La télévision et la généalogie apportent parfois des solutions à des recherches restées sans réponse pendant des décennies…
Un samedi lors d’une présentation d’un reportage animé par une journaliste de TF1, une jeune femme est attirée par le sujet. En effet, le sujet évoque le cas de personnes recherchant leurs origines après un abandon.
La Maman de la téléspectatrice recherche ses origines depuis 83 ans, possédant juste le lieu de naissance, le nom et le prénom de sa mère.
Nous l’appellerons Marguerite. Elle est née à l’hôpital Port Royal Paris 14e, et a été abandonnée dès son 3e jour de vie par sa mère que je nommerai Ginette.
Puis elle a été placée et emmenée en famille d’accueil très rapidement, en Bourgogne. Elle avait pour tout bagage :
- son carnet d’identification des Pupilles du Département de la Seine « Service des Enfants Assistés » ;
- au cou, le petit collier d’olives en os montées sur une ganse de soie et fermé par une médaille représentant Marianne, et au dos le n° de matricule de l’Assistance Publique de Paris ainsi que le département de la Seine. Tous les petits assistés le possédaient ! (voir un exemple de collier sur le site des AD de l’Aisne).
Elle espérait toujours qu’un jour cette mère inconnue viendrait la chercher… Puis, les années ont passé et personne n’est venu.
Marguerite n’était pas malheureuse, placée chez ce couple avec d’autres petits enfants de l’Assistance Publique de Paris, mais il y avait un grand vide et toujours des questions sans réponse. Pourquoi suis-je là ?
Tout en vaquant à ses occupations, la fille de Marguerite regarde ce reportage où la journaliste interview une personne qui donne des conseils pour faire les recherches.
Elle se met à les exécuter immédiatement, se disant : je cite « je vais tenter pour Maman ».
Le but était de se rendre sur Généanet, le site de généalogie bien connu, pour découvrir un nom, une famille, qui pourrait y figurer. On ne sait jamais.
Il se trouvait qu’une femme en Région Parisienne, Alexandrine, avait fait l’arbre généalogique de son époux Aimé, en donnant comme il se doit des éléments de famille. De plus, depuis peu, il était possible de personnaliser la personne citée dans l’arbre par une photo et, c’est ce que venait de faire Alexandrine trouvant que la mère de son mari, âgée de 95 ans, était une « belle grand-mère ».
Après avoir pianoté sur son ordinateur avec émotion, la fille de Marguerite tombe selon le peu de renseignements en sa possession, sur cette femme présentée : Ginette. C’est le choc !!!
Elle appelle son époux qui confirme la ressemblance flagrante avec le visage de sa mère. Trouvant le moyen de communiquer avec la personne qui a mis en ligne cette famille, elle écrit, demandant un contact.
Alexandrine et son époux ne comprennent rien à cette demande. Ils sont réticents, pensant que c’est une erreur et sont sceptiques envers ce contact.
Après quelques échanges entre Alexandrine et la fille de Marguerite, documents, courriels, etc... La vérité tombe. Marguerite serait la sœur d’Aimé. Elle, âgée de 83 ans et lui, de 82 ans. Quinze mois les séparent…
Les contacts s’accélèrent d’une région à l’autre avec une émotion immense. Le secret de Ginette est dévoilé 83 ans après. Aucun signe ne laissait pressentir à Aimé cette sœur laissée au bord du chemin en 1931 à Paris.
Le frère et son épouse, invités par cette sœur inconnue et toute sa famille, se décident à aller à leur rencontre. Cette sœur découverte est le portrait de sa mère : la stature, la position des mains et, même des rictus naturels. Étonnant !
Toutes et tous sont sans dessus dessous. Cette réunion de famille imprévue est tellement chaleureuse avec beaucoup d’émotions de part et d’autre. C’est un bouleversement dans les vies de Marguerite et d’Aimé…
Les échanges vont bon train.
Cette recherche est le beau témoignage d’amour d’une fille envers sa mère !!!
Depuis, la famille est souvent réunie, les discussions sont animées, il y a tant de choses à découvrir pour Marguerite et sa famille : les photos de famille et surtout une grande partie de la vie de la mère de cette fille et de ce frère. Sans oublier la découverte de la vie de Marguerite par son petit frère Aimé.
Le secret de cet abandon reste mystérieux et malheureusement sans solution. Qui est son père ? Pourquoi ? Leur Maman est décédée en 1997. La découverte est arrivée trop tard.
Il faut souligner que malgré son début de vie difficile cette petite Marguerite a réussi à faire sa vie avec un mariage et quatre enfants. Elle vit une retraite heureuse avec son époux et ses enfants, petits enfants et arrières petits enfants. Beau pied de nez à sa destinée.
Si vous cherchez vos origines, ne perdez pas patience, persistez ! La solution se trouve des fois là où on ne s’y attend pas.
Depuis environ 1817, époque de la restauration, chaque petit assisté de l’Assistance publique de Paris portait un collier comme décrit plus haut jusqu’à l’âge de 6 ans. A cet âge, la rupture du collier donne toujours lieu à la rédaction d’un procès-verbal. Si le collier met la vie de l’enfant en danger c’est le médecin qui le sectionne. Si l’enfant meurt avant 6 ans, c’est le Maire qui est chargé de le sectionner après constatation d’un médecin. Le Maire avait la mission d’adresser le collier à l’Inspecteur de l’Assistance Publique. L’Assistance Publique envoyait ses petits assistés à la campagne pour leur survie, afin de les sortir souvent de la misère assurée.
Il a été constaté que dans 70 à 85% des cas, les enfants placés dans les provinces, resteront dans les régions et même dans le village où ils ont vécu.
Ils fonderont une famille comme pour ne pas oublier leur enfance particulière.
Ils seront souvent nommés dans les provinces : les Pitauds, les Assistés, les Ptits-Paris, ou les Champis, par les habitants des villages. Pour l’école, les enfants étaient vêtus en principe d’une blouse à petits carreaux, sorte d’uniforme, tout cela était mal vécu par ses petits enfants. Beaucoup de souffrance...
Sources : histoire familiale réelle, les prénoms ont été changés.