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La nuit des Rameaux

Le samedi 1er avril 2006, par Jacques Auguste Colin †

A Ascq, près de Lille, dans la nuit des Rameaux, le 1er avril 1944, 86 hommes de tous âges, furent massacrés, un à un, parfois à l’arme blanche, par de jeunes S.S. descendus d’un train en retour du front de l’est... [1]

Par un malencontreux hasard, un groupe des Auberges de Jeunesse avait planté ses tentes ce soir là, à quelques centaines de mètres de l’endroit du massacre. Ils en furent les témoins auditifs et le souvenir de cette nuit inquiète, de leur présence insolite en temps de guerre, est resté gravé dans leur mémoire.

Cinquante ans après ces évènements, c’est le rêve obsédant qui ne m’a pas quitté que je raconte ici. C’est cet anniversaire qui m’a fait revenir à Ascq, devenue Villeneuve d’Ascq. C’est l’émotion ressentie qui m’a poussé à l’écriture... [2]

Tournus, mars 94

La nuit touchait à sa fin, et déjà, à travers les rideaux, on pouvait apercevoir les premières lueurs de l’aube, qui formaient une sorte de halo au toit de la maison d’en face.

Encore endormi, mais déjà dans cette phase étrange qui précède le réveil, l’homme s’étira sur sa couche, et se mit sur le dos. Il éprouva un inconscient besoin de se rapprocher de sa compagne qui dormait paisiblement, et quand il sentit, avec un secret plaisir, la rondeur de sa cuisse enfoncée dans le creux de sa hanche, parut se rendormir profondément.

Il n’en était rien, car il perçut distinctement le bruit crescendo d’un moteur de péniche qui remontait la Saône. Il entendit vaguement le voisin fermer la porte de son garage, et sut qu’il partait à la pêche.

Ce phénomène de lent réveil se produisait chaque matin depuis qu’il avait pris sa retraite, et n’était plus contraint par l’obligation d’un lever rapide. Il avait remarqué que dans cet état de demi conscience, il rêvait souvent intensément.

Les images se présentaient à lui, non pas de manière cinématographique, mais un peu comme dans une régie de télévision, simultanément, et sans liens apparents. Sans qu’il puisse agir sur lui, c’était son esprit qui classait, ordonnait les images, et comble de l’étrange, posait des questions qu’il retrouvait, toujours non résolues, à son réveil complet.

C’est ainsi que ce jour là, et pour la millième fois, sans doute, il revécut en accéléré, les moments surprenants et terribles à la fois, qui avaient jadis modifié le cours de son existence.

**********

Ce qui était sûr, c’est qu’ils s’étaient donnés rendez-vous place de la gare, à l’arrêt du Tramway B, qui, par le pont supérieur et la rue Pierre Legrand, devait les déposer au terminus, face à l’ancien cinéma Leleu.

Ce devait être un samedi ? ... C’était un samedi, puisque lui-même était enseignant, et que la sortie pédestre ne devait pas excéder une vingtaine de kilomètres.

C’eût été quatre ans auparavant, ils ne seraient pas partis sans entrer au “Pélican” pour manger quelques frites savoureuses, et se régaler d’un bon “demi”. Mais aujourd’hui, la place avait perdu l’aspect joyeux et populaire d’antan, et les échoppes des marchands de frites avaient depuis longtemps été désaffectées. L’endroit était presque sinistre, et ils montèrent dans le premier tram qui se présenta.

Rue Pierre Legrand, il remarqua que la “Maison du Rideau” n’avait toujours pas été reconstruite, et qu’à sa place, il n’y avait que de grands étais de bois qui soutenaient les maisons voisines.

Quatre ans auparavant, pendant la drôle de guerre, un Hurricane anglais, touché par la chasse allemande, s’y était écrasé avec son pilote. On en avait un peu parlé, mais cela avait été vite occulté, pour ne pas affoler la population.

