29 septembre 1914
« nous sommes déjà équipé cent hommes par compagnie habillé tout à neuf »
Aujourd’hui c’est son tour. Il a vu partir presque tous les hommes du village plus jeunes que lui. Son ordre de route en main, il se présente à la gare. Le chef de gare est mobilisé, c’est une « chefesse » qui lui délivre son billet.
Gaspard n’a pas eu à marcher longtemps, le « tacot » est à sa porte. Il va le mener au Mayet et de là il gagnera Roanne.
Bien sûr sa femme Claudia et Célina sa fille, l’ont accompagné. Des voisins, des amis sont là aussi.
Les premières nouvelles du front ont calmé les enthousiasmes du mois dernier. Dernières embrassades, larme à l’œil.
- La gare de Lavoine
- Collection J. M
Arrivé à Roanne, Gaspard n’a pas eu à chercher pour se rendre à la caserne, depuis qu’il y a effectué son service, il connaît le chemin. Aujourd’hui, il doit à son âge d’être incorporé dans la « territoriale », ce qui, en principe, le tiendra à l’écart du front..
L’accueil n’est pas des plus chaleureux et confortables, faute de place dans les chambrées, une écurie l’attend. Il va y écrire sa première lettre.
Toutefois du côté du fourrier, l’intendance a suivi, il reçoit un premier équipement.
Hélas, l’uniforme n’a guère changé depuis 1870. Même si le képi rouge est désormais masqué, le pantalon garance reste de mise et l’ennemi derrière sa mitrailleuse pourra ajuster son tir plus aisément.
La sobre tenue bleu horizon et les bandes molletières ne seront fournis que l’année prochaine.
Chez les « pépères [1] » une rumeur circule, demain départ pour Lyon : au calme ? Surveillance des voies ? . . . à moins qu’un contre-ordre.
- Fantassin français de 1914
Uniforme du fantassin français de 1914 avec le képi recouvert de toile [2] |
En effet, des ordres préparatoires à une contre-offensive avaient été donnés :
« Le 25 septembre, le Régiment apprend son prochain départ et l’ordre de se transformer en régiment de campagne. » Chtimiste.
Roanne le 29 7bre (septembre) 1914
Chère femme et fille,
Je m’empresse a t’écrire ces quelques lignes pour te dire que suis arrivé a Roanne en bonne santé nous sommes arrivés a six heures du soir [. . . ] figure toi qu’il a fallu coucher sur une botte de paille dans une écurie de cheval nous étions sept [. . . ] nous ne sommes pas été trop mal car il n’y a pas de changement au cantonnement nous couchons sur un peu de paille et c’est tout il faut bien que l’on s’habitue à la misère [. . . ]
nous sommes déjà équipé cent hommes par compagnie habillé tout à neuf pour être dirigé sur Lyon nous devons partir demain ou après-demain je ne suis que tout seul des environs Émile Paput* je ne l’ai plu revu [. . . ] il devait partir pour St Étienne comme tailleur.
Il y a que Antoine Blettery** qui a eu la chance de rester à Roanne nous sommes à la même compagnie [. . . ] et nous font bande ensemble [. . . ] tu diras a sa femme qu’il lui envoie bien le bonjour demain il lui écrira
Enfin ne vous faites pas de mauvais sang soiniez vous du mieux que vous pourrez.
écrit moi de suite et donne moi l’adresse du Mitron*** je pourrai peut-être le voir quand je serai à Lyon
Tu donneras bien le bonjour aux Parents et amis. [. . . ]
* Emile Paput. Claude Emile Paput, Classe 1893, Tailleur à Ferrières. ** Antoine Blettery. Antoine Blettery, classe 1894. Cultivateur à Lavoine. *** le Mitron surnom de son cousin et ami, le boulanger de Lavoine, Antoine Lagnieu. Classe 1898. |
voici mon adresse : Morel Gaspard soldat au 104e régiment territorial, 13e Compagnie 3e section, Caserne Werlé à Roanne, Loire, sans affranchir
3 octobre 1914
« je suis pressé je suis nommé pour la patrouille ce soir »
Huit jours plus tard, 3 octobre, Gaspard est toujours à Roanne. La vie de caserne a repris marquée par la discipline intransigeante : « Garde à vous ! » « Oui mon adjudant. » « Mes respects mon lieutenant. »
Corvées, revues de paquetage ou d’armement, gardes, patrouilles, marches au pas, exercices de tir ou combats se succèdent. Gaspard se soumet sans broncher : c’est pour le pays.
