qu’en pensez-vous ? est-ce lui son père ? est-il entré à l’hôtel des invalides pourrait-on connaitre son lieu de naissance pour savoir s’il se rapproche de celui de Jean François

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k588574m/f4.image.r=BELLEMAIN%20n%C3%A9%20%C3%A0%20Pradines?rk=193134;0

    Cordialement
    Isabelle

    Répondre à ce message

    • Bonjour,
      L’hypothèse est intéressante et ne peut pas être négligée, mais croyez-vous que le père de l’enfant lui ait donné aussi visiblement son nom alors qu’apparemment il souhaitait rester inconnu ? Ou alors il a abandonné la mère qui, pour se venger (ou pour tout autre raison ) l’a dénoncé indirectement ? C’est un beau départ de roman. (je suis sérieux !)
      Pourrait-on voir l’original de cette lettre ?

      Répondre à ce message

      • Bonsoir,

        Je me suis recentrée sur le Marquis absent à cette époque et à son épouse.

        Cette dernière ayant du fuir son château de Pradines pour se retirer dans son hôtel de ROANNE . Venue avec ses 3 enfants en bas âges grâce à ses fermiers qui avaient obtenu des administrations de quoi lui livrer quelques subsides (étrange lignes qui paraissent faire échos à la lettre qui accompagnait Jean François Bellemain puisqu’il est dit que son père est absent). Il faut savoir que le dernier fils du Marquis avait 1 an de moins que notre Jean François BELLEMAIN (qui est né fragile puisque ondoyé et peut-être pas transportable trop loin)

        L’officier d’état civil LAURENT François 1er Magistrat de la commune n’est autre que le frère de LAURENT Claude (meunier) chez qui il a placé cet enfant.

        Chose étrange ou dramatique est que tous les enfants de ce couple de meuniers sont morts en bas âges .
        nous retrouvons ces décès les

        1) 08 nivose an III Claude Marie LAURENT 4 jours
        2) 24 ventose an IV né la veille
        3) 11 fructidor an IV Jean François BELLEMAIN enfant placé
        3) 08 pluviose AN VI Benoit LAURENT âgé de 2 mois

        Les meuniers étaient les dernières personnes chez qui l’on pouvait mourir de faim . Pourquoi François LAURENT a t’il choisit son frère meunier ?.... Pour compenser les décès des enfants ? ou pour servir une obligation de nourriture qui à cette époque existait via un contrat en acte notarié vis à vis des propriétaires du moulin ?
        J’ai en ma possession un droit d’eau du 12 ème siècle en latin (familial) toujours actif de nos jours et il y est noté que les locataires devaient au seigneur une partie de leur production mais pas que celà...

        Qu’en pensez-vous ?

        Cordialement
        Isabelle JOURDAIN

        Répondre à ce message

  • Je suis surprise que personne n’envisage un cas bien courant et par conséquent assez prioritairement envisageable du fruit d’un amour ancillaire (ce que suggérerait plus ou moins le nom de Bonnemain ?).

    La mère (servante ou journalière) peut être morte en couches ou d’une de ces terribles fièvres puerpérales qui ont fait des ravages. Elle n’est peut-être aussi pas en mesure de garder seule cet enfant, pour des raisons économiques ou de bienséance sociale.

    L’abandon, décidé ou non par le père, est exécuté par lui, ce que donne à penser le billet circonstancié dont le bébé a été muni. Il peut avoir été le maître de la maison où sert la mère, ou un fils de cette maison, un voisin, etc, mais, dans tous les cas, d’une condition dont témoigne l’aisance avec laquelle la lettre est rédigée.

    Il ne s’agit certes que d’hypothèses. Mais ce cas est tellement fréquent qu’il ne semble pas ébouriffant de l’envisager.