Quelques semaines plus tard, c’est au milieu de la foule des réfugiés belges fuyant l’invasion, que l’image de cette maison détruite, s’était gravée dans son esprit.

Il était déjà tard quand ils passèrent la barrière d’Hellemmes. Il faisait un temps gris et froid des printemps du Nord, mais, bien équipés, ils attaquèrent la grand-route déserte d’un pas assuré, devisant et chantant parfois : ...je vais par le monde emportant ma joie... mon cœur ne connaît pas la haine...

**********

Il sentit soudain que sa compagne s’écartait de lui pour rejoindre sa propre rivière dans le grand lit conjugal. Elle était prise d’un de ces accès de transpiration, presque journaliers, que l’âge impose, paraît-il, aux femmes...

La silhouette de son corps se découpait pour lui dans le rectangle opalescent de la fenêtre, et il se réjouit brièvement de constater qu’il la désirait toujours autant. Il l’avait rencontrée peu de temps après les évènement qu’il revoyait en rêve, et tant d’années s’étaient écoulées...

Il s’approcha lentement, et baisa tendrement la saignée douillette du coude droit légèrement replié. N’ayant pas perçu de réaction, il se retourna vers le côté sombre de la chambre, et chercha à reprendre le cours interrompu de son rêve

**********

Ils marchaient depuis une heure environ, avaient dépassé le chemin d’Annappes et le bourg aux maisons de briques brunes.

La nuit venant, ils avaient obliqué vers le nord, par des chemins de champs, traversé la voie de chemin de fer, en direction des seuls bouquets de peupliers qui égayaient cette plaine immense. Pressés par l’obscurité, ils s’engagèrent dans un petit chemin charretier, et trois cents mètres plus loin, aperçurent un emplacement acceptable pour installer les deux canadiennes, au milieu des peupliers et parmi les buissons que le printemps n’avait pas encore garnis de feuilles.

Les deux tentes furent rapidement montées, et la fraîcheur brumeuse qui tombait les fit s’entasser dans la plus grande, celle de deux mètres à abside, qui possédait un double toit.

Il n’était pas question d’allumer du feu, et c’est avec du “méta” que l’on fit chauffer le lait qu’une des filles avait apporté, et dans lequel on précipita les denrées diverses qui devaient constituer le “béton” : biscuits vitaminés, farine de maïs, tapioca, sucre de raisin, ersatz de cacao...

C’est maintenant presque éveillé qu’il tenta de se souvenir de cette liste d’ingrédients. Avec amusement, il se remémorait comment s ‘était établie cette coutume née du rationnement : La course aux denrées alimentaires était, depuis quatre ans, permanente, et chacun résolvait individuellement, mais toujours insuffisamment le problème.

Ainsi à chaque sortie camping, on mettait en commun tout ce qui avait pu être distrait de la ration quotidienne, et le repas était constitué par cette bouillie infâme, mais après tout, nourrissante.

Cette pratique s’était répandue spontanément, et le “béton” resta longtemps encore après la guerre, le festin rituel des Auberges de Jeunesse.

**********

C’est ainsi que débuta pour eux cette veillée du premier avril, dimanche des Rameaux 1944. Trois garçons, deux filles, dix-neuf et vingt ans, entassés dans la même petite tente, autant pour se réchauffer, que pour jouir de l’amitié et de la fraternité. La guerre, les bombardements semblaient loin, et la veillée s ‘écoulait en rires, chansons et souvenirs, de poèmes idéalistes en airs d’harmonica.

**********

En ce matin d’avril 1994, les yeux grands ouverts fixant un point situé bien au delà du plafond de sa chambre bourguignonne, il cherchait à se rappeler les visages de ces compagnons, qu’après cette nuit là, il n’avait jamais revus. Porthos, Aramis, Mickey, Bougeotte... autant de surnoms, qu’il ne pouvait même plus rattacher à un nom familier

Il songeait aussi à la sorte d’incongruité qu’il y avait à ce qu’ils se fussent trouvés là, heureux et presque insouciants, alors qu’autour d’eux la guerre était partout présente... lui-même n’était-il pas alors, membre d’un réseau clandestin, et porteur de papiers falsifiés ?