La machine guerrière tourne à vide. La baïonnette au canon n’éventre encore que des sacs de sable, mais l’ombre de la vraie guerre approche.
Information apaisante, le départ imminent pour Lyon est toujours d’actualité.
La séparation provoque les premières manifestations d’impatience dans l’attente du courrier.
Le maintien de la mobilisation de deux proches va être réexaminé par la commission de réforme.
Roanne le 3 octobre 1914
Je me demande commant tu retarde tant à me faire réponse.
êtes vous malade l’une ou l’autre ou si c’est que vous m’auriez oublié je suppose que non.
Je te dirai que je suis toujours à Roanne l’on attend tous les jours de partir pour Lyon [. . . ] nous nous faisons pas de bile au contraire car nous serons aussi bien à Lyon qu’à Roanne
j’ai rencontré mon beau-frère* de Payriasse il doit passer le conseil de réforme lundi ainsi que Blettery **
Enfin tâche donc de me donner de vos nouvelles [. . . ] je suis pressé je suis nommé pour la patrouille ce soir [. . . ]
* mon beau-frère de Payriasse. Village Périasse. Claudius Barret, époux de sa sœur Claudine, il sera définitivement réformé le 5 octobre 1914. ** Antoine Blettery, Classe 1894, cultivateur à Lavoine, temporairement réformé le 5 octobre 1914. |
7 octobre 1914
« il paraît que nous partons demain mais nous ne savons pas ou ».
Les lettres suivantes portent les premières demandes d’argent. Précautionneusement, les différentes modalités d’envoi vont être testées : mandat ou petit billet glissé frauduleusement dans une lettre recommandée, voire dans un courrier ordinaire.
Le conseil de gestion domestique alterne avec un trait d’humour bidasse.
La date de départ approche mais la destination n’est plus précisée et les précoces mauvaises nouvelles se propagent vite.
Roanne le 7 octobre 1914
Je suis été très content de recevoir de vos nouvelles votre lettre je l’ai reçu mardi et ta carte chère fille je l’ai reçu le soir.
Chère femme tu me demandes si j’ai acheté des caleçons des flanelles etc, j’ai tout ce qu’il me faut sois tranquille à ce sujet [. . . ]
Tu as du voir Blettery* il t’a sûrement donné de mes nouvelles [. . . ]
aujourd’hui on n’a finit de nous équiper il paraît que nous partons demain mais nous ne savons pas ou.
Soyez tranquille toute les deux je ne suis pas malheureux [. . . ]
Tu me demande conseil au sujet du cochon [. . . ] d’ici quelques temps les cochons ne vaudront que 30 à 35 fr le quintal à mon avis tu ferais bien mieux d’acheter du lard pour le moment et conserver ton argent car il est impossible de savoir ce que cette guerre va durer, il ne faut pas te fier aux journaux à ce qu’ils disent il nous faut du temps et de la patience pour vaincre ces alboches [. . . ]
Tu me demandes s’il faut m’envoyer de l’argent [. . . ] comme nous partons envoie moi donc ce que tu voudras et surtout conserve pour vous deux
moi je suis nourris tu m’enverras un mandat avec une lettre recommandée pour cela il faudra que tu ailles à Laprugne ou à Ferrières ne donne pas ton argent au facteur soi prudente
Et toi m’a chère Célina je te remercie de ta carte et puisque cela ne vous coute rien** écrivez moi plus souvent
Vous devez avoir su la mort de celui de chez Cabottin*** et du Simon Gournio**** de la Moussière
En même temp veuillez me dire les nouvelles de mes frères [. . . ]
Un petit mot pour rire [. . . ] nous bardons fort car nous voyons arrivé le Colonel hiver et le Général Famine.
[. . . ] Morel Gaspard soldat au 104e régiment territorial 13e Compagnie Roanne
* Blettery. Antoine Blettery, classe 1894, cultivateur à Lavoine, récemment réformé. ** coute rien : le courrier bénéficie de la franchise militaire. *** celui de chez Cabotin. Bonnet Barraud Mort pour la France le 21 septembre 1914. Chez Cabotin, village de La Guillermie. **** Gournio. Simon Basmaison né au village Gourniaud de Lachaux. Habitant de La Moussière à Ferrières. Mort pour la France le 26 août 1914. |
La destination n’est plus maintenant Lyon mais Paris. Belle opportunité pour découvrir la capitale ?
