Né le 17 juillet 1788 à Jonzieux (Loire), paroisse qui jouxte Marlhes où vivent ses parents. Fils posthume de François et d’Antoinette Diosson (ou Guiosson, selon les actes). Son père vient de mourir le 11 mai 1788.
Il se marie avec Benoîte Peyronnet qui habite Fraisses, près de Firminy, dans la Loire.
Première énigme : ce mariage reste introuvable, alors que tous les actes d’état civil du frère et de la sœur de Benoîte (prénommée de même) figurent dans cette commune.
Par les tables de succession, je relève l’existence d’un contrat de mariage, suite au testament de Benoîte Peyronnet, femme Courbon, décédée le 4 février 1821 à Unieux où vivait le couple et ses enfants. Unieux jouxte Fraisses et Firminy.
Ce contrat aurait été établi le 8 mai 1806 chez Maître Delaroa à Firminy.
Super, me dis-je alors, après tant de mois de vaines recherches dans toutes les communes du 42 et du 43 limitrophe, je vais enfin savoir. Las ! Sur le registre consulté aux archives départementales de Saint-Etienne , deux ou trois feuillets ont été « cuterisés » !!! Le contrat n’est plus !
Mais bon, j’ai une fourchette, entre 1806 et la première naissance constatée en septembre 1812. Et je me dis que la date de 1806 est bizarre : Benoîte est âgée de 20 ans mais Jean Courbon de 18 seulement, pourquoi pas ? Par contre, il n’y a absolument aucune naissance entre 1806 et 1812 !
Sur le registre de Fraisses, il semble cependant manquer des feuillets en 1810, deux mariages seulement alors que j’en vois déjà au moins quatre sur un relevé d’association. Les feuillets ne sont pas numérotés, donc on ne peut pas avoir une idée de ce qu’il manque. Les mariages de 1810 imposés aux chefs-lieux, épluchés, ne livrent rien non plus.
Après avoir exercé la profession de cloutier, très répandue dans ce secteur, Jean reprend celle de cultivateur, comme l’étaient ses ancêtres.
Le 30 juin 1811, Jean Courbon est témoin à Fraisses au mariage du frère de sa femme. Donc ils sont déjà bien mariés à cette date.
Première naissance, un fils :
Jacques, en septembre 1812 à Unieux, lieu de la Croix de Besson, dit aussi lieu du Pin, est suivie de celle de : Jeanne-Marie en juillet 1815, à Unieux, lieu de Marlet.
Puis mon ancêtre Antoinette, en juillet 1817, toujours à Unieux mais au lieu d’Echandon.
En mars 1820, un autre fils, André, qui meurt le 22 mars. Même lieu d’Echandon.
Puis, le 4 février 1821, Benoîte Peyronnet décède. Même lieu d’Echandon à Unieux.
Jean Courbon se remarie alors dès le mois de juin avec Catherine Pichon, d’une famille implantée à Fraisses. Pas de contrat. Ils auront deux enfants :
François, né en AOUT 1821 (!) donc conçu trois mois avant le décès de Benoîte. De deux choses l’une, ou il est adultérin, ou il n’est pas de Jean.
Une fille, prénommée également Antoinette, naît en septembre 1822 à Unieux, lieu d’Echandon.
Et puis, plus aucune naissance, nulle part. Et plus de Jean Courbon.
Le premier mariage des enfants est celui de cette seconde Antoinette, en juin 1839. Elle n’a pas encore 17 ans. Elle vit avec sa mère au lieu de la Côte-Thiollière, à Saint-Jean-Bonnefonds dans la Loire, où elles sont passementières. La mention « père présumé mort à raison de son absence depuis de nombreuses années » est portée sur l’acte de mariage. Pas de contrat.
Donc, déjà, il a « disparu » dans la fouchette 1822-1830...
Ensuite, l’acte de mariage de Jacques, l’aîné, en février 1840 à Saint-Etienne (Loire) où il est domestique, indique : « père présumé mort d’après les affirmations du déclarant et des témoins ». Pas de contrat.
Puis, au mariage de mon ancêtre Antoinette, le 30 juillet 1840 à Saint-Etienne où elle est ourdisseuse, son père est simplement noté « défunt ». Pas de contrat.
François se marie en juin 1847 à Saint-Etienne, le père est dit « feu ». Pas de contrat.