Aujourd’hui encore cela lui apparaissait comme une anomalie gênante, mais c’était ainsi, et aucune explication ne pourrait changer ces faits troublants : Ils campaient, comme aux meilleurs temps des premiers congés payés...

**********

Dans l’animation de cette joyeuse soirée, nul n’avait prêté attention à deux sourdes détonations qui avaient retenti dans le lointain brumeux. Pas plus qu’ils n’avaient remarqué le passage d’un train, roulant sans doute au ralenti, pour s’arrêter à quelques huit ou neuf cents mètres de leur camp.

Ils en étaient presque à s’endormir, serrés les uns contre les autres, quand retentit le premier coup de feu, bientôt suivi d’autres, à intervalles irréguliers mais parfois très longs, d’un silence pesant.

Lors d’une interruption un peu plus longue, Marco émit l’hypothèse qu’il s’agissait de braconniers qui tiraient des lapins, qu’ils iraient vendre ensuite au marché noir dans les faubourgs de Lille. _Bien qu’il n’y crût pas, l’explication parut plausible et calma l’inquiétude des filles qui sombrèrent peu après dans le sommeil, cependant que des coups de feu continuaient à résonner dans la campagne, parfois plus éloignés semblait-il, moins espacés, mais toujours irréguliers.

D’où ils étaient, cela ressemblait au tir aux pipes, à la ducasse d’Hellemmes... Enfin, du temps où y avaient des ducasses...

Dans le silence, troublé seulement par ces claquements erratiques, ils avaient perdu la notion du temps, et ils n’auraient pu dire depuis combien de temps cette fusillade durait. Rien que cette fusillade, pas d’autres bruits, qui auraient pu les renseigner.. .Une seule fois, il avait cru percevoir le staccato caractéristique d’un pistolet mitrailleur, mais ce n’était peut-être qu’une impression...

L’horreur étant inimaginable, les garçons avaient fini par se convaincre qu’il devait s’agir de manœuvres de nuit de l’armée allemande. Plusieurs fois, dans un chuchotement, Marco et lui s’étaient demandés s’il ne serait pas plus prudent de plier le camp, et de déguerpir en vitesse ? .., mais l’abri du petit bois leur avait vite semblé plus sûr, et il ne restait qu’à espérer que les déplacements de troupe, s’il y avait, éviteraient la traversée des buissons serrés où ils avaient eu la bonne idée de s’installer...

Quand les coups de feu cessèrent, et qu’un silence glacial s’installa sur la campagne environnante, ils finirent par s’assoupir, sans plus d’inquiétude...

Ils ne pouvaient savoir, ni même pressentir, ou imaginer, qu’à huit cent mètres de là, l’enfer s’était déchaîné. hommes enfants vieillards... arrachés brutalement à leur sommeil paisible, mouraient ou agonisaient sur le ballast de cette voie de chemin de fer, qu’ils avaient eux mêmes traversée quelques heures auparavant... Martyrisés et massacrés par d’autres hommes au regard froid, jeunes comme eux, mais entraînés au meurtre...

Ils ne surent rien de tout cela, et l’aube vint vite, qui les vit s’ébrouer dans la gelée blanche. Ils n’eurent pas le temps de faire chauffer le succédané de café, car un paysan qu’ils n’avaient pas vu venir, les interpella timidement en les priant de déguerpir, propriété privée oblige !

Etait-il au courant des événements de la nuit ? Toujours est-il qu’il était resté prudemment à une vingtaine de mètres, à la vue des trois gaillards, équipés comme militaires en campagne. Après cinq minutes de palabres sur un ton aigre-doux, ils avaient plié les tentes, et sac au dos, avaient quitté le petit bois d’un pas vif.