Roanne le 8 octobre 1914[. . . ]
Je m’empresse de t’envoyer un mot pour te dire que nous partons demain vendredi a 9 heures pour Paris [. . . ] envois moi un peu d’argent je le toucherai qu’a Paris.
Je suis très content d’aller voir Paris et surtout recommande m’a lettre sitot que je serai arrivé je t’écrirai [. ..]
10 octobre...La perspective d’un plaisant déplacement touristique est vite effacée !
- Carte postée le 10 octobre à Noisy le Sec
Chère femme et fille,
Arrivé à Paris, dirigé sur Noisy le Sec près de Paris après 26 heures de chemin de fer et d’ici nous sommes dirigés ailleurs. Arrivé en bon port et bonne santé. Je vous embrasse bien fort. Ce jourd’hui 10 octobre
- Arrivée à Ferrières le 28 octobre
L’historique du 104e RIT, sur le site du Chtimiste raconte :
« L’embarquement du Régiment eut lieu le 7 octobre dans quatre trains spéciaux dirigés d’abord sur Noisy-le-Sec puis de là sur Epernay. Ils arrivèrent dans la journée du 9. Le canon tonnait sans interruption du côté de Reims. Le Régiment après s’être reformé et après avoir procédé au déchargement de tout son matériel roulant, se mit en route vers le Nord-est. »
- Extrait d’une carte des opérations militaires du 28 septembre 1914
("L’Illustration" du 3 octobre 1914)
« Le 11 on se rapproche de Reims
Des crêtes qui dominent ces localités, le spectacle était saisissant : le jour on voyait les éclatements s’abattre sur la malheureuse cité de Reims, la nuit le ciel était en feu ! »
« A dater d’aujourd’hui 14 octobre, une compagnie du régiment ira cantonner à T(r)inqueux, sud-ouest de Reims. » J.M.O. 104 R.I.T.
- La cathédrale martyre
- (Collection JM)
15 octobre 1914
« si tu voyais la cathédrale de Rims il en reste plus que la carcasse »
Son régiment ayant été transformé en régiment de campagne, Gaspard se trouve plongé sans délai au cœur de la bataille de la Marne. Il découvre le désastre de la prise de Reims par les Allemands et la destruction de la cathédrale. Épisode calamiteux que la presse française dénonce à longueur de colonnes.
- La cathédrale de Reims incendiée
- Carte de propagande Allemande
(collection JM)
S’il n’est pas encore au feu, Gaspard n’en est pas loin. L’intense et continue canonnade n’engendre pas chez lui la peur, mais l’évocation d’une promenade, sans doute heureuse mais troublée par le tonnerre.
Retard du courrier, premières privations, poids du paquetage, les conditions de vie se dégradent. Gaspard rassure : il se porte bien.
En Champagne le 15 octobre 1914
Chère femme,
Depuis la carte de Célina je n’ai plus reçu de vos nouvelles, je ne comprends pas ce que tu pense cette fois je suis impatienté [. . . ] pour moi je me porte bien et je désire que vous en soyez de même [. . . ]
il m’est impossible de te dire ou je suis mais tu dois le comprendre ne crains rien je n’ai pas encore été au feu
Sur ta prochaine lettre tu me diras si tu m’as envoyé de l’argent [. . . ]
j’ai changé de compagnie je suis tout seul du pays j’ai vu Barraud Mathieu* du petit Louis [. . . ] ainsi que Olier** de chez Robin il y a aussi Pérard***
je n’ai aucune nouvelles de mes frères tâche donc de m’en dire des nouvelles s’ils ont été blessés ou morts
Tu te rappelle le jour que nous étions au Montoncel**** que l’orage nous a surpris eh bien c’est le même seulement sans discontinuer nuit et jour cela me fait pas plus que si j’étai a coté de toi car il faut que ce vilain peuple soit sorti de France si tu voyais la cathédrale de Rims il en reste plus que la carcasse heureusement qu’ils en sont sortis depuis deux trois jours il faut espérer qu’il y en auras pas pour longtemp
Nous n’avons pas encore eu froid en arrivant dans le patelain ce qui nous a manqué c’est le vin et le tabac le tabac vaut 1,25 F le paquet et le vin vaut 0,75 F mais il est très rare j’en ait bu que trois quarts depuis que j’y suis.