    Répondre à ce message

    • Bonjour
      les raisons de l’exposition d’enfant au tour de l’hospice :

      • amour ancillaire
      • misère (crise frumentaire si fréquente à l’époque)
      • trop de bouches à nourrir (familles très nombreuses)
      • mère décédée en couches
      • le père a quitté la maison
      • enfant d’une fille soumise (prostituée)
      • enfant infirme ou anormal
      • et le pire de tout : enfant déposé mort dans le tour.
        l’enfant pouvait être déposé par une matrone qui se chargeait d’accoucher la femme.UN VRAI COMMERCE.
        Il arrivait même que si la mère mettait à l’enfant de beaux vêtements, la matrone les vendait et habillait l’enfant avec des hardes.
        J’arrête car je vais faire pleurer certaines mamans. Quand j’ai écrit un livre sur le sujet, ma femme qui m’a aidé en faisait des cauchemars.
        Et pourtant un abandon au tour était préférable à un infanticide.
        Pierrick
        http://www.chuto.fr/

      Répondre à ce message

      • C’est cela, le sérieux et la recherche, le sérieux dans la recherche. On découvre peu à peu, il y a des pistes qui se finissent en cul de sac, des hypothèses pourtant des plus vraisemblables qui s’effondrent, d’autres voies qui s’ouvrent et apportent des connaissances. Tout n’est pas agréable, notre vision des choses est contrainte à l’évolution, dans le respect de ce qui fut, sous ses différents jours. C’est parfois vexant, parfois frustrant, puis on apprend à rire de nos certitudes gratuites. On apprend le doute et la modestie, si formateurs, si respectueux de nos aïeux et de leur vécu. Cette route, peu à peu, s’avère surtout très riche de découverte et de jalons de connaissance de l’histoire. Merci, monsieur Chuto pour ces pierres que vous apportez à la construction de l’édifice.

        Répondre à ce message

  • Bonsoir

    Très passionnante lecture .

    Je me demande si la personne qui abandonne l’enfant,en demandant de l’appeler Jean-François BELLEMAIN n’avait pas idée de le récupérer plus tard où suivre son évolution une fois adulte.

    Cette personne avait besoin de lui faire garder cette identité pour que quelqu’un éventuellement puisse l’identifier comme son fils (je pense au père absent) . l’enfant a été ondoyé et l’on peu supposer que l’accouchement n’a pas été simple.

    Y a t’il des décès de jeunes femmes dans cette période ?
    A la lecture de cette déclaration de naissance , je pense que la mère n’a peut-être pas survécu et que cette déclaration très structurée , par lettre est faite par des personnes plus âgées je pense aux grand-parents .
    Il serait intéressant de voir ce qu’il est devenu ... je vais y faire un tour....

    Cordialement
    Isabelle

    Répondre à ce message

  • Jean François Bellemain né le 4e jour de fructidor l’an 4
    décédé le 11 du même mois demande le baptême mais il a été ondoyé,ce qui laisse à pensé qu’à sa naissance il été tres fragile.

    Robert

    Répondre à ce message

    • Certes....

      Doit-on en conclure dans ce cas précis que la république n’a pas été en mesure d’assumer la Loi qu’elle s’est elle-même donnée ?
      C’est une autre question....

      Ses nouveaux serviteurs, parmi lesquels des opportunistes et des idéalistes, en tout cas des activistes plus que des gens altruistes et efficaces n’ont peut=être pas laissé, à leur corps défendant, sa chance à ce nourrisson....
      .

      Répondre à ce message

      • Bonjour Orson

        Qu’auriez-vous fait et que seriez-vous devenu(e) à cette époque entre famine peste et choléra et j’en passe car un simple rhume suffisait à tuer un enfant ?
        Nous assistons a la naissance d’un enfant ondoyé donc déjà en difficulté pour être viable.Et ondoyé pour ne pas être enterré dans le carré des nons baptisés

        Lorsque les récoltes étaient mauvaises et les hivers très rigoureux que seriez-vous devenu(e) si vous aviez été un enfant en bas âge ?

        Regardez et pensez-vous dans nos campagnes francaises il y a 80 ans et ce n’est pas si vieux , les enfants mourraient aussi en bas âges.Pourtant nous étions dans un monde dit "moderne" non ? quand on a que des pommes et du pain à manger doit-on vivre où mourir ?