Ils allaient reprendre la route d’Ascq, quand un groupe de femmes, l’air affolé, qui semblaient en revenir, les en dissuada : Il y avait des allemands partout... il s’était passé des choses.., on ne savait pas bien... mais leur allure et leur tenue les feraient certainement arrêter comme suspects...

Elles-mêmes avaient abordé avec méfiance ces cinq silhouettes sorties du brouillard, et venant d’on ne sait où...

Ils revinrent alors en direction de Forest, puis obliquant à gauche, suivant fossés et sentiers de champs, prirent le chemin du retour. Ils passèrent non loin des bâtiments d’une grande ferme, puis contournant le bois de Montalembert s’engagèrent sur le “chemin vert”. C’était une grande allée, perpendiculaire à la lisière du bois, bordée de peupliers et d’un large fossé, où enfant, il venait pêcher des épinoches, des œufs de grenouille ou de salamandre pour les faire éclore dans des bocaux, qu’il emportait ensuite à l’école Jean Jaurès...

Ils mirent là très longtemps, pour réunir quelques brindilles sèches et allumer un petit feu qui leur permit de se réchauffer d’une boisson chaude d’orge grillée.

C’est à la douane de Fives, qu’ils prirent conscience de la tragédie dont ils avaient été les témoins auditifs, sans jamais en deviner la trame. Des side-cars de la Feldgendarmerie circulaient sur la grand-route, des groupes se formaient dans les encoignures de portes, et les récits du massacre sanglant de la nuit se transmettaient des uns aux autres, toujours plus atroces.

**********

Dans l’état de demi conscience où il se trouvait, il nota que, de manière surprenante, toutes ces images, tous ces souvenirs, se présentaient à lui de manière instantanée, parfois comme en surimpression, comme dans un grand kaléidoscope.

La notion de temps ou de chronologie, était totalement absente de cette représentation mentale.

La lumière du ciel s’était à peine colorée, et il entendit encore le ronronnement assourdi du moteur de la péniche, dans le lointain, en direction de Chalon. Son rêve n’avait donc duré que quelques minutes, voire quelques secondes.

C’était sans doute ainsi, que d’aucuns pouvaient prétendre avoir revu toute leur vie en quelques minutes ? En tout cas c’est de cette manière qu’il se remémora tout ce qui avait découlé pour lui de cette nuit de meurtre insensée :

Plus que la peur rétrospective, c’est une sorte de rage impuissante qui l’avait saisi, mêlée à une sorte de honte, d’être encore là, vivant, après être passé, dans l’inconscience, si près du malheur de ses frères...

Il avait quitté ses amis, sans un adieu et c’est sur le chemin de sa petite chambre du quartier St Sauveur que le changement s’était opéré en lui...

Depuis quatre ans, il avait souvent côtoyé la tragédie et la mort. de l’exode affreux stoppé devant Amiens à leur refoulement sur Dunkerque, dans la débâcle... des exécutions d’otages à la recherche de corps broyés de parents et d’amis sous les décombres de son quartier détruit à Hellemmes, la fuite devant le STO et même le séjour d’un an dans un maquis des Hautes Alpes, la “Chaîne”... il avait vécu tout cela comme à l’abri d’un incontournable écran de jeunesse et de soif de vivre...

Des millions d’êtres humains avaient déjà disparu dans une tourmente dont les dimensions et l’enjeu échappaient à son entendement d’adolescent...

Et voilà qu’il sentait que cette adolescence le quittait, et que sorti de cette chrysalide protectrice, il fallait qu’il devienne partie prenante dans l’immense conflit. Menu grain de sable sans doute, mais après tout, de même densité que chacun des assassins de la nuit, probablement de son âge, et qu’il allait falloir maintenant affronter.

**********

Ce qui avait suivi ne fut que la conséquence de cette prise de conscience soudaine : ...la traversée aventureuse de la France. à nouveau le maquis en Bourgogne du sud... la libération... l’Alsace, la Forêt noire... et la victoire enfin...

