Le pigeon tenait une part importante dans l’économie de la ferme. Son élevage offrait la possibilité de disposer de la viande fraîche pratiquement toute l’année et cela sans contrainte pour le paysan qui n’avait pas besoin de consacrer du temps à l’alimentation de ses volatiles.
En effet les pigeons se nourrissaient sur les terres du propriétaire du pigeonnier, mais aussi sur celles de ses voisins ce qui pouvait par ailleurs poser des problèmes de voisinage.
Avant la venue des engrais chimiques, il fallait bien trouver le moyen d’enrichir la terre afin de récolter les produits rapidement.
Les agriculteurs utilisaient souvent la colombine ou fiente du pigeon, riche en éléments nutritifs et convenant parfaitement au fumage des produits du jardins, de la vigne et des arbres fruitiers ainsi que divers produits de la terre comme le tabac ou le chanvre, ce dernier utilisé pour la fabrication de vêtements, papiers, huile et aussi médicaments.
Toute cette nouvelle importance donnée au pigeonnier trouva sont point maximum au 18 et au 19e siècle avec une date repère, la nuit du 4 août 1789, quand l’abolition des privilèges permis à tout a chacun de posséder son propre pigeonnier.
Auparavant quelques pigeonniers appartenants à des particuliers existaient bien, notamment dans le sud-ouest où certains gens du parlement de Toulouse disaient qu’il était normal que chacun eut son pigeonnier (cf. Simon d’Olive en 1682).
On vit alors dans les campagnes s’ériger bon nombre d’entre eux, avec des propriétaires joignant l’utile à l’agréable qui s’attachaient à faire construire de petits bijoux d’architecture. Bien sûr on rivalisait d’ingéniosité en voulant que son pigeonnier soit plus beau et plus original que celui de son voisin.
Néanmoins on constatera que tout cela ne pouvait se faire qu’avec des maçons compétents. C’est ainsi qu’en fonction d’un secteur ou d’un canton on retrouve la signature de l’entrepreneur local.
On peut citer, à titre d’exemple, dans le Midi-Pyrénées, le pigeonnier Pied de Mulet ou Toulousain, les types Gaillacois et Castrais ou bien aussi ceux de la région de Caussade ou bien de Cajarc.
On ne peut oublier de parler dans cette rubrique de l’importance des pigeonniers à tour circulaire que l’on voyait dans la plupart des châteaux, abbayes ou grandes propriétés seigneuriales qui eurent bien avant le 16e siècle le privilège d’élever les pigeons pour leur propre consommation.
Ainsi outre le travail traditionnel à la vie du château ou de l’abbaye, il en découlait une activité complémentaire qui consistait à fournir presque tous les jours des centaines de pigeons de chair à la table du roi.
Michel Lucien est l’auteur d’un ouvrage sur les Pigeonniers en Midi-Pyrénées (Editions Massin) : http://www.pigeonniers-en-midipyrenees.fr.
Cette remarquable étude, qui consacre une large place aux photographies, vous emmène découvrir l’architecture et l’histoire de ces trésors du patrimoine rural. |