Je cherchais dans les recensements de la commune d’Assé-le-Boisne dans la Sarthe des informations sur le grand-père paternel de ma grand-mère maternelle, Pierre Louis François Vautier, né dans cette commune le 24 septembre 1859.
Mais les premiers recensements disponibles en ligne pour la commune ne débutent qu’en 1906.
Qu’à cela ne tienne, j’ai donc décidé de regarder, au cas où...
Premier constat, de Pierre Louis François point, en revanche, j’ai trouvé quelque chose d’autre : Anne Vautier et sa fille Maria. Et ce sont les seuls Vautier existant dans cette commune en 1906. Chose étonnante, les Vautier étant arrivés en 1781 à Assé, je pensais qu’il y aurait beaucoup plus de Vautier que cela.
Mais, ayant une Anne Vautier, enregistrée comme "chef de famille", âgée de 68 ans et vivant avec sa fille Maria âgée de 39 ans, je me suis dit que j’allais plier l’affaire en quelques minutes et trouver la filiation de cette apparente fille-mère vivant avec sa fille.
Mais il s’agit de généalogie et pas de mathématiques et les choses se sont avérées plus complexes qu’il n’y paraissait de prime abord.
Acte I - La découverte
Les recensements de la commune d’Assé-le-Boisne pour l’année 1906 nous donnent une seule famille Vautier constituée comme suit :
- Anne Vautier, chef de famille, cultivatrice, âgée de 68 ans et née à la Fresnaye.
- Maria Vautier, sa fille, aide aux cultures, âgée de 39 ans et née à Assé-le-Boisne.
On a donc apparemment une mère célibataire vivant avec sa fille. Allons donc regarder l’acte de naissance de Maria pour en savoir davantage.
Maria ayant 39 ans en 1906, elle a dû naître vers 1867 et effectivement, le 13 juin 1867, je trouve ce que je cherchais, mais pas exactement...
J’ai en effet l’acte de naissance de Maria Anne Antoinette Vautier, fille de Julien Vautier, 36 ans, tisserand et de Marie Anne Chailloux, 29 ans, sans profession, son épouse.
J’apprends aussi dans l’acte qu’ils se sont mariés à la Fresnaye il y a environ 5 ans, commune d’où est native la mère de l’enfant.
La déclaration est faite par deux personnes dites "amis des père et mère", à savoir Julien André Dagron, 35 ans, propriétaire et Pierre Alexandre Pouquet, 31 ans, instituteur. D’ailleurs, l’acte est signé par tout le monde.
Ainsi, le recenseur s’est trompé lorsqu’il a écrit le patronyme d’Anne Vautier, car il aurait dû écrire Anne Chailloux, veuve Vautier...
Donc, première surprise, il ne s’agit pas d’une mère célibataire, mais bien d’une femme mariée et sa fille est "légitime". Comme quoi, en généalogie comme partout, il ne faut se fier aux apparences, mais toujours trouver des preuves !
Acte II - La suite de l’aventure
J’ai donc un couple et une fille, mais ce Julien ne me dit rien !
Allons donc à la Fresnaye pour trouver un acte de mariage Vautier/Chailloux vers 1862.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Je trouve le 28 avril 1862, le mariage de Julien Vautier avec Anne Marie Chailloux.
- Julien Vautier qui signe à son mariage en 1862
- Marie Anne Chailloux qui signe à son mariage en 1862
Cet acte de mariage donne les informations suivantes :
- Julien Vautier, 31 ans, cultivateur, domicilié à Assé-le-Boisne y est né le 12 août 1830 du mariage de Julien Vautier, 66 ans et de Marie Duval, 63 ans, tous deux cultivateurs à Assé.
- Anne Marie Chailloux, 24 ans, sans profession, domiciliée à la Fresnaye y est née le 1er mai 1837 du mariage de Pierre Léonard Chailloux, 58 ans et d’Anne Julienne Alix, décédée le 6 juin 1847.
- un des témoins, Pierre Baumelet est dit beau-frère de l’époux et cousin germain de l’épouse !
Il m’apprend donc deux choses intéressantes :
- je pense avoir trouvé le lien avec mes ascendants car l’arrière-grand-père de Pierre Louis François Vautier, Jean Charles Vautier, a eu plusieurs enfants dont un Julien Vautier, né le 27 septembre 1795. Or, si je n’ai aucune certitude pour le moment, les âges correspondent avec le Julien Vautier père.
- Pierre Baumelet est peut-être le lien qui a permis aux futurs époux de se rencontrer car si la Fresnaye et Assé-le-Boisne sont proches, sa présence à ce mariage indique que leur rencontre n’est pas forcément due au hasard.