Entre temps, la rencontre et l’amour. La paix revenue il s’était établi définitivement au sein de cette Bourgogne rubiconde qui l’avait accueilli au lendemain de sa métamorphose...

Son rêve fini le vieil homme était assis sur le bord du lit, légèrement courbé, les coudes sur les genoux, le regard fixant sans les voir les dessins abstraits inscrits dans la moquette. Il lui fallait généralement une bonne vingtaine de minutes dans cette position, avant de sentir à nouveau la vie reprendre possession de son corps.

Huit heures avaient sonné au clocher de l’Abbaye romane, et le soleil avait émergé, inondant la chambre de sa lumière jaune paille.

Sa "petite copine“, comme il l’appelait, s’était éveillée, elle aussi, sans qu’il s’en aperçoive, et le salua comme à l’accoutumée d’un très doux :

  • “bonjour Papy”,

puis la réponse tardant à venir :

  • Ohé !, Papy ? je suis là... à quoi rêves-tu ?

Encore perdu dans ses pensées, il s’entendit lui répondre d’un ton égal :

  • Bonjour Mamie, je pense toujours à la nuit des Rameaux... et je ne suis jamais retourné à Ascq...
**********

VILLENEUVE d’ASCQ : l’homme était assis dans l’herbe, au sommet d’un petit tertre dominant le lac du Héron, à quelques centaines de mètres de la grande ferme, devenue musée...

Sans la végétation nouvelle, disposée avec art par l’urbaniste, il aurait pu apercevoir, au delà du nouveau quartier de Brigodes, le passage à niveau et le tertre du massacre.

Sur la gauche, il pouvait voir les frondaisons des premiers bois de Forest, où ils avaient campé...

Au sud, au nord, la ville nouvelle s’étendait, immense et tentaculaire, d’où lui parvenait une quantité de bruits, non identifiables.

Là-bas, au delà de la butte de Quicampoix, par-dessus ce qui avait été le chemin vert, l’autoroute canalisait ses milliers de véhicules, dont un léger vent d’ouest lui apportait le bruissement continu, pareil à celui des vagues sur les grandes plages de la mer du Nord.

Tous ces bruits de la vie semblaient vouloir s’opposer au souvenir du silence glacial qui s’était abattu sur la grande plaine vide, cinquante ans auparavant.

Il s’attarda longuement à évoquer ceux qui, injustement, n’avaient pas connu cette aube des Rameaux, mais qui, d’une certaine manière, par leur sacrifice, l’avaient éveillé à sa dignité d’homme, libre.

C’était un matin d’automne, ensoleillé et très doux.

Il sortit de sa poche un petit nécessaire à croquis qui ne le quittait jamais, et se mit à écrire...

Villeneuve d’Ascq - Tournus - mars 94

Recomposé à Tournus - déc.2005 pour Histoire.généalogie.com

Jacques Auguste Colin

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La Nuit des Rameaux
J.A.Colin:Composition sur carte grattage 18x24 par l’auteur- 1975 (copyright)
A VILLENEUVE d’ASCQ, un mémorial entretient le souvenir des innocents sacrifiés sur le talus de la voie de chemin de fer : c’est le “Tertre du Massacre”.

Voir en ligne : Les événements de la Nuit des Rameaux 1944


Sur le Massacre d’Ascq : Les circonstances de ce drame affreux sont bien connues des historiens et des survivants. Elles font l’objet de commémorations régulières, et de nombreux ouvrages leur ont été consacrées. Nous renverrons donc le lecteur à cette nombreuse bibliographie, accessible aisément par Internet. Les détails sont à lire dans : "Ascq, 1er avril 1944" Dr J.M. MOCQ -Edition des Beffrois -Dunkerque - D.L. avril 1984.