Jeanne-Marie se marie en novembre 1845 à Bonson (Loire). Elle habite « depuis environ dix ans » à Saint-Rambert (Loire) donc depuis 1835. Le père est dit « décédé à Feurs » depuis plus de 20 ans » (donc avant 1825, ce qui correspond à une fourchette 1822-1825). Pas de contrat.
Bien entendu, rien à Feurs ni dans les communes alentour.
Entre temps, Catherine Pichon, la seconde épouse de Jean, meurt à Fraisses (retournée près des siens) en 1842. Elle est dite « veuve de Jean Courbon ».
Je pensais alors qu’entre 1839 (présumé), 1840 (défunt) et 1842 (veuve), je trouverais peut-être la retranscription de ce décès survenu hors de sa commune, mais rien de rien.
Alors j’ai recherché tous les décès d’inconnus susceptibles de correspondre, mais les âges, même approximatifs, ne s’en rapprochent pas.
Dans la région de Feurs, et particulièrement Montrond-les-Bains, j’ai relevé plusieurs décès de « maraires » venus d’ailleurs (Loire, Haute-Loire... Suisse !) certains identifiés, d’autres non, dans la fourchette 1822-1840. Et l’un d’eux, habitant Unieux comme Jean Courbon, a été retrouvé à Montrond suite aux recherches de sa famille en 1832. Son acte de décès a été retranscrit dans sa commune.
J’en ai profité pour relever tous les actes de décès, d’inconnus ou non, de ces hommes en migration apparente, et j’ai établi un tableau que je mets à jour à chaque nouvelle « trouvaille » et que je transmets à Thierry Sabot pour les départements 42 et 43.
Le seul acte de décès concernant un Jean Courbon est du 14 décembre 1828 à Saint-Just-sur-Loire (qui fusionnera avec Saint-Rambert). Mais rien ne prouve qu’il s’agit de lui, il n’y a aucune mention particulière et son âge donné, 50 ans, le vieillit de dix ans.
Cependant, il faut savoir que toutes ces communes se rejoignaient au fil de la Loire, fleuve qui les relie de Firminy à Feurs par Saint-Just-Saint-Rambert...
Or, présentons un peu la mère de Jean Courbon :
Antoinette Diosson est donc veuve à la naissance de cet enfant unique, en 1788. En janvier 1795 un contrat de mariage est établi avec Denis Coulard, à Marlhes. Mais suite à un « détail » l’affaire tombe à l’eau.
Elle attendra alors avril 1806 pour se remarier avec Jacques Coutta, de Marlhes. Veuve une seconde fois en septembre 1813, elle rejoint le domicile des époux Courbon à Unieux, Echandon, domicile mentionné lors de son troisième mariage en octobre 1817 avec Pierre Rebaud de Saint-Just-sur-Loire, lieu de la Bourlière (Même commune que celle de l’acte de décès potentiel de Jean, lui au lieu de Chazelans).
Elle décède en novembre 1824 à Saint-Just-sur-Loire, la Bourlière, domicile de son mari.
Il est frappant de remarquer que cette mère a suivi son fils tout au long de son parcours, comme pour le protéger. Il n’y a rien la concernant sur les tables de succession, ni rien sur un Jean Courbon.
Énigme, énigme ! J’ai déjà connu ce genre de recherche acharnée, durant de longs mois, avec Louis Gérentes, dont j’ai déjà retranscris les péripéties qui ont fait l’objet d’un article sur ce site. Mais enfin, j’ai trouvé ! C’était pourtant incroyable et bien improbable ! Sauf que pour Jean Courbon, aucun moteur de recherche ne m’aiguille.
J’en déduis que, de deux choses l’une :
- Il est décédé inconnu, non identifié, sans livret ouvrier comme c’était pourtant obligatoire.
- l’acte de Saint-Just-sur-Loire est-il le sien ? Il existe bien une famille Courbon, sans aucun lien de parenté, à cette période et en ce lieu, mais il n’y a qu’un père et ses deux fils, et rien ne correspond.
J’ai consulté le « Bulletin des lois du royaume de France » l’ancêtre de notre Journal Officiel, où les disparitions, assez nombreuses, figuraient avec les avis de recherche. Rien.
Voilà, j’ai limité à l’essentiel les données entourant ce mystère, la chronique entière consacrée à cette branche contenant une trentaine de pages.
Qui pourra m’aider à retrouver Jean Courbon ou me mettre sur une piste ?
Merci à tous...