Les reliques sont les restes d’une personne honorée comme un saint. Il peut s’agir du corps ou partie du corps du saint, parfois d’un simple morceau d’étoffe ou même d’un objet l’ayant touché. Les fidèles les conservent avec vénération et leur attribuent des vertus de miracles et de guérison. En effet, la dévotion populaire fait des saints des intermédiaires très proches et très puissants entre le christ, Dieu et les hommes. Pour sa part, l’Église insiste sur le fait que le culte des reliques et des saints est un culte de dulie et non d’adoration, réservé à Dieu seul.
- Un petit morceau de la soutane du vénérable Jean-Claude Colin, fondateur des Maristes.
Historiquement, le culte des reliques remonte aux martyrs des premiers siècles. Les fidèles venaient alors prier et écouter la messe sur leurs tombeaux. Puis, au Moyen-Age, les reliques, vraies ou fausses, font l’objet d’un véritable trafic (cf. le roman d’Ellis Peters "trafic de reliques").
Aux XVe et XVIe siècles, c’est "la grande époque des saints" et le culte de leurs reliques se développe de façon considérable. On les compte alors par milliers dans le royaume. Robert Muchembled (in Culture populaire et culture des élites) cite l’exemple de "l’abbaye de Saint-Bertin, à Saint-Omer (Pas-de-Calais), qui possède en 1465 un abrégé des principales reliques imaginables : parmi d’autres, des morceaux de la crèche de Jésus, de son berceau, de sa table, de sa tombe ; dans un œuf, un fragment d’étoffe taché du sang et de la cervelle du bienheureux saint Thomas, avec de la poussière des ossements de saint Hubert et de saint Quentin, dont on guérissait les infirmités et les accidents ; une autre relique de saint Hubert efficace pour la guérison des boiteux et de la rage..."
- Collé sur l’image, un petit morceau de soie ayant touché aux ossements de sainte Marguerite-Marie Alacoque.
Les lieux de culte ou de pèlerinage à la Vierge ou à un saint se multiplient : petites chapelles, niches aux carrefours des chemins, sources, fontaines, pierres, croix ou bois sacrés... Parfois, ce sont une statue ou une châsse contenant quelques précieuses reliques qui font l’objet de la dévotion des foules.
Dans toutes les régions, de nombreuses marches de dévotion et des processions de fidèles sont dédiées aux saints dans l’espoir d’obtenir de bonnes récoltes, de bons troupeaux, la fin des calamités ou la guérison des maladies. Car les saints les plus réputés sont les saints guérisseurs (st Fiacre, st Sébastien...) à qui les fidèles offrent des prières spéciales et des neuvaines, des cierges ou des ex-voto en accomplissement d’un vœu, en remerciement d’une grâce ou d’une guérison.
- La chambre des reliques à Paray-le-Monial (71)
Aujourd’hui, dans certaines campagnes, le souvenir des saints bienfaiteurs reste encore très vivace dans la mémoire populaire.
A noter d’ailleurs que, d’un point de vue généalogique, l’étude des prénoms donnés au baptême, atteste de l’importance du culte des saints locaux.
- Le vénérable A. Chevrier, fondateur de la providence du Prado (1826-1879). Un cachet de cire atteste de l’authenticité du morceau d’étoffe.
Ainsi, dans le Velay (43), les registres d’état civil, du XVIIe siècle au XIXe siècle, regorgent d’enfants prénommés Régis en l’honneur de saint Jean-François Régis, apôtre missionnaire du Velay et du Vivarais.
- Un morceau de la toile cirée sur laquelle a reposé le corps du bienheureux J. M Vianney (le curé d’Ars), depuis l’exhumation jusqu’à la mise en châsse. 16 juin 1904 - 2 avril 1905.
De même, presque tous les villages et toutes les églises possèdent une statue et un vitrail dédiés à ce saint. Enfin, dans de nombreuses maisons d’habitation, des images et des objets de piété témoignent de la persistance de la dévotion populaire à ce personnage.
- Morceau de l’étoffe ayant touché à la Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus (au dos, est noté le passage suivant : "Les personnes qui reçoivent des grâces par l’intercession de Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus sont priées d’en communiquer le récit au Monastère des Carmélites de Lisieux (Calvados).