Enfin pourvu que vous ne soyez pas malades c’est tout ce qu’il faut pour moi je me porte très bien il y a que la charge que je crains je trouve le sac très lourd raconte moi donc les nouveaux du pays [. . . ] Morel Gaspard soldat au 104e régiment territorial 2e Compagnie de dépôt Roanne
* Barraud Mathieu. Classe 1898. Cultivateur à Lavoine. ** Olier de chez Robin. Robin, village de La Guillermie. Gilbert Ollier, domestique. Classe 1896. Rappelé mobilisé le 3 août 1914 au 104è RIT. *** Pérard. Claude Camille Pérard. Classe 1895. Maréchal-ferrant à Lavoine. **** Le Puy de Montoncel, 1287 mètres d’altitude. Aux confins des départements de la Loire, du Puy-de-Dôme et de l’Allier. |
- Le sommet du Montoncel
- Archives départementales de l’Allier
(notez l’erreur sur le nom du sommet !)
18 octobre 1914
En constants déplacements, son unité, 1er Bataillon 2e Compagnie, s’approche du front. Gaspard reste rassurant, mais est toujours préoccupé par le mauvais acheminement du courrier.
[. . . ] Je profite d’un tout petit moment pour vous envoyer quelques mots. Depuis la dernière lettre que j’ai écrit nous avons changé deux fois d’endroit toujour en bonne santé et je désire que vous en soyez de même je suis très content de recevoir votre lettre qui a mis 11 jours pour venir [. . . ] Je vous ait cependant envoyé autre deux lettres et une carte et je ne reçois pas de réponse tâche donc de m’écrire de suite à l’adresse ci-dessous :
Morel Gaspard soldat au 104e régiment territorial 1er Bataillon 2e Compagnie 101e Brigade 5e armée Bureau central Militaire Paris ;
comme ça tes lettres viendront plus vites [. . . ] je suis en bonne santé et ne porté pas peine de moi.
Votre chéri qui vous embrasse bien fort et au revoir le plus tot possible.
« Jusqu’au 8 novembre, les compagnies changent assez fréquemment d’emplacement et sont employées à des services très divers. Une compagnie de travailleurs est d’abord mise à la disposition de la 101e brigade à Tinqueux (sic). Un bataillon est ensuite détaché à Chalons-sur-Vesle pour la réfection des routes en arrière du 3e corps d’Armée (Général HACHE). Petit à petit, les unités se rapprochent de la ligne. Pendant la période du 24 octobre au 8 novembre, les bataillons vont occuper successivement, les tranchées de deuxième ligne à Saint-Thierry . » Chtimiste. |
« A St Thierry, le 1er bataillon est chargé de l’occupation des tranchées de 2è ligne. » J.M.O. 104e R.I.T.
Cette fois Gaspard est au front. Il découvre la situation précaire et dangereuse des tranchées.
Sans se plaindre sur son sort, la censure veille, il s’inquiète de la vie au village et des ressources à la maison.
Le 25 octobre 1914
[. . . ] Pour quand a moi je me porte toujour bien et je désire que vous en soyez de même.
J’ai reçu le mandat mais je ne sais encore pas quand je toucherai l’argent , il ne me fait pas faute pour le moment car l’on ne trouve rien à acheter et comme nourriture c’est tout juste car nous ne pouvons pas faire de feu sur la ligne nous sommes dans les tranchées et le moindre mouvement les balles sifflent nuit et jour il faut être sur le qui-vive mais l’on ne se fait pas de bile pour cela soyez tranquilles vous aussi [. . . ] nous n’avons pas encore trop souffert du froid il y a que le brouillard qui nous gêne.
Sur votre réponse tu me donnera l’adresse du Bouru* et tu me diras ceux qui sont partis enfin renseigne moi sur les nouveaux du pays comment va le grand de sur l’eau** mais frères en particuliers et si tu a du bois si tu a a te suffire ta demande*** est-elle accordée [. . . ] fait tu toujours marcher l’auberge tout cela tu ne me l’a encore pas dit.
Pour quand à moi j’aurais bien des choses a vous raconter que je ne peux pas mettre sur ce papier [. . . ]
Voici l’adresse qu’il faudrat toujour mettre :
Morel Gaspard soldat au 104e régiment territorial, 1er Bataillon 2e Compagnie 3e section, dépôt de Roanne, en campagne, a suivre
* Le Bouru. Surnom attribué à ? ** Le grand de sur l’eau. « de sur l’eau » : lire « de sur l’or ». Claude Mondière. Cultivateur de Lavoine. Classe 1907. Mobilisé au 6e Régiment d’Infanterie Coloniale. *** ta demande. Allocation aux familles des mobilisés. |
Le tragique décompte des proches morts pour la France commence. La quête des nouvelles des amis et parents alterne avec une évocation joyeuse et l’espoir de renouveler un moment convivial heureux. Malgré le maintien en situation précaire, le propos sur son sort se veut rassurant.