[1Les faits tels qu’ils sont connus aujourd’hui : à Ascq, dans la nuit du 1er au 2 avril 1944, des résistants font dérailler le train transportant la 12° division Panzer SS, sans provoquer de victimes. En représailles, les SS investissent la gare et le village et massacrent officiellement 86 civils (dont un adolescent de quinze ans). Ce drame s’inscrit dans la longue liste des exactions nazies commises depuis la fin de l’année 1943.

[2Bien qu’écrit sous la forme littéraire de la "nouvelle", tous les faits et circonstances relatés sont authentiques, notamment la présence sur les lieux des cinq campeurs dont l’auteur.

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13 Messages

  • > La nuit des Rameaux 23 avril 2006 16:05, par salewa

    n’oubliez jamais et transmettez à la générétion suivante qui transmettra à son tour,faites vous aider dans cette tâche immense. Vous n’êtes pas seuls.
    amitiés dans la souffrance qui dure.

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  • > La nuit des Rameaux 24 avril 2006 10:35, par Annie ROCHE

    Née en 1945, mon adolescence fut marquée par le "souvenez-vous", le "n’oubliez jamais"... des films, des livres, de témoignages...mais ça n’est qu’à l’âge "adulte" et aprés Mai 68) que je compris vraiment le sens de ces mots et la place exceptionnelle qu’occuperait, à jamais et dans la nuit des temps, l’épouvantable épisode de cette histoire de l’humanité. Aujourd’hui encore à 60 ans passés, j’ai tjs envie d’en "savoir plus" , d’essayer de comprendre "comment cela a t il pu être"... mais la grande difficulté à laquelle je suis confrontée est celle de "comment transmettre" aux générations suivantes ? Mon fils, qui a près de 30 ans, ne veut pas trop approfondir l’Histoire et celle de la SHOAH...sans doute pour se "protéger" des horreurs dont les humains sont capables...question de maturité, de prise de conscience... peu importe... je continue et tente de "semer" autour de moi les graines de l’humanisme... l’horrible, encore et encore, c’est qu’hélas... les mêmes (ou presque) drames se perpétuent sous d’autres cieux, en même temps que je respire, bien à l’aise, dans le "confort" français ... seule une prise de conscience planétaire peut nous faire espérer qu’un peu partout (et peut être un jour..."absolument partout") nous serons de plus en plus nombreux à dire "plus jamais ça"...plus jamais, nulle part ! Merci pour votre témoignage emprunt de tant de réalisme qu’en vous lisant on en frissonne... je compatis à votre douleur et espère qu’elle s’apaisera un jour...quelle qu’en soit la difficulté ! transmettons...transmettons... n’arrêtons surtout pas ! Amitiés - Annie -

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  • La nuit des Rameaux 30 juillet 2011 02:00, par Gérard ROBETTE-PAPET

    " Les souvenirs sont nos forces , ne laissons jamais s’ effacer les souvenirs mémorables . Quand la nuit essaie de revenir , il faut allumer les grandes dates comme on allume des flambeaux . " VICTOR HUGO le 24 février 1877 en commémoration du 24 février 1848 . Merci J.A.C. Gérard ROBETTE-PAPET

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  • La nuit des Rameaux 30 juillet 2011 08:21, par Gilles BLANZIN

    A l’heure où "la bête immonde" réapparait peu à peu en Europe sous toute ses formes et où nos politiques, de nouveau comme dans les années 1930, ne réagissent que trés mollement (mais cette fois-ci pour des raisons puremet électoralistes !), il est bon de rappeler de tels actes de barbarie à nos anciens, mais aussi de les apprendre à nos jeunes ! car, malheureusement, les différentes "réformes" de l’enseignement de l’histoire dans nos écoles,font que ce dernier ne me parait plus capable d’assumer ce rôle qui est pourtant le sien !
    Etant né en 1958, je n’ai donc pas connu cette époque. Mais étant issu d’une famille de combattants des 2 guerres et de résistants de la dernière, j’ai été élevé dans le culte du "n’oublie jamais et transmets !" je m’y efforce avec mes enfants et les générations qui suivront !
    Enfin, je m’associe à Annie Roche, pour vous remercier pour ce texte trés émouvant et pour vous souhaiter de trouver l’apaisement (bien que je me doute que de tels souvenirs soient impossibles à oublier et d’ailleurs...faut-il les oublier ?)
    Merci
    G.BLANZIN

