Bonjour,
Je partage cet avis. Le délai écoulé entre la première étape et la seconde est exceptionnellement long. Mais en 1661 D’Artagnan fur chargé d’arrêter le surintendant des finances Nicolas FOUQUET et il eut pour fonction de veiller sur lui pendant son incarcération dans des lieux successifs. Cela dura trois ans, à l’issue desquels D’artagnan enchaîna les missions au service du roi. Marié depuis 1659, mais plus souvent sur les champs de bataille que dans son foyer, rapidement les deux époux ne feront plus vie commune.
L’acte de baptême, à Chalon-sur-Saône en 1661 ne précise ni l’identité du père, ni sa présence lors du baptême. On sait juste que la mère est "Madame d’Artagnan". D’après la littérature, D’Artagnan aurait eu deux fils : l’aîné en 1660 et le second en 1661.
D’Artagnan avait trouvé la mort quand ses deux fils reçurent un baptême sous condition (vu le délai écoulé) en 1674. (Le baptême devant être unique, un prêtre célèbre un baptême sous condition lorsqu’il ignore si une personne est ou non déjà valablement baptisée). D’après ce que l’on peut déchiffrer de l’identité des parrains et marraines et le lieu : Versailles, on pourrait penser que le roi Louis XIV, fervent catholique et luttant pour imposer cette religion dans le royaume, ait voulu régulariser la situation des deux enfants pour cette raison et en hommage à leur regretté vaillant père.
Il serait intéressant de retrouver l’acte de naissance du premier fils.
Voici deux exemples très explicatifs de baptême avec imposition du nom différée.
8 Janvier 1691
AD85 - Saint-Sulpice-en-Pareds Registres paroissiaux - BMS - mai 1682-1699 (Vue 47)
En marge : « Démé »
« Le huictie(sme) jour de Jan(vier) mil six cens quatre vingt onze a esté p(rése)nté à l’église une fille nouvelement née fille légitime de Jacques DESMÉ S(ieur) de Grandchamps et de Dame Judith JULLIOT à laquelle a esté adminisré le sacrem(ent) de baptême et pendant l’absence des parain et maraine absens, remisl’administra(ti)on des cérémonies au premier jour. Faict par moy, Pbr (Prêtre) Prieur Curé soub(sig)né.
MICHEAU Prebtre Prieur Curé de Saint Sulpice »
22 Janvier 1691
AD85 - Saint-Sulpice-en-Pareds Registres paroissiaux - Baptêmes, Mariages, Sépultures mai 1682-1699 (Vue 48)
En marge : « Desmé »
« Le vingtdeuxiesme Janvier mil six cens quatre vingt onze, la fille présentée au baptême par acte du 8e du présent mois, inseré en la page de l’autre part, article *pénultiesme, a esté derechef présentée par Pierre JULLIOT, S(eigneur) Deschabossières et Dame Judith THUBIN, parrain et mairine qui luy ont donné le nom d’Elisabeth et luy ont esté administrées le reste des cérémonies de l’église, par moy Prestre Prieur Curé soubsigné, et a ladite THUBIN déclaré ne savoir signer. MICHEAU Prebtre Prieur Curé de Saint Sulpice - P. JULLIOT »
*Pénultième = Avant-dernier.
C’est l’avant dernier acte enregistré sur la page du registre
second cas
18 Septembre 1732
AD85 - Hermenault (L’) Registres paroissiaux - Baptêmes, Mariages, Sépultures sept. 1732-1757 (Vue 2)
En marge : Bapt. N. de BOISVERT. Voyez la cérémonie de l’imposition du nom cy dessous en Décembre.
« Le dixhuitème jour de mois de Septembre mil sept cens trente-deux a esté baptisé par nous Prêtre soussigné avec la permission de Monsieur le Curé de cette paroisse de l’ Hermenaud un enfant né garçon né de ce jour du légitime mariage de Messire Jacques PUGNET escuyer Seigneur de Boisvert , ancien Lieutenant Colonel de cavalerie dans les troupes d’Angleterre et inspecteur des haras du Bas Poitou et de Dame Marie Aimée MOREAU , son épouse de cette même paroisse de l’Hermenaud. Le baptême a esté administré dans la Chapelle de Lienne de cette ditte paroisse et on a différé à l’enfant l’imposition du nom pour un mois. Le tout avec la permission spéciale de Monseigneur l’évêque de la Rochelle. Ont esté témoins Monsieur de BOISVERT, pèrede l’enfant, Messire Elie BOUCHER, Curé de cette paroisse de l’Hermenaud, Dame Roze MARCHAIS, épouse de Monsieur Maître René MOREAU Lieutenant général du siège royal de la Chataigneraye grand-père de l’enfant, Jean François Joseph MOREAU, oncle maternel de l’enfant. D(emois)elle Elisabeth THIRE et autres qui ont avec nous signé le présent acte.