        La nature donne mais quand elle reprend !!!

        Cordialement
        Isabelle

        Répondre à ce message

      • Vous semblez juste oublier qu’à cette époque, et jusque tardivement, de très nombreux enfants mourraient en bas-âge, quel que soit leur milieu social.
        Ni la royauté, ni ensuite la république n’y pouvaient grand-chose.
        Si de nos jours et en France, le taux de mortalité enfantine a beaucoup baissé, c’est notamment du fait des progrès médicaux, et de l’hygiène. Il n’en est pas de même dans d’autres pays moins bien lotis. Certes, tout cela est indirectement lié à des choix politiques, mais pas que, et bien évidemment pas aussi vite que vos remarques ne le suggéreraient. Tout généalogiste amateur découvre cela avec émotion au début de ses recherches.
        Aimeriez-vous titiller les intervenants, par jeu et ou plaisir ?

        Répondre à ce message

    • Merci pour cette information, qui clôt toute recherche sur le devenir de cet enfant.

      Répondre à ce message

  • Bonjour,

    Malheureusement pour les parents, L’enfant meurt le 11 fructidor an IV.

    Généalogiquement
    Marie

    Répondre à ce message

    • Triste histoire !!
      Dans mon ascendance paternelle, j’ai également un ancêtre né en 1811 de père inconnu et non reconnu par sa mère, il a reçu comme patronyme MARIE ( qui était, d’après l’acte de naissance, le prénom de sa mère), elle était fille de ferme. Peut-être était-ce le fermier le responsable de sa grossesse ?? Donc, cette branche ascendante s’arrête-là... Quant à la descendance, elle est "truffée", jusqu’à mon père de mariages après naissances et de reconnaissances tardives.
      C’est de la psycho-généalogie quelque part !!

      Répondre à ce message

  • En effet il est très difficile de reconstituer l’ascendance des enfants "déposés", néanmoins quelquefois on trouve trace de la mère. J’ai relevé la déclaration de naissance des enfants déposés à l’hospice de Bernay ( département de l’Eure) de 1800 à 1875, j’en ai trouvé 1962 et il m’arrive quelquefois, rarement soyons honnête, de remonter leur généalogie maternelle, en recoupant d’autres documents, rapports d’inspection auprès des nourrices,listes des enfants, papiers de comptabilité, déposés aux Archives Départementales d’Évreux.
    Je n’ai jamais trouvé de "mot d’excuse" comme cela s’appelait, aussi complet que celui de Jean François Bellemain, et même quand il était demandé de respecter un prénom, c’était rarement fait .
    Souvent même les prénoms étaient fantaisistes. Cela reste une étude très intéressante qui prouve les difficultés de l’époque.
    Yvonne SALLET

    Répondre à ce message

    • Bonjour
      Sur les 3816 enfants exposés à l’hospice de Quimper entre 1803 et 1861 (fermeture du tour), je n’ai pu trouver que quelques mères ou père et mère lorsque ceux-ci, pris de remords ou dans une meilleure situation financière, reprennent l’enfant déposé auparavant.
      Cela arrive aussi lorsque la mère se remarie et que le nouvel époux accepte de reconnaître l’enfant.
      Il y a aussi le cas d’une mère âgée qui reconnaît son fils bien tardivement, sans doute pour qu’il s’occupe d’elle.
      Un dernier détail pour ceux que le sujet intéresse.
      Dans mon livre les exposés de Creac’h Euzen, je raconte comment les noms étaient inventés par les sœurs du St esprit qui géraient l’hospice civil.
      A partir de 1843, tous les patronymes commencent par la lettre A, 1844 par B et ainsi de suite jusqu’à 1861 où l’on arrive à T (exemple : Tabel, Taron, Tacet, Tadel, Tagat, Tagel etc...)
      Le sujet est passionnant mais bien peu exploité.il n’intéresse pas les éditeurs.Et pourtant quelle école de la vie.
      Pierrick Chuto