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  • La nuit des Rameaux 30 juillet 2011 08:23, par Salewa

    Je relis ce récit , nous sommes en 2011 et je vois que j’avais en 2006 écrit un commentaire. Je le trouve toujours d’actualité et je répète mon idée de redire et redire ce que les hommes( peut-on les nommés ainsi) font dans des situations incontrôlables ,pour ne jamais oublier, que nos enfants , nos petits-enfants sachent et n’oublient pas.
    Merci aux historiens de faire ce devoir de mémoire.

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  • La nuit des Rameaux 30 juillet 2011 08:37, par André Vessot

    Merci Jacques Auguste pour cet article que je n’avais encore pas eu l’occasion de lire, écrit avec beaucoup de talent, comme d’habitude. Je comprends tout à fait que ce souvenir obsédant revienne ainsi pour chaque nuit des rameaux. Le devoir de mémoire est essentiel, surtout dans une période où la bête immonde est prête à resurgir, comme en témoigne cette effroyable tuerie d’Oslo. J’espère que votre départ de Tournus s’est bien passé et que vous allez bien ainsi que toute votre famille. Amitiés.

    André VESSOT

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    • La nuit des Rameaux 8 août 2011 19:32, par marie vandenkoornhuyse

      Bonjour,
      Je tombe par hasard sur cet article de la tuerie d’Asq,et je voulais seulement apporter mon modeste témoignage pour vous dire que le 1er avril 1944, j’avais 6 ans et j’habitais à Cysoing.Mes parents, mon frère et moi-même regardions les flammes visibles de nuit du 1er étage de notre maison, et encore aujourd’hui sachant ce qu’il s’est passé,je n’oublierai jamais..................elle hante encore mes nuits
      Villeneuve d’Asq ne me dit rien, mais Asq c’est toute mon enfance............notre tante ANNA habitait face à l’église...Puisse cette monstruosité ne jamais se reproduire.
      J’habite en Normandie, et ici personne ne connait ce massacre.
      Je possède un petit livret édité par "la croix du nord".Si cela peut intéresser quelqu’un, je lui enverrai avec plaisir

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  • La nuit des Rameaux 30 juillet 2011 10:52, par Jean-Paul Billiau

    Ma mère dans ses souvenirs a écrit quelques lignes sur ce massacre ; seulement quelques lignes. Nous en avons parlé souvent à la maison pourtant et ces souvenirs ne pouvaient pas s’écrire autrement que sèchement, comme une dépêche d’agence.
    Je la cite : "Nous gardons un souvenir horrifié du massacre d’Ascq, près de Lille, où la division "Das Reich" tua 86 hommes de 16 à 72 ans. Une de mes copines y a laissé son père et ses 2 frères. Nous y avons laissé un ami, l’abbé Cousin, venu manger avec nous quelques jours avant. Il fut roué de coups à mort. On a dû l’enterrer dans un cercueil d’enfant : tous ses os étaient cassés en plusieurs endroits, poitrine et crâne défoncés..."
    C’est tout. Pas de quoi s’épancher longuement. Après tout, des massacres il y en a eu tant pendant cette guerre à l’agonie, perpétrés par des gamins en uniforme ou des vieux soldats battus. Mais celui-là était dans nos mémoires.

