Voici un acte de baptême fait à Chalonnes-sur-Loire (Maine-et-Loire), paroisse Saint Maurille, en 1745, qui ne laisse guère de doute sur le caractère adultérin de la naissance de l’enfant et la colère du « père ». L’anecdote devient savoureuse quand on découvre le nom du vicaire qui baptisa l’enfant !
quarante et cinq est né et a ete baptisé sous condition
par nous, vicaire et chaplain de cette eglise soussigné
Louis Gille fils De Madeleine flandrin épouse
de jean Desoys Laboureur lequel n a point comparu
au Bapteme Du dit enfant et a meme declaré devant
anne Marchand ve Martin Blouin sage femme
et Devant perrine guesdon femme de jean cour de Roy et
Devant Renée Grosneau fille quil nentendoit
point qu il fust Baptisé dans son nom, a ete
parain Du dit enfant le dit jean cour De Roy laboureur
et Marainne Renée Grosneau fille tous de cette
paroisse fors ladite anne marchand ve Marin
Blouin sage femme qui est de la paroisse de Mose
Dame De ce lieu et onts tous declare ne savoir
signer + guesdon entre Lignes vault.
Source : Chalonnes-sur-Loire, paroisse Saint-Maurille, baptêmes, mariages, sépultures 1740 (16 février )-1749, collection communale, vue 206/363.
Mais une question demeure en suspens : qui est le véritable père de cet enfant, un dénommé Gille ? Mystère...
Note : Qu’est-ce qu’un baptême sous condition ?
En cas de nécessité, accouchement difficile, ou de « péril de mort » de l’enfant, la matrone ou sage-femme (ou toute autre personne présente) lors de la délivrance peut remplacer le prêtre et procéder à un ondoiement « sous condition » que l’enfant donne des signes de vie, c’est-à-dire un « baptême de nécessité » (un « petit baptême » comme on dit parfois). Le rite de cette conduite de précaution est simple car la personne qui procède à l’ondoiement se contente de faire le signe de croix sur le corps du nouveau-né, éventuellement elle verse de l’eau sur la tête ou toute autre partie du corps de l’enfant, puis elle récite les paroles consacrées : « Si tu es vivant, je te baptise, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». Même s’il a pleine valeur de sacrement, cet ondoiement laisse toujours planer quelque doute et il est souvent considéré comme insuffisant. « Aussi, convient-il, si l’enfant survit, de le conduire sans tarder à l’église, parfois non sans imprudence, afin que le curé, sans revenir sur le baptême proprement dit, supplée les cérémonies en présence du parrain et de la marraine qui, alors seulement, donneront son prénom à l’enfant » (François Lebrun, La vie conjugale sous l’Ancien Régime, Paris, Armand Colin, 1993).