      Répondre à ce message

    • Je reviens emmettre une remarque . Pourquoi pensez que l’abandon d’un enfant ne peut venir d’une personne ( la mere en particulier ) qui financierement , ne peut pas
      elever cet enfant ? Les raisons peuvent etre toutes autres !
      C’est peut etre une fille mére , fille d’un notable !? qui à pu cacher une grossesse !? ou encore le fruit d’un adultere !? Les raisons peuvent etre nombreuses ! Les abandons n’etaient pas le seul fait des paysans pauvres de l’epoque et qui constituaient 80 pour cent de la population .

      A mediter ....tout de meme !

      Répondre à ce message

  • Qu"elle emouvante lettre , et tres bien ecrite ! A l’epoque , il y avais beaucoup d’analphabets , or ici on peut penser que la personne qui à ecrit cette lettre semble maitriser le français et son vocabulaire parfaitement bien . D’ailleur le pere presumé de l’enfant et dit absent au moment de la naissance , et visiblement pas informé de l’existance de cet enfant ? puisqu’il et explicitement indiqué qu’il aurait pu le reconnaitre si il avait été present ! notez egalement qu’il est indiqué qu’il doit se tenir eloigné et hors du pays et employé au service de la republique !!! J’en deduis que les parents devaient etre d’un niveau social correct !
    Qu’en pensez vous ?

    Répondre à ce message

    • L’orthographe de cette lettre est assez fantaisiste.
      Je n’ignore pas qu’à l’époque on était très "tolérant" dans ce domaine, mais je pense surtout que la personne qui a écrit cette lettre, bien qu’ayant appris à écrire, n’a pas une grande maîtrise de la langue...
      Je remarque tout de même qu’elle est écrite en français, ce qui n’était pas forcément habituel, la plupart des Français ne parlant guère que le patois en ce temps-là.

      Répondre à ce message

      • Je ne suis pas d’accord avec vous, cette lettre est écrite très correctement par une personne dont le français est évidemment la langue d’usage. La maîtrise de sa langue est incontestablement au dessus de la moyenne de l’époque et révèle une personne qui a bien réfléchi à la teneur de son texte (en témoigne ses arguments d’ordre juridique, même si elle a peut-être été rédigée dans une certaine urgence, puisque le scripteur (scriptrice) revient deux fois sur le même sujet, à savoir l’obligation de prise en charge de l’enfant par la "république", alors qu’une seule devait suffire normalement.

        Répondre à ce message

        • J’aurais dû préciser "une bonne maîtrise de la langue écrite". Les indications juridiques que contient la lettre sont cependant floues, puisqu’elle ne parle que de la protection que l’Etat doit à l’enfant. Il se peut que l’auteur de cette requête ait pris conseil après d’autres personnes.
          Mais, si cette mère, en supposant que ce soit elle qui a rédigé cette lettre, avait le niveau d’instruction et par conséquent le niveau social que vous lui prêtez, elle disposerait certainement d’autres solutions que l’abandon de son bébé.
          Vous remarquerez aussi que je ne suis pas la seule à avoir cet avis.
          _

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  • très curieux et intéressant texte qui questionne doublement : qui a écrit ce billet ? un lettré, assurément, qui y a mis beaucoup d’application et qui connaissait le droit. Pourquoi ? est-ce en fonction du statut social de la mère de l’enfant, et donc de son fils, malgré l’abandon ? Est-ce par humanité profonde et souci de l’autre, cet enfant ? peu fréquent à ce point, tout de même. Voilà qui nous intrigue et continuera à nous intriguer. Merci de nous avoir fait connaître cet acte si singulier.