Acte III - Retour sur les TD
De retour aux registres d’état-civil de la commune d’Assé-le-Boisne, j’entreprends alors de scruter les tables décennales sur la période allant de 1862 à 1906 pour essayer de comprendre pourquoi la mère et la fille vivent seules.
Pour les naissances, je trouve que deux familles Vautier ont eu des enfants sur cette période :
- la famille de Julien Vautier, époux de Marie Anne Chailloux.
- la famille de René Vautier, époux d’Henriette Mézerette.
Concentrons-nous sur Julien et son épouse. Je trouve :
- Alexandre Jules, né le 8 mai 1864.
- Léopold Eugène Zéphir, né le 9 octobre 1865.
- Maria Anne Antoinette, née le 15 juin 1867.
L’analyse des tables décennales des décès sur la même période, puis le contrôle des actes de décès me donne beaucoup de choses :
- le petit Léopold Eugène Zéphir est décédé le 12 juillet 1866 à 9 mois.
- René Vautier, fils de feus Jean Vautier et Anne Perdereau est décédé à l’âge de 73 ans le 15 octobre 1864. Il était époux de Marie Besnault et les comparants à l’acte sont ses deux neveux Julien Vautier, 34 ans, cultivateur et Cénery Jean Vautier, 41 ans, cultivateur. Or il se trouve être un des fils de l’arrière-grand-père de mon ancêtre Pierre Louis François.
- Julien François Vautier, fils de feus Jean Vautier et Anne Perdereau est décédé à l’âge de74 ans le 26 août 1870. Il était veuf de Marie Duval. C’est la preuve qui me manquait pour établir le cousinage avec Maria Vautier...
- Louis François Vautier, fils de feus Pierre Vautier et Constance Ribot est décédé à l’âge de 56 ans le 26 novembre 1876. Il était époux de Félicité Marie Louise Vannier. Encore un cousin identifié car Pierre Vautier époux de Constance Ribot est mon ancêtre, fils de Jean Charles Vautier et Anne Perdereau.
- René François Vautier, fils de feux Pierre Vautier et Constance Ribot est décédé à l’âge de 67 ans le 5 octobre 1889. Il était époux d’Henriette Jeanne Mézerette. Le déclarant est Georges Vautier, son fils. Voilà donc la trace de ce René Vautier père de plusieurs enfants sur ma période de recherche.
- Julien Vautier, fils de feus Julien Vautier et Marie Duval est décédé à l’âge de 62 ans le 8 février 1893. Il était né le 12 août 1830 et était époux de Marie Anne Chailloux, 54 ans... La boucle est bouclée.
Au-delà de cet étalage assez indigeste de noms et de dates, j’ai eu la satisfaction, en quelques heures de comprendre ce que le recensement de la commune d’Assé indiquait, et surtout d’établir le cousinage qui existe entre ma branche et Maria Vautier.
- Cousins au 6e degré civil...
Acte IV - Retour au recensement
Après avoir établi le lien qui existe entre les deux branches, je suis revenu aux listes nominatives et ai regardé ce qui se passait après 1906.
En 1911, je trouve le même "couple" mère-fille. À cette époque, la mère a 74 ans et sa fille 44 ans.
En 1921 (pas de recensement en 1916 pour les raisons qu’on imagine...) je ne trouve plus personne à l’Echenay, village où les deux femmes vivaient, mais je trouve dans un autre village Alexandre Vautier et sa femme Eugénie Blavette. Le couple vit avec la mère d’Eugénie, Euphrosine Berteau et une domestique. Alexandre Vautier est dit être né en 1864, cela pourrait donc être le second fils de Julien Vautier et Marie Anne Chailloux, mais n’ayant pas retrouvé son mariage d’avec Eugénie Blavette, je n’en suis pas certain à 100%.
En 1926, on retrouve le couple Alexandre Vautier et Eugénie Blavette, seuls, à Echenay, au numéro 6.
Il est donc possible que la mère et la fille (?) soient décédées entre 1911 et 1921.
Acte V - Tous cousins !
Grâce à cette recherche initiale, j’ai pu non seulement trouver une cousine issue de germain de mon ancêtre, mais en remontant le fil j’ai pu identifier d’autres cousins et cousines ainsi qu’une partie de leur descendance.
Quoi qu’il en soit, j’ai aussi découvert que les Vautier se sont établis à Assé-le-Boisne en 1781 après le mariage de Jean Charles Vautier avec Anne Perdereau mais que 140 ans plus tard, seul un descendant y vivait. Et encore, ce dernier n’ayant pas eu d’enfants, il n’y a plus à ce jour de porteur de nom, provenant de cet ancêtre, qui y vit.
Et vous, avez-vous établi des cousinages en procédant de la sorte ?