Approuvé deux mots rayés Pour ne valoir.
Ont signé : BOUCHER, Curé dudit lieu - De BOISVERT - Rose MARCHAY MOREAU - MOREAU de la GRANGE -
Jeanne DECOU…INIER »
6 Octobre 1732 – Imposition du nom de Jean Baptiste Marie Jacques PUGNET de BOISVERT
Hermenault (L’) Registres paroissiaux - Baptêmes, Mariages, Sépultures sept. 1732-1757 (Vue 3)
En marge : Imposition du nom de Jean - B. Marie Jacques PUGNET de BOISVERT voyez l’acte de baptême cy-dessus le 18 7bre
« Le sixième jour du mois de Décembre mil sept cens trente-deux, Nous, Evêque de la Rochelle avons dans la Chapelle de notre château de l’hermenault, fait la cérémonie de l’imposition du nom de Jean Baptiste Marie Jacques, né le dix-huit du mois de Septembre dernier, baptisé le même jour, fils légitime de Messire Jacques PUGNET, Escuyer, Seigneur de BOISVERT et de Dame Marie Aymée MOREAU son épouse, de cette paroisse. Laquelle cérémonie avait esté différée par expresse permission de notre part. Le parein a esté Monseigneurl’illustrissime et reverendissime Jean Baptiste Antoine de Brancas des Comtes de Forcalquier, Archevêque d’Aix, Conseiller du Roy en tous les conseils, représenté par haut et puissant Seigneur Messire Antoine CharlesHenry DARCEMALLE, Chevalier, Seigneur, Marquis du Langon et autres lieux, c(h)argé avec effet de laprocuration de Mon dit seigneur l’Archevêque d’Aix, et la mareine haute et puissante Dame, Madame MarieAngélique BRISSON de MACHAULT , épouse de Haut et Puissant Seigneur Messire André de MENOU Chevalier,Seigneur Comte de Charnisay et autres lieux, représentée par très noble Demoiselle Mademoiselle Marie-Anne DARCEMALLE de la Blanchardière , pareillement chargée de la procuration de Ma ditte Dame la Comtesse de Charnisay. Ont estés présents à la ditte cérémonie, Mon dit Sieur de BOISVERT, père de l’enfant, Monsieur Maître René MOREAU, Conseiller du Roy et son Lieutenant Général au siège Royal de Vouvant …….. à la Chataigneraye, aïeul maternel de l’enfant. Madame Roze MARCHAIS son épouse. M. René Aimé MOREAU Prêtre, bachelier en théologie, oncle maternel de l’enfant, M. Elie BOUCHER, Curé de l’Hermenaud, M. Jean ……… PICHARD Prêtre Docteur en théologie, notre Secrétaire, et autres qui ont avec nous signé le présent acte.
Parmi ceux qui ont signé : BOUCHER Curé dudit lieu,
De BOISVERS - MOREAU de BOISVERT - DARCEMALLE Baron du Langon - Marianne DARCEMALLE- Rose - MARCHAY MOREAU - MOREAU Prêtre - Jeanne DECOUR…INIER - Louis DESNOUHES - Marie Anne … ROUX
- Victor GOUR … - BONHOMME - Bernard DELAUNAY, Curé du May, MOREAU de la FAYBRETIERE - LEMERCIER Doyen de Fontenay - MOREAU de la GRANGE - MOREAU de MONPLAISIR… »
et autres, dont les signatures n’ont pu être déchiffrées.
Cette seconde cérémonie vient, avec l’imposition du nom, compléter le baptême de Jean-Baptiste Marie
Jacques PUGNET, initialement célébré le 18 Septembre. Alors que la cérémonie du baptême s’est tenue de
manière ordinaire en "petit comité", celle de l’imposition du nom se tiendra en grande pompe.
L"illustrissime et reverendissime" parrain et la marraine " haute et puissante dame" sont des personnes de
haut rang et la liste des proches et amis ayant assisté à l’évènement ne compte que du beau monde.
A cette époque, le Baptême des nouveau-nés avait lieu le plus souvent le jour même ou le lendemain de la
naissance. Ceci ne laissait guère de temps aux parents pour l’organisation de la cérémonie qui, dans les milieux
nobles, se voulait fastueuse.
D’un autre côté, du fait des risques de mortalité infantile, les Curés faisaient pression pour que les nouveau-nés
soient baptisés très rapidement après leur naissance.
C’est pourquoi il arrivait que l’enfant reçoive le sacrement de baptême dans un premier temps sans imposition
du nom, au cours d’une cérémonie simple, le jour même ou le lendemain de sa naissance.
Puis, dans un deuxième temps, avait lieu la cérémonie de l’imposition du nom que l’enfant recevait, présenté
par un parrain et une marraine et qui se déroulait selon un decorum à la hauteur de sa noble famille.
Plusieurs mois pouvaient s’écouler entre les deux étapes, rarement une ou plusieurs années.