Trois autres navires ont déjà porté ce nom, une frégate malouine en 1706, une frégate de 300 tx de la Compagnie des Indes naufragée en Louisiane en 1731 et un vaisseau de 600 tx de la Compagnie des Indes désarmé et condamné en 1741 [1].
Le navire est armé à Lorient pour la Chine, le 2 avril 1745 sous les ordres du capitaine Charles François Bréart de Boisanger, avec 229 personnes [2] prévues au départ. Il est accompagné de L’Aimable et du Le Philibert. Après un voyage de vingt mois où il a chargé des soieries, de la porcelaine et du thé, il revient sur Lorient avec L’Aimable en passant par les îles Fernando Noronha au Brésil. L’équipage est alors composé de 194 hommes (Marins et soldats). Dans ces îles, il subit l’attaque de deux corsaires anglais, le Sandricq et le Duc de Bedford [3]. Dans ce combat, il y eut un tué, le mousse Julien Belze de St Gildas d’Auray. En approchant des côtes bretonnes, il ne reste plus que 186 hommes à bord et au cours de la nuit du 3 décembre 1746, il vient se fracasser sur les falaises de Port-Loscat au sud-est de Belle-Île. L’équipage tente de gagner la terre ferme mais uniquement 59 hommes y parviendront et c’est ainsi que 127 hommes périrent dans le naufrage .
Pour éviter le pillage de l’épave, un gardien reste à Belle-Île, le dénommé Mathurin Guillevoust [4]. Il était troisième canonnier sur Le Prince de Conty et homme de confiance. C’est ainsi qu’il surveilla l’épave depuis la date du naufrage jusqu’au 20 juin 1747 [5] . Au cours de l’année 1747, la Compagnie des Indes organisa une opération de récupération avec l’aide d’une cloche à plongeur. Des canons de 12, de 8 et de 4, fabriqués en Hollande, des gueuses et de nombreux accessoires (Caps de mouton, poulies, câbles, cordages, etc.) du navire furent récupérés mais le sauvetage de la cargaison déjà dispersée par la mer dû être abandonné [6].
Lors de cette opération de récupération des ouvriers [7] furent envoyés de Lorient à Belle-Île par la Compagnie. Pendant cette opération des soldats de différentes compagnies vinrent aider au chantier et probablement protéger les accès et le matériel récupéré. C’est ainsi que l’on trouva début août des hommes des compagnies de Moissy, de Chaboissier, de Ducledat, de Lajaille, de Rabreuillle, de Destail, de Grimauday, de Monpas et de la Grandier et après le 9 août des soldats des compagnies de Salen, de Semalay, de Biar, de Montmar, de Figé, de Laroc, de La Porte et de Godefroy [8] .
Après cette opération, l’épave est abandonnée et oubliée. Ce n’est qu’en 1976, à l’issue de recherches en archives, que Patrick Lizé la localise à nouveau. Une campagne de fouille a lieu mais s’achève devant un tribunal correctionnel car le site fait l’objet de pillage par ceux qui devaient l’étudier.
En 1985, à la fin de cet épisode judiciaire une nouvelle étude archéologique est programmée par le ministère de la Culture et organisée par les archéologues du DRASSM sous la direction de Michel L’Hour. L’épave avait déjà beaucoup souffert du pillage indélicat de plongeurs clandestins mais la campagne fut toutefois fructueuse. Elle permit de mettre à jour une grande quantité de porcelaines de chine de type bleu et blanc d’époque Qianlong (1736-1795). Par contre, de la cargaison de thé contenue dans des caisses en bois doublées de plomb, il ne fut découvert que quelques morceaux de ces caisses et des masses végétales de déchets brunâtres. Par contre, le site a livré des morceaux de bois rouge identifié par l’analyse paléobotanique comme du Pterocarpus santalignus, bois servant en teinture. La fouille a aussi mis à jour de petits lingots d’or chinois qui pèsent entre 368,7 et 375,2 grammes portent des inscriptions en caractère chinois [9].
Documents mis à disposition :
Pour les personnes intéressées par les noms des marins, soldats et passagers du navire Le Prince de Conty, je donne ci-après un fichier Excel établi à partir des rôles d’équipage du Service historique de la Défense - département Marine à Lorient (cotes : 2 P 6 (1 rôle) et 1 P 185 (2 rôles)). Ce fichier est une synthèse de ces trois rôles et précise la présence à l’aller et au retour des personnes embarquées ainsi que leur devenir au cours de cette campagne et en particulier lors du naufrage du 3 décembre 1746.
Je donne aussi, sous la forme d’un fichier Word, le nom des ouvriers ayant participé à Belle-Île à l’opération de récupération de l’épave en 1747 (Service historique de la Marine -département Marine à Lorient - cote 1 P 244).