Le 26 octobre 1914
[. . . ] je ne suis pas surpris d’apprendre la mort de Blettery* car il y en auras bien d’autres malheureusement. Tu ne croirai jamais combien je suis heureux quand je reçois vos lettres [. . . ] écrivez moi vous deux plus souvent car vous avez mieux le temps que moi.
tu me donneras des nouvelles du petit Chaton** et si tu as fait l’accord avec la voisine, tu ne m’a jamais parlé non plus de nos amis les gros-dode** si Jean Basmaison*** est parti [. . . ]
Enfin je termine en attendant l’heureux jour ou nous pourrons casser la patte à un bon poulet et manger une bonne soupe au choux ainsi qu’une bonne salade qui été si jolie ou de ce bon cresson qui était si bon.
Et toi m’a petite Célina je te commande de me fabriquée une blague (à tabac) quand tu auras le temp pour mon retour, hier je m’en suis fait une avec un vieux morceau de chiffon car nous avons toucher chacun 20 grammes de tabac et nous étions heureux.
l’argent nous fait pas faute pour le moment car nous trouvons rien à acheter, ni vin ni pain, il y a que de l’eau et qui n’est pas trop bonne, cela n’empêche pas que je me porte très bien car je mange bien je me débrouille toujours.
Enfin ce que je vous recommande c’est de vous nourrire du mieux que vous pourrez et de ne pas vous faire de mauvais sang. Vous me donnerez aussi des nouvelles du cousin Mitron. Bien le bonjour à Francine**** Joseph***** et Claude Roche****** qu’es qu’ils sont devenus.
[. . . ]
Tu diras aux parents des Bicons que je leurs envois bien le bonjour et que je les embrasse tous de grand cœur.
* Blettery. Antoine Blettery. Classe 1912. Cultivateur à Lavoine. Mort pour la France le 07 septembre 1914. ** Le petit Chaton, les gros dode. Surnoms attribués à ? *** Jean Basmaison. Jean Basmaison. Classe 1890. Cultivateur à Lavoine. Il sera réformé. **** Francine. Claudia Francisca Basmaison épouse d’Antoine Lagneu, le Mitron. ***** Joseph. Joseph Lagnier. Classe 1901. Sabotier à Lavoine. ****** Claude Roche. Claude Roche . Classe 1904. Débitant à l’hôtel de la gare de Lavoine - Laprugne. Beau-frère de Joseph Lagnier. |
27 octobre 1914 : la situation militaire devient critique. Un repli est opéré.
« Le 27 octobre, le Régiment se trouve pour la première fois sous un bombardement de gros calibre à Chenay. » Chtimiste.
« A 9h30 soir, le village de Chenay reçoit des projectiles de l’artillerie de gros calibre des Allemands.
Le Lieutenant-Colonel Cmt le 104è reçoit l’ordre d’évacuer Chenay et de ramener à Chalons sur Vesle l’Etat-Major du Régiment, ainsi que le 1er B(ataill)on. » J.M.O du 104e R.I.T.
31 octobre 1914
« Je termine en te recommandant de m’écrire plus souvent »
Le courrier reste une préoccupation prégnante. Naïvement ?, Claudia suggère à Gaspard de demander une mutation à l’entretien du matériel. « Monsieur » Dubreuil est désormais un camarade de régiment.
[. . . ] J’ai retardé deux 3 jours a vous écrire car je n’ai pas eu le temp. Je suis toujours en bonne santé pour le moment et j’espère que vous en soyez de même.
Tu me disait qu’il fallait demander pour faire les réparations de l’outillage militaire [. . . ] il ne faut pas y penser.
Tu me demandes aussi si j’ai vu Camille* je ne l’ai pas encore vu [. . . ] il y a Mr Dubreuil** du Mayet caporal fourrier à ma compagnie ont se voit tous les jours [. . . ] Je termine en te recommandant de m’écrire plus souvent car voilà 4 a 5 lettres que tu ne m’a pas fait réponse [. . . ]
* Camille. Claude Camille Pérard. Classe 1895. Maréchal-ferrant à Lavoine. ** Mr Dubreuil. Camille Dubreuil. Classe 1898. Conducteur des Ponts et Chaussées au Mayet. |
A suivre...