    Répondre à ce message

    • Bien d’accord avec vous, c’est bien la lettre d’un lettré (ou une lettrée), pas forcément celle d’un intellectuel cependant, mais de quelqu’un de quelque importance et impliqué dans la société. Il est d’ailleurs remarquable que cet enfant n’a pas été abandonné pour cause de misère (il aurait été tellement facile de s’en prévaloir, plutôt que d’être dans l’impossibilité de l’expliquer), ce qui signifie qu’il l’est pour d’autres raisons.
      Je pense qu’elle n’a pas été rédigée par la mère, qui, en de telles circonstances aurait sûrement été submergée par l’émotion, sinon par le désespoir, qui s’en serait probablement remise à la bonté divine plutôt que de mettre au défi les clercs du nouveau régime pour assumer cet enfant.

      J’en conclus que ce papier a été rédigé par le père, dans un style relativement enjoué (il s’agit d’une personne assez jeune que la vie n’a pas déjà lassé, peut-être s’est-il entiché de cet enfant au point d’avoir attendu plus d’un mois avant de se résoudre à s’en séparer) et une réflexion (relevant du Droit) tous masculins. Dire que le père est au loin et au service de la République est une ruse à double détente : un, brouiller les pistes (alors qu’il se trouve tout près) et deux, attirer la bienveillance sur l’enfant en le présentant comme un enfant de républicain (ce qu’il n’est donc probablement pas et en particulier si le père était un aristocrate clandestin ou un représentant du clergé séculier, par exemple, mais il peut être aussi un homme marié, la mère une demoiselle ou une veuve, etc...).

      Il faut noter en outre une réelle bienveillance du scripteur vis-à-vis de l’enfant puisqu’il prend soin d’être précis sur le moment de la naissance (qu’il donne en date ancienne, alors que le calendrier officiel était déjà le républicain), et qu’il lui choisit ses nom (Bonnemain, un patronyme positif et optimiste) et prénom (Jean-François, un prénom chrétien, peut-être celui d’un ascendant, une façon minimale mais néanmoins anonyme de rester relié à lui)
      Cette bienveillance, c’est peut-être le signe que cet enfant était, malgré "l’indicible", l’enfant de l’amour..., celui qui en devenant Jean-François Bonnemain, "citoyen" lamba, aurait permis à cet amour de se perpétuer.

      Répondre à ce message

      • Mon impression est qu’en effet ce n’est pas la mère qui a écrit ce billet. Une femme assez lettrée pour écrire ce texte, donc d’un milieu social élevé, ou sa famille, n’auraient guère eu de mal a faire mettre cet enfant en nourrice, loin d’elle, si elle ne pouvait le reconnaître pour sien car enfant né hors mariage, par exemple. Situation courante pour ne pas dire banale. Toutefois ses parents ont pu le décider pour la jeune femme, et un père, devenu grand-père, pourrait aussi être l’auteur du document. Cela peut aussi être toute autre personnage, frère aîné, ami, relation ou homme de loi mis dans le secret ou tenu à le garder de par son rôle social (prêtre, notaire...). Cela pourrait être d’autant plus possible si l’on imagine que la jeune mère a été rejetée par sa famille, ou s’est cachée d’elle. Il y a de nombreuses possibilités.
        Le choix du patronyme "Bonnemain" confirme si besoin est l’intérêt que l’auteur du billet, peut-être guidé par la mère, témoignait à l’enfant. Il serait intéressant de connaître le devenir de Jean-François Bonnemain. Cela nous éclairerait peut-être.

        Quant à supputer que c’est le père de l’enfant qui écrit ce billet, cela me semble beaucoup s’avancer.
        Les remarques de Pierrick Chutto témoignent d’une bonne expérience en matière d’abandons d’enfants. Auteur à lire, décidément !

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        • Vous avez évidemment raison, une femme de bonne famille aurait eu toutes les possibilités de placer l’enfant autrement que par cette manière bien aléatoire.... Que cette lettre soit rédigée par son père est une autre possibilité à considérer également.

          Mais bon, un grand-père (le père de la mère de l’enfant donc) qui n’a plus la maîtrise de sa descendance, ne peut plus qu’osciller entre les deux possibilités de cette alternative : ou assumer doctement cette "déchéance" car tout enfant de sa lignée est une bénédiction puisqu’il n’en fera plus lui-même et qu’il s’en est convaincu ou alors il lui faut renier clairement ce rejeton allogène qui vient lui pourrir la vie et dans ce cas, ça transparait, à minima, dans la lettre, ce qui ne parait pas patent.