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  • La nuit des Rameaux 30 juillet 2011 16:50, par Rosée Mansuy

    merci à vous tous qui témoignez de ce qu’il ne faut pas oublier ! Croyons que nous, les Orphelins de Guerre, malgré notre âge nous ne pourrons jamais oublier ///Nos Associations nous permettent d’ééchanger car nous continuons à nous montrer très discrets quant à notre peine, quant à nos souvenirs, quant aux difficultés de la vie dans laquelle nous avons essayé d’avancer quand même sans le soutien essentiel d’un père, hélas mort trop tôt ! Il nous a fallu beaucoup de temps pour arriver à parler entre nous de ce qui nous unissait merci de témoigner de votre souvenir envers les Morts ! c’est très réconfortant
    Combien, hélas, de nuit des Rameaux inconnues sans vous qui témoignez ! Merci !

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  • La nuit des Rameaux 31 juillet 2011 11:11

    Encore un crime de guerre sans doute resté impuni, fils de malgre nous alsacien et généalogiste, dans mes recherches côté allemand sur les membres de ma famille ou d’autres, il m’est dificile d’avoir des réponses nettes tellement les pistes ont été brouillées, le mensonge sur ce que moi j’appelle un génocide est toujours de rigueur, on ne peut pas, on ne doit pas oublier ce qu’ils nous ont fait, et a leurs descendants de rapeller ce qu’a cautionné aveuglément tout un peuple

    Répondre à ce message

  • La nuit des Rameaux 27 février 2016 16:31, par Jacqueline Duhem

    Je viens de lire avec intérêt le témoignage "auditif" ici retranscrit sur le massacre d’Ascq d’avril 1944. Je n’avais jamais eu connaissance de la présence d’un groupe des "Auberges de jeunesse"(?) faisant du camping dans les environs d’Ascq. S’agit-il bien des Auberges de jeunesse car celles-ci, à ma connaissance, n’organisent pas des sorties de ce type. Je suis agrégée d’histoire,membre de la Société historique de Villeneuve d’Ascq et auteure d’un ouvrage publié aux "Lumières de Lille" en 2014 : Ascq 1944-un massacre dans le Nord-Une affaire franco-allemande". Je voudrai vous signaler que les SS, qui se trouvaient à bord du train, ne revenaient absolument pas du front de l’est. Ils venaient de la région d’Anvers où ils avaient reçu leur formation militaire. Trois jeunes garçons de 15 ans ont été assassinés et non un seul.

    Répondre à ce message

  • La nuit des Rameaux 11 mai 2018 20:25, par Michelle Schott

    Je ne sais pas quoi dire. J´avais 10 ans em avril 1944.
    Dire " ne pas oublier " n´existe pas. Seulement pour ceux qui ont assisté aux tragédies.
    Je reprend une des frase de Jacques Colin qui, comme l´annonce Thiery Sabot, est malheureusement décédé, car son témoignage est extremement bien écrit.
    Martyrisés et massacrés par d’autres hommes au regard froid, jeunes comme eux, mais entraînés au meurtre...

    Cette frase est totalement actuelle, et il est absolument inutile de dire " pour ne pas oublier "
    Michelle

    Répondre à ce message

  • La nuit des Rameaux 12 mai 2018 00:41, par Ledroit Schall Françoise

    Bonjour Merci de nous retransmettre cet article.
    Je suis Nordiste. Villeneuve d’Ascq pour moi qui suis née en 1950 c’est l’université de Lille. Le massacre d’Ascq j’en avais entendu parler comme celui d’Oradour sur Glane. Ces actes me sont incompréhensibles . Mais la réalité des guerres et du terrorisme de ces dernières années me prouvent que c’est possible. Que les massacres du XXe siècle racontés ou mis en film permettent de ne pas oublier mais n’empêchent pas les hommes de recommencer. Les généalogistes savent bien que de tels évènements émaillent le parcours des générations. Après des évènements horribles on entend "plus jamais ça" mais l’histoire se répète malheureusement : peut on comprendre ce qui incite de jeunes français à participer au djihad ? Merci pour le travail que vous faites. Amitiés Françoise.

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