          En revanche, un homme jeune comme l’est possiblement le père de l’enfant (célibataire à fortiori), peut toujours se dire que des enfants, il en aura bien d’autres si celui-ci est inopportun ou importun, ce qui peut expliquer un abandon assumé, sinon serein....

          Bien entendu, on est toujours dans les pronostics....

          Répondre à ce message


  • Il pourrait s’agir de la loi qui déchargent les ci-devants seigneurs hauts-justiciers, de l’obligation de nourrir les enfants abandonnés (loi 29 novembre à 10 décembre 1790)
    ou celle du 4 Pluviose an 2 relative aux jugements des procès en déclaration de paternité (peu probable compte-tenu du contenu de la lettre)
    Bonnes recherches
    25-04-14

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  • pour la loi de 1793 dont il est fait mention ne s’agit il pas tout simplement de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen promulguée cette année là !

    Non, cet ajout à la déclaration de 1789 date du 24 juin 1793.

    Pour toutes vos interrogations ,je me suis efforcé de retrouver le parcours de vie de 3816 enfants dans mon livre mais c’est pour ce qu’on appelle maintenant le Finistère sud.
    Votre amie devrait chercher en série 3X et 8 H dépôt aux archives départementales de sa région.
    Elle pourra ainsi peut-être trouver les parents nourriciers.
    Il faut aussi chercher dans l’état civil un décès ou un mariage éventuel.
    Tout peut se trouver avec beaucoup de persévérance et du temps.
    Bien cordialement
    Pierrick Chuto
    http://www.chuto.fr/

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  • Bonjour Une Histoire bien émouvante -comme à chaque découverte de ce type de document- ;le mystère reste encore entier ; qu’est-devenu cet enfant qui demandait à être appelé Jean-François Bellemain ?
    cet enfant a t il survécu ?
    quelle vie a t il pu avoir ?
    a t il eu des descendants ?
    a t il pu conserver son nom d’origine ?
    pour la loi de 1793 dont il est fait mention ne s’agit il pas tout simplement de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen promulguée cette année là !

    Une de mes amies est descendante -en 1798 d’un enfant " exposé sur les marches d’une l’église" avec un petit sac accroché à ses vêtements, avec quelques objets et une lettre expliquant pourquoi il était abandonné et le souhait de son prénom et bien vouloir le faire baptiser" ;
    mon amie a été surprise et chagrine durant un moment par cette découverte, car comme elle le dit si bien... " maintenant je sais que je ne pourrais plus avoir d’autres ancêtres ! mon histoire s’arrête là !"...
    aussi à défaut de nouveaux ascendants elle s’est accrochée à l’histoire du village ou celui ci a été abandonné et en a fait ses racines -celles du sol et de ses origines !
    Bien généalogiquement Albertine

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  • Bravo Thierry pour cette trouvaille
    Ce billet est bien surprenant.
    Parmi les 3816 expositions d’enfants trouvés, que j’ai analysé dans "Les exposés de Creac’h-Euzen" je n’en ai déniché aucun d’aussi original.
    Entre la révolution, l’année 1793, où les sœurs hospitalières furent dépossédées de la tenue des hospices, et le décret napoléonien de 1811 où un début de réglementation vit le jour, la nation se chargea plutôt mal que bien de s’occuper des enfants trouvés et abandonnés.
    le 4 juillet 1793, La convention, soucieuse de tout réglementer, décida de donner à ces enfants le nom d’enfants de la Patrie, avec le désir secret d’en faire ensuite de vaillants petits soldats.
    On sait que beaucoup décédaient avant l’âge d’aller sous les drapeaux, mais c’est une autre histoire.

    La loi révolutionnaire date du 28 juin 1793

    Pierrick Chuto

    http://www.chuto